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« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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27 mai 2022

ROTD, or, Riddle Of The Day

Classé dans : Langue — Miklos @ 20:42

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First off, let’s clarify for those who don’t know the meaning of all these common initialisms:

  • CUP = Cambridge University Press (UK).

  • NIH NCI = National Institutes of Health National Cancer Institute (US).

  • AFRL = Air Force Research Lab (US).

  • FBIS = Foreign Broadcast Information Services (US).

  • BLM = Bureau of Land Management (US).

The answer to this easy riddle: the pages referenced above from their sites all speak of “acryonyms”.

As this word is absent from the vocabulary of the renown Cambridge Dictionary (but obviously used in one of its pages), in order to find its meaning one has to look in another dictionary, e.g. that one.

Having reported this amusing occurrence to the CUP (which happens to be “the oldest publishing house in the world”), this is their nice reply:

Dear M[...],

Thank you for reporting this issue with the entry for ‘backronym’ in the online Cambridge Dictionary. Customer feedback is important to us for product development. Our editorial team have advised that you are correct and that this will be amended in a future update.

Regards,

A[...]

Technical Support
Cambridge University Press & Assessment
Shaftesbury Road, Cambridge, CB2 8EA

QED.

10 mai 2022

Attention aux invités qui s’incrustent… !

Classé dans : Langue, Sciences, techniques — Miklos @ 13:46

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Étant par hasard tombé sur la citation « Un invité est comme un poisson : au bout de trois jours, il commence à sentir mauvais. » j’en ai cherché l’origine.

Le Parisien le définit carrément à un « proverbe juif sur poisson », alors que Dicocitations en fait un proverbe arabe.

Le site Brainy Quote (l’adjective ne décrivant pas forcément ceux qui y mettent du contenu) l’attribue à Benjamin Franklin (pas moins!), en anglais évidemment : “Guests, like fish, begin to smell after three days.” Une version plus familiale est fournie par le Webster’s Nith New Collegiate Dictionary (1984) à l’article “FISH” : “Visiting relatives are like dead fish. After three days, they begin to smell.”

Mais quand on remonte en arrière dans le temps, cela se corse (aucun rapport avec l’île éponyme, du moins pour l’origine). Anthony Vieyra, dans son ouvrage A New Portuguese Grammar, Londres, 1800, le cite en tant que proverbe portugais : “O hospede e o peixe aos tres dias fede.”, qu’il traduit ainsi : “Fresh fish, and new-come guests, smell when they are three days old.”

Quelques années plus tôt, en 1789, Jean-Charles François Tuet (1742-1797) écrit, dans ses Matinées sénonoises ou Proverbes françois, suivis de leur origine ; de leur rapport avec ceux des langues anciennes & modernes ; de l’emploi qu’on en a fait en poésie & en prose ; de quelques traits d’histoire, mots saillans, & usages anciens dont on recherche aussi l’origine, &c. &c., ceci : « L’hoste & le poisson, passé trois jours, puent, dit le proverbe Espagnol. »

À l’inverse, John Ray, dans son ouvrage A Collection of English Proverbs Digested Into a Convenient Method for the Speedy Finding Anyone Upon Occasion; with Short Annotations. Whereunto are Added Local Proverbs with Their Explications, Old Proverbial Rhythmes, Less Known Or Exotic Proverbial Sentences, and Scottish Proverbs, publié en 1670, en donne une version accompagnée de sa source en français : “Fresh fish and new come guests smell, by that they are three days old. L’hoste & le poisson passé trois jours puent.”

Le tome III du Littré de 1873-1874 renvoie encore plus loin dans le passé, au Dictionarie of the French and English Tongues de Randle Cotgrave, publié en 1611, où l’on trouve : “L’hoste, & le poisson passé trois iours puent : Pro. A guest, and fish at three dayes end grow mustie.”, ce qui semblerait confirmer qu’il s’agit bien d’un proverbe français.

Pour conclure, s’il faut remonter au déluge (c’est à partir de ce moment-là qu’on peut parler de poissons), c’est sans doute bien, à l’origine des origines, un proverbe juif (même s’il n’apparaît pas dans les versions canoniques de l’Ancien Testament). Et quand à sa version française, vu l’ambiguïté de sens du mot hôte, on peut se demander qui des deux, celui qui reçoit ou celui qui est reçu, se mettra à puer.

