Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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29 novembre 2011

Qu’y peut-on ? C’est l’Amérique !

Classé dans : Histoire, Judaïsme, Langue, Lieux, Musique — Miklos @ 21:25

Un des plus grands performers de la scène musicale yiddish de la première moitié du xxe siècle, Aaron Lebedeff (1873-1960) a enregistré de nombreuses chansons devenues des classiques et reflétant sur des rythmes souvent enlevés, avec humour, intelligence et nostalgie, les tribulations du peuple juif qu’il avait lui-même subies : né en Biélorussie, il parcourt la Russie avec des troupes de théâtre, décroche un contrat à Varsovie, est enrôlé dans l’armée russe qui l’envoie faire des concerts en Mandchourie, part plus tard au Japon et en 1920 aux États-Unis où il devient une star du théâtre musical yiddish.

Enregistrée en 1925, la chanson que l’on peut écouter ici, mâtinée de russe et d’anglais, décrit le choc culturel d’un Juif pratiquant arrivant de son shtetl dans une Amérique moderne et laïcisée (tout est relatif). On ne peut éviter de penser au Chanteur de jazz (The Jazz Singer), premier film parlant de l’histoire sorti en 1927 (et donc contemporain de cette chanson de Lebedeff) qui relate la mutation de Jacky Rabinowitz, fils de chantre (Aaron Lebedeff avait commencé sa carrière en chantant pour un chantre…) devenu chanteur de jazz dans un club.

Pour venir en Amérique je ne me suis pas ménagé,
Je pensais devenir rabbin et me suis laissé pousser la barbe.

קײן אַמעקיקע צו קומען, האָב איך קײן מי געשפּאָרט
כ’האָב געדענקט אַ רבֿ צו װערן און פֿאַרלאָסן זיך אַ באָרד.

J’avais deux belles papillotes comme tout Juif pieux,
Mais à la fin je n’avais plus ni barbe ni papillotes.

כ’האָב געהאַט צװײ שײנע פּאות, װי יעדער פֿרומער ײִד
צום סוף אָנטשאָט אַ באָרד האָב איך די פּאות אױכעט ניט.

Vous me demanderez : Comment se fait-il ?
La raison en est, mon cher ami :

װעט איר מיר פֿרעגן: ס’טײַטש? װי קען דאָס זײַן?
דער תּרוץ דערפֿון איז, ליבע פֿרײַנט מײַן:

Qu’y peut-on ? C’est l’Amérique !
C’est ainsi qu’on s’habille dans ce pays.
Qu’y peut-on ? C’est l’Amérique !
Même le Juif y ressemble à un Gentil.

װאָט קען יו מאַך? עס איז אַמעריקע!
דאָ אין לאַנד דאָ פּוצט מען זיך אַזױ.
װאָט קען יו מאַך? עס איז אַמעריקע!
אַפֿילו דער ײִד האָט דעם פּנים מיטן גױ.

On n’y voit aucune trace de papillote,
Ici, toutes les filles portent des perruques*.

אַז פֿון פּאות דאָ זעט מען בײַ קײנעם ניט קײן שפּאָר,
דאָ טראָגן זיך די פּאהלעך אַלע מײדלעך גאָר.

Qu’y peut-on ? C’est l’Amérique !
C’est l’Amérique, qu’y peut-on ?

װאָט קען יו מאַכן? עס איז אַמעריקע!
ס’איז אַמעריקע, און װאָט קען יו מאַך?

Ici en Amérique tout est à l’envers,
Les hommes se rasent et les femmes se font pousser des barbes.

אַז דאָ אין אַמעריקע איז אַלצדינג פֿאַרקערט,
די מענער – זײ שײװן זיך, און בײַ די װײַבער שפּראָצן בערד.

Qu’y peut-on ? C’est l’Amérique !
Oy !, America, и больше ничего** !

װאָט קען יו מאַך? עס איז אַמעריקע!
אױ, אַמעריקע, און באָל’שע ניע טשעװאָ!

En Europe, on marie une jeune fille,
Et c’est ensuite que les enfants arrivent exactement un an plus tard,
En Amérique ce n’est pas du tout comme ça, ils prennent vraiment leur temps,
Ils se marient plus tard, mais les enfants arrivent avant.

אין יוראָפּ מאַכט מען חתונה יונגע מײדלעך גאָר,
און נאַכער האָבן זײ קינדער, װי עס פֿירט זיך פּונקט צום יאָר,
אין אַמעריקע איז גאָר אַנדערש, מע נעמט זיך זײַט אָן שיעור
מע האָט חתונה דאָ שפּעטער, נאָר די קינדער האָט מען פֿריִער.