28 novembre 2020

Apéro virtuel II.27 – samedi 28 novembre 2020

Place des Victoires

Sylvie arrive avec son lot de popcorn, suivie de Léo, Françoise (P.) et Françoise (C.). Michel raconte alors avoir pris la photo ci-dessus environ une heure plus tôt, en rentrant chez lui. Françoise (P.) dit qu’elle se trouvait alors aux Champs-Élysées, et le nombre de personnes dans les rues était impressionnant – ce que confirment Michel et Françoise (C.), chacun pour son quartier, cette dernière ayant vu aussi de la fumée s’élevant au-dessus des toits en direction de la Bastille – « produit » des affrontements de rue entre manifestants et forces de l’ordre durant la manifestation pour la défense des libertés.

Concernant l’histoire du monument central de la place des Victoires, Michel montre une gravure illustrant le monument d’origine qui s’y était élevé jusqu’à la Révolution française, Louis XIV sur un piédestal, entouré de quatre statues. Celle du roi fut alors fondue, et les quatre autres se trouvent actu­el­lement au musée du Louvre. La place elle-même a changé depuis : on aperçoit sur cette gravure, au fond et des deux côtés de la statue, deux des quatre fanaux, qui brûlaient en permanence pour éclairer la statue, eux-mêmes démontés en 1718. Il est amusant d’en savoir la raison, voici ce qu’en dit la Notice sur la nouvelle statue équestre de Louis XIV, fondue d’après le modèle de M. Bosio, membre de l’Institut, précédée de quelques considérations critiques et d’un aperçu historique sur la place des Victoires et sur les divers monuments qui l’on décorée depuis sa construction de C.-Olivier Blanchard de Boismarsas en 1822, qui remet aussi en cause l’identification des quatre statues en tant que représentations de quatre nations vaincues :

«Au milieu de cette place s’élevait, avant la révolution, sur un piédestal de marbre blanc veiné, la statue pédestre de Louis-le-Grand. Ce monarque était représenté avec les habits de son sacre, et foulant aux. pieds un Cerbère ; une victoire ailée, un pied posé sur un globe et l’autre en l’air, mettait d’une main Une couronne de laurier sur la tête du héros et tenait de l’autre un faisceau de palmes et de branches d’olivier. Ce groupe monumental était de plomb doré et fondu d’un seul jet, ainsi que le globe, la massue d’Hercule, la peau de lion, le casque et le bouclier qui en formaient les ornemens et accessoires.

Aux angles du piédestal étaient quatre figures en bronze de douze pieds, représentant des esclaves chargés de chaînes. On a toujours voulu voir dans ces statues la désignation des peuples que Louis XIV avait subjugués ; mais il est plus généreux de penser que le fondateur avait seulement eu en vue d’exprimer par une allégorie la puissance du monarque et le succès de ses armes.

Les bas-reliefs représentaient, l’un la préséance de la France sur l’Espagne en 1662 ; l’autre, la conquête de la Franche-Comté en 1668 ; le troisième, le passage du Rhin en 1672 ; et le dernier, la paix de Nimègue en 1678.

Tous ces ouvrages avaient été conduits avec un rare talent par Martin Vanden-Bogaer, connu sous le nom de Desjardins. Enfin l’élévation du monument entier était de trente-cinq pieds.

Plusieurs inscriptions fastueuses couvraient les différentes faces du piédestal. Au bas de la statue on lisait ces mots gravés en lettres d’or : VIRO IMMORTALI.

Jusqu’en 1699, la place des Victoires fut éclairée pendant la nuit par quatre grands fanaux ornés de sculptures et d’inscriptions relatives aux actions les plus mémorables de Louis XIV. Un arrêt du Conseil ordonna à cette époque que ces fanaux ne seraient plus allumés ; et, peu d’années après, ils furent démolis. Les motifs de cet arrêt étaient d’une frivolité qui allait jusqu’au ridicule : les habitans des maisons de cette place étaient, disait-on, incommodé par l’attroupement des fainéans et vagabonds qu’attirait la lumière de ces fanaux. Des personnes bien instruites ont attribué, avec plus de vraisemblance, cette détermination à ce distique assez plaisant que l’on vit un matin sur le piédestal de la »statue :

Lafeuillade, sandis, je crois que tu me bernes,
Dé placer lé soleil entre quatre lanternes.

Léo mentionne deux « champions de la courte nouvelle », qui va de trois lignes à 2 pages : Fredric Brown, auteur de polars et de science-fiction humo­ris­tique, qui a notamment écrit Martiens, Go Home! (œuvre que Michel avait citée en 2018 suite à une jolie coquille de Libé), le second Jacques Sternberg (1923-2006), auteur belge franco­phone notam­ment de science-fiction et de fantas­tique. En préli­minaire, il cite la plus courte histoire de science-fiction qu’il connaisse : « Allô ? C’est de la part de quoi ? »1 Il commence alors la lecture de « La Disparition » (non, pas celle de Perec, mais on ne peut s’empêcher d’y penser), tirée du recueil 188 contes à régler de Sternberg et illustré par son ami Topor : « Tout arriva en un dixième de seconde. De tous les grains de sable susceptibles de tomber dans les rouages d’une civilisation de haute technicité, celui-là semblait vraiment l’un des plus impro­bables : partout, sans explication plausible, et sans le moindre signe précur­seur, le chiffre 2 disparut du monde des mathématiques. [...] »

Michel évoque deux autres auteurs de microcontes : Alphonse Allais et l’auteur contemporain israélien Etgar Keret (excellemment traduit en français).

Léo pose alors un problème de logique. Il présente la phrase suivante : « Cette phrase contient sept mots. » Manifestement, elle est fausse. Donc sa négation doit être vraie : « Cette phrase ne contient pas sept mots. » Mais elle en contient sept… Bon exemple d’une phrase et de son contraire, toutes deux auto­référentielles, ou ni l’une ni l’autre sont vraies et fausses en même temps. Situation indé­cidable (autre exemple : « Je suis un menteur »). Léo indique alors que cette problé­matique de logique a été abordée de façon bien plus générale en mathé­matiques, notamment par Gödel dans ses « théorèmes d’incomplétude », qui démontrent que toute théorie mathé­matique équi­valente à, ou plus déve­loppée que, l’arithmétique, contenait forcément des affirmations indémontrables voire contradictoires dans le cadre de cette théorie, et qu’on ne pouvait traiter que dans une théorie plus « vaste ». De là la discussion s’élève jusqu’à la preuve onto­logique (ou non) de l’existence de Dieu (pour dire simple : puisqu’on peut imaginer la transcendance qui est forcément hors de nous, c’est qu’elle existe).

Pour en revenir à des concepts humains, ceux de théories mathé­matiques, Léo montre que certains concepts simples s’interprètent diffé­­remment selon le contexte. Ainsi, la somme des trois angles d’un triangle, dessiné sur une surface plane, est toujours de 180°, alors que si l’on prend par exemple un triangle dessiné sur la face terrestre, la somme de ses angles peut dépasser de loin cette limite (et arriver jusqu’à 540°) : dans le premier cas, c’est la géométrie euclidienne qui y règne, dans l’autre c’est la géométrie sphérique. La conversation s’élevant derechef vers des dimensions (mathématiques) supérieures (nous vivons dans trois dimensions, mais quid des êtres dans une quatrième ou cinquième dimension?), Léo mentionne le joli petit ouvrage d’Edwin Abbott Abbott (oui, deux fois), Flatland: A Romance of Many Dimensions (en français : Flatland ou Le pays plat ; Flatland : Fantaisie en plusieurs dimensions), qui se passe dans un monde… à zéro, une ou deux dimensions, dans lequel les femmes sont pointues, du fait de leur forme triangulaire… Ce qui fait mentionner à Michel Les Xipéhuz (1888) de J.H. Rosny Aîné (auteur aussi de La Guerre du feu), dans laquelle les humains – dans un lointain passé (« mille ans avant le massement civilisateur d’où surgirent plus tard Ninive, Babylone, Ecbatane. ») – se trouvent confrontés à des Formes, « cônes bleuâtres, translucides, la pointe en haut, chacun du volume à peu près de la moitié d’un homme », d’autres « quasi cylindriques », inorganiques et pourtant organisées et violentes, conflit de deux mondes totalement étrangers l’un à l’autre, décrit dans une langue très poétique.

Léo ayant changé son arrière-plan, il affiche maintenant la genèse de Superman, représenté ici avec son père Jor-El, tous deux nés sur la planète Krypton. Le père ayant prévu qu’un cataclysme détruirait la planète, il envoie son fils sur Terre dans un vaisseau spatial qu’il a conçu et construit, et le bébé Superman se retrouve être le seul survivant des Kryptoniens (à l’exception, précise Jean-Philippe, quelques prisonniers à Krypton, qui se retrouvent en fait emprisonnés dans une capsule en dehors de la planète). Les ennemis de Superman, qui se doivent d’être à sa hauteur, sont appelés les Supervilains.

Françoise (P.) cite deux petites phrases absurdes : « La pizza est une spécialité culinaire ronde placée dans un emballage carré pour être dégustée en triangles. » et « C’est l’histoire d’une fraise qui fait du cheval… Tagada, tagada, tagada ! »

Françoise (C.) fournit celle-ci : « Comme son nom l’indique, le violoncelle est un instrument qui se joue assis. »

Léo lit une autre histoire courte qui commence ainsi : « La guerre de 1999 éclata si brutalement qu’on eut à peine le temps d’y croire », montrant en quelques mots les vices et les vertus de… l’informatique, et une autre, encore plus courte, qu’on citera intégralement : « Il était le dernier homme à survivre tant bien que mal dans l’unique maison encore intacte d’une banlieue de la capitale entièrement détruite, quand il reçut la-bas un dernier avis avant saisie que lui envoyaient les contributions. »

________________

1. On en a trouvé une version un chouia plus longue et attribuée ici (p. 17), datant de 1976 : « Sur les ondes de CBOF-AM, Gérard Gravelle raconte : “Cela se passe en l’an 2000. Une sonnerie retentit. Le téléphone robot décroche et dit : Allô, c’est de la part de quoi ?” ».

21 novembre 2020

Apéro virtuel II.20 – samedi 21 novembre 2020

Classé dans : Histoire, Langue, Lieux, Musique, Politique — Miklos @ 23:59

Foulques macroules dans le port d’Amsterdam

Les arrivants – Léo, Françoise (C.), Jean-Philippe – essaient de deviner ce que sont ces oiseaux dans la photo d’arrière-plan de Michel. Léo dit en avoir vus au bois de Boulogne ou sur des lacs ; puis, quand Michel montre d’autres photos qu’il avait prises dans le port d’Amsterdam (n° 1 à 10 dans cet album), Jean-Philippe émet l’opinion que ce sont des poules d’eau. Il s’avère qu’en fait ce sont des foulques macroules, et pour ne pas confondre les deux espèces, il existe quelques signes distinctifs. À première vue, il y en a cinq autour de ces brindilles – qui doivent constituer un nid –, mais en y regardant bien, les deux foulques à gauche en avant sont des reflets dans l’eau…

Michel poursuit en montrant quelques orgues d’églises à Haarlem (photos 26 à 33), puis des orgues de Barbarie (merci à Jean-Philippe de lui avoir rappelé l’expression) et électroniques (photos 34 à 54) qu’il avait vus dans le Draai­orgel­museum (musée des orgues de Barbarie) de la même ville ; en passant, il évoque le musée des instruments de musique mécanique qui se trouvait impasse Berthaud, hélas disparu. Il explique en quelques mots le système des registres (ces boutons des deux côtés des claviers) et des touches des claviers qui permet de sélectionner des tuyaux d’orgue d’une famille ou d’une autre, et évoque les différences de son entre des tuyaux de types différents. À propos d’orgues de Barbarie, Michel avait mentionné lors d’un apéro en avril l’épisode de « la chanson qui tue », jouée par un orgue de Barbarie dans Le Fauteuil hanté (1909) de Gaston Leroux, passage où l’on évoque en passant « ce pauvre Monsieur Fualdès » : il s’agit de l’ancien procureur impérial du département de l’Aveyron, découvert égorgé en 1817 ; il a été assassiné dans la nuit, à l’autre bout de la ville, un orgue de Barbarie et une vielle étant censés avoir couvert ses cris.

Françoise (P.) arrive sur ces entrefaites.

Françoise (C.) présente alors quelques photos qu’elle avait prises sur le site archéologique de l’antique Paestum (appelée à l’origine Poseidonia), située sur la côte, à une centaine de kilomètres au sud de Naples en Italie. Elle montre d’abord les trois temples – de Cérès, de Poséidon et d’Héra. Ensuite elle montre des photos prises au musée archéologique de Paestum des magnifiques dalles peintes de la Tomba del Tuffatore (Tombe du Plongeur) – quatre faces représentant cinq amis participant à un symposium, certains faisant de la musique, d’autres s’adonnant au jeu du cottabe ou encore se papouillant, ou un éphèbe portant une coupe, ou encore un cortège de trois générations – et la dalle de couverture, qui représente le défunt au moment de la plongée en mer, d’où le nom de cette tombe, ou le nombre 7 est récurrent (branches des arbres, séparations horizontales des blocs des trois colonnes).

Françoise (P.) demande alors si les présents ont entendu parler des Fatimides d’Égypte. Vu le peu de réponses, elle lit un texte qui en parle dans un ouvrage de poids, Un kilo de culture générale de Florence Braunstein (tiens tiens !). À la question de Michel sur ce qui lui a fait les évoquer maintenant, elle répond qu’on avait récemment parlé de l’Égypte et de religions.

Dans les échanges qui s’ensuivent, on évoque les religions et la séparation nécessaire entre elles et les États (ce qui n’est hélas pas le cas en Israël), puis Michel raconte une blague récente à propos de Trump (cf. ci-contre, cliquer pour agrandir), Léo évoquant alors la situation si confuse aux États-Unis, ajoutant que, puisqu’on a un retard de quelques années sur ce pays-là sur les techniques de vote à distance, il pourrait bientôt se passer chez nous ce qui a actuellement lieu là-bas.

Jean-Philippe raconte que les grands réseaux sociaux ont décidé de commun accord d’accorder les droits au compte « POTUS » (President Of The United States) à Biden, dès janvier (et alors, dit Michel, Trump devra choisir le compte « MOTUS » et bouche cousue). Mais quoi qu’il en soit, il faudra attendre le vote des « grands électeurs » pour savoir qui sera le Président élu – qui peut, soit dit en passant, être un troisième homme : ces électeurs n’ont aucune obligation de voter pour celui qu’ils représentaient lors du vote populaire. Léo ajoute que, pour comprendre comment cela se passe vraiment – le Président, ses conseillers, les lobbyistes… –, il recommande vivement de regarder la série télévisée The West Wing (en français : À la Maison-Blanche). Bien que diffusée il y a 21 ans, elle est toujours d’actualité.

Pour faire suite à la discussion d’hier autour le langage et contrer la prestation de Pierre Repp qu’il n’apprécie pas vraiment, Léo fait entendre un épisode du premier livre de la série télévisée Kaamelott, diffusée entre 2005 et 2009 sur M6. L’argument : « Légèrement vexé par une insulte de Léodagan concernant ses compétences de chef militaire, Perceval se confie à Karadoc, qui lui recommande de ne pas se laisser faire, d’être un chevalier et de se faire considérer “en tant que tel”. Mais quand Perceval va se plaindre à Arthur, il déforme les propos de Karadoc, ce qui a pour conséquence de créer un énorme quiproquo. »

19 novembre 2020

Apéro virtuel II.17 – mercredi 18 novembre 2020

Classé dans : Arts et beaux-arts, Langue, Lieux, Littérature, Peinture, dessin, Sculpture — Miklos @ 3:55

Bureau de Nikos Kazantsakis (détaii). Musée historique. Héraklion (Crète).
Cliquer pour agrandir.

Après les arrivées successives de Jean-Philippe, Sylvie et Françoise (C.), avec lesquels s’instaure un échange sur les coiffeurs et la disparition de ce métier des trains (avez-vous entendu parler de Tresse Express ?), Françoise (P.) apparaît et nous lit un texte très joli­ment tourné, si joliment qu’on vous le donne à lire ici. De qui est-ce ? Devinez… Jean d’Ormesson ? Eh non, essayez encore… Si vous renoncez, Enfin, là1, c’est-à-dire en bas de page. Trop facile de cliquer… !la réponse est ici.

Sylvie et Michel évoquent alors ce grand écrivain de petite taille ; Sylvie, ayant reçu son numéro de téléphone d’un proche, l’avait appelé pour lui demander de préfacer son ouvrage La vie à la retraite : mode d’emploi. Petit manuel à l’usage des jeunes retraités déboussolés (2015). Il répond, lui demande comment elle a eu son numéro personnel ; elle bredouille « Un ami d’ami » afin d’éviter à avoir à identifier le coupable, il lance « Eh bien, il a eu tort, mes hommââââges, Mâdâmeu ! » et raccroche. C’est Pierre Bellemare qui en fera la préface : « Je suis dans ma 86ème année et je n’ai toujours pas l’im­pres­sion d’avoir pris ma retraite. Pourquoi ? […]. » Michel, et François, eux, avaient dîné avec lui – enfin, à des tables pas si éloignées l’une de l’autre – au Grand Colbert, où il était en compagnie d’une très jeune (quelques générations après la sienne) femme, et il était évident (à leurs expressions respectives) qu’ils n’étaient pas apparentés. Françoise (P.) dit alors qu’il était très machiste et qu’elle ne l’aimait pas à cause de ce machisme, mais comme son mari l’adorait, ils avaient tous ses livres chez eux.

Pour continuer sur le thème de la littérature, Michel montre une brève vidéo (moins de deux minutes) dans la série La p’tite librairie qu’il avait vue sur La Cinq, dans laquelle François Busnel présente de façon simple, claire et synthétique l’essai Effondrement : comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie de Jared Diamond. Ce n’est pas un livre récent récent, puisqu’il a été publié en France en 2006, mais il est encore plus d’actualité en ces temps de discours sur la collapsologie. Cela donne vraiment l’envie de l’acheter (sans forcément passer par Amazon pour ce faire) et de le lire (on connaît trop bien ces livres qu’on achète et empile pour « plus tard »…).

Ensuite, Michel montre quelques photos (dans cet album, à partir du n° 43) d’œuvres – extra­or­dinaires à son avis – du lointain passé (plus de 6800 ans pour celle ci-contre) et pourtant si « modernes » ! et pour certaines assez drôles (telle ce vase en forme d’oiseau réalisé il y a quelque 4500 ans), qui se trouvent au musée archéologique d’Héraklion en Crète, où il avait été invité en 2011 pour une réunion profes­sionnelle.

À propos d’une photo où l’on aperçoit le bout d’un pied émergeant de dessous des plis d’une toge – il s’agit d’une statue de marbre du temple des dieux égyptiens, datant de la fin du IIe siècle –, Françoise (C.) dit qu’elle a constaté qu’il a la forme de ce qu’on appelle « le pied grec », où le second orteil est plus long que le gros orteil, et se demandait si c’était une coïncidence ou avait un sens particulier, à quoi Michel n’a pas de réponse. À ce propos, Sylvie révèle qu’elle a le pied grec, ce qui est déplaisant, le second orteil frottant le bout des chaussures… Celui de Françoise (P.) s’avère l’être aussi, et, paraît-il, cette forme de pied est bien plus belle que celle du pied « normal ».

Autre révélation, celle de Jean-Philippe, aucun rapport avec le pied, si ce n’est qu’il a dû prendre le sien avec une boisson verte qui avait intrigué Françoise (P.) : c’est une boisson sans alcool, qu’il a réalisée en mixant radis, épinards et cornichons en quantités égales.

Ayant pris la parole, il poursuit avec une lecture d’un texte concernant l’eau et le feu. De qui est-ce ? Devinez… Bon, si vous renoncez, vous savez où se trouve la réponse. Jean-Philippe ayant mentionné Edgar Allan Poe dans son survol du contenu de cet ouvrage, Michel dit alors qu’ayant lu Poe très tôt et assez extensivement, la nouvelle qui l’a le plus impressionné alors et dont le souvenir est toujours aussi fort est Le Puits et le Pendule (dans l’original : The Pit and The Pendulum) datant de 1942 et publiée (dans son édition française) dans le recueil Nouvelles histoires extra­or­dinaires. Suspense quasi intenable – il est vivement déconseillé de lire l’argument de Wikipedia si l’on souhaite lire la nouvelle – , haletant, et bien que parlant du passé (bien avant Poe) il fait appel à ce qu’on qualifierait aujourd’hui de science fiction. On pourra le lire ici dans la traduction de Charles Baudelaire. Françoise (P.) se souvient d’avoir eu peur en lisant du Poe, ce qui n’est pas le cas de Sylvie.

Sylvie nous présente un livre qu’elle vient de finir de lire, Terre Ceinte (2015), du jeune romancier sénégalais d’expression française Mohamed Mbougar Sarr : c’est un roman qui se passe quelque part en Afrique, dans un territoire conquis par des islamistes. Malgré la difficulté de passer le cap des dix premières pages quelque peu étranges, Sylvie a trouvé cet ouvrage extrêmement bien écrit et un peu oppressant ; il décrit fort bien la logique – qui nous est étrangère –, le compor­tement cohérent et la jouissance de la violence du chef de la police, un fou de Dieu. Ce livre lui a été recommandé par sa cousine, qui parle non seulement le français, mais aussi l’anglais, le yiddish et le wolof (une des langues du Sénégal, pays où elle habite et dont elle détient la nationalité). Elle a fait des documentaires et écrit des livres, dont la trilogie Boy Dakar, Hivernage et Fouta Street. Sylvie conseille particulièrement la lecture de ce dernier ouvrage, écrit comme un roman policier sans l’être et qui se passe entre le Sénégal et New York et qui montre la confrontation des cultures.

Ce polyglottisme fait penser Michel à Claude Hagège qui, apparemment, connaît un grand nombre de langues sur le plan scientifique, mais sait-il en parler ? D’autre part, il faut dire qu’il n’apprécie pas vraiment ni l’œuvre – écrite dans un style parlé, comme s’il l’avait dictée sans même se corriger – ni le personnage, fort maniéré à son goût. Sylvie opine, disant son étonnement à la difficulté qu’elle a de le comprendre quand il parle de ces sujets…

Michel parle alors des discours de certains experts (non, pas la majorité) dont il lui arrive de détecter des erreurs – pour ceux des domaines qu’il lui arrive de connaître – dues à leur méconnaissance « profonde » de ces domaines ; c’est le cas de George Steiner, essayiste et critique fameux qu’il avait admiré après l’avoir découvert, et auquel il avait demandé (et reçu) l’autorisation de republier la version anglaise de son essai Dans le château de Barbe-Bleue. Notes pour une redéfinition de la culture dans son site anti-négationniste. Puis ce furent des erreurs factuelles ou des omissions dans ses écrits concernant le judaïsme (cf. une critique de Michel à ce propos), un roman, Le Transport de A.H. (il s’agit de Hitler) mal ficelé, et surtout, comme le remarquait l’historien Jacques Le Goff lors de l’émission Apostrophes en 1981 où Steiner présentait son roman, on ne pouvait qu’être « très gêné par la fascination face à Hitler que George Steiner vient d’exprimer », fascination qu’il n’a d’ailleurs eu de cesse d’éprouver pour la force et le mal absolus et leur manifestation dans de tels plumes que le maurrassien et royaliste Pierre Boutang ou les antisémites et collaborationnistes Louis-Ferdinand Céline et Lucien Rebatet. Pour conclure, en écoutant des discours d’experts, il faut être en mesure de se demander sur quoi ils sont « assis ». Françoise (P.) dit alors que ce n’est pas donné à tous, c’est la culture qui permet tout ça, d’où la nécessité d’apprendre.

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1. Texte tiré de La Tête en vrac (2014) de Patrice Métayer.

2. Texte tiré du Miroir des idées (1996) de Michel Tournier, com­pre­nant de petits articles où « les idées s’éclairent en s’opposant deux à deux », comme l’écrit l’auteur lui-même.

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