Vous me demanderez : Comment se fait-il ?
La raison en est, mon cher ami :
Que peut-on y faire ? C’est l’Amérique !
Tout peut y arriver, je vous le dis,
Que peut-on y faire ? C’est l’Amérique.
Tout s’y fait à la hâte.

װעט איר מיר פֿרעגן: ס’טײַטש? װי קען דאָס זײַן?
דער תּרוץ דערפֿון איז, ליבע פֿרײַנט מײַן:
װאָט קען יו מאַך? עס איז אַמעריקע!
דאָ קען פּאַסירן אַלץ, זאָג איך אײַך,
װאָט קען יו מאַך? עס איז אַמעריקע,
אַז דאָ אײַלט מען זיך דאָך מיט אַ יעדער זאַך.

Ici, tout le monde essaie d’épargner au mieux,
C’est pourquoi ils célèbrent ensemble mariage et circoncision.

דאָ זוכט מען צו סײװן עקספּענסעס אױף געװיס,
דערפֿאַר מאָכט מען די חתונה צוזאַמען מיטן ברית!

Que peut-on y faire ? C’est l’Amérique.
C’est l’Amérique et que peut-on y faire ?

װאָט קען יו מאַך? עס איז אַמעריקע!
ס’איז אַמעריקע און װאָט קען יו מאַך!

Le couple, une fois marié, rentre à la maison,
Il s’y trouve déjà tout prêt un berceau avec un enfant.

אַז חתן־כּלה פֿירן דער חופּה אַהײם נאָר מע גײט
איז שױן דאָרטן אַ װיגעלע מיט אַ קינד אױך אָנגעגרײט!

Que peut-on y faire ? C’est l’Amérique,
Oy, c’est l’Amérique, and that’s all.

װאָט קען יו מאַך? עס איז אַמעריקע!
אױ, ס’איז אַמעריקע אַלײן און דעטס אָל

*   Et pas uniquement les femmes mariées juives pratiquantes.
** Et voilà tout.

25 novembre 2010

Un autre secret

Classé dans : Histoire, Judaïsme, Photographie, Shoah — Miklos @ 2:42

Lors d’une récente table ronde au musée d’art et d’histoire du judaïsme consacrée à l’autobiographie, l’écriture nécessaire, le psychanalyste Philippe Grimbert a évoqué le secret dont il parle dans son livre éponyme. En l’écoutant parler, je me souviens…

Adolescent, j’aime regarder les photos de famille.

Celles du passé de ma mère, ou plutôt de ses passés, se trouvent dans deux ou trois belles boîtes de bois laqué dans lesquelles je farfouille périodiquement. Il n’y règne aucun ordre, une photo du 19e siècle peut avoisiner une autre prise cent ans plus tard dans un autre monde, certaines se font face tandis que d’autres se tournent le dos, tête bêche ou cul par-dessus tête. Les prendre une à une s’apparente à une loterie, la surprise est chaque fois totale. Impossible de retrouver une photo si ce n’est par hasard.

Il y a là ma mère enfant et sa famille, principalement issue de la bourgeoisie juive aisée et émancipée à Odessa d’avant la Révolution (une cousine avait tout de même épousé Trotski) : les femmes, de mère en fille, se ressemblent toutes, belles et ténébreuses, posent souriantes avec leurs maris ou petites avec leur Michka, loin d’imaginer le sort tragique qui frappera leurs descendants en 1917 où ils perdent tous leurs biens, puis en 1939-1945 où ma grand-mère et son fils au regard si profond dont je tiens le prénom perdent la vie. D’autres disparaissent on ne sait quand ni où. De ses onze oncles et tantes il ne reste que de belles photos comme tirées de gravures de modes anciennes et une cousine et son frère.

Je vois dans la boîte une jeune fille timide se tenant à l’ombre d’une religieuse dans le pensionnat où elle est placée : c’est elle, envoyée adolescente, seule, en France. Une chance qui lui permet d’éviter le sort de sa famille restée en Russie, un traumatisme qu’elle ne surmonte pas, celui de la séparation d’avec ses proches, sa langue et sa culture. J’y retrouve le couple chez lequel elle vit jusqu’à son mariage après la guerre (qu’elle passe cachée en zone libre), issu, lui, d’une bourgeoisie française catholique, pratiquante et bonapartiste : ils sont comme des parents pour elle, ils lui évitent d’être raflée pendant la guerre en se mettant en danger, eux dont je dirai plus tard, « mes grands-parents, les pauvres, ils n’ont jamais eu d’enfants ». Quant à mes vrais grands-parents, les pauvres… Les photos de ce troisième grand-père enfant, habillé à la mode du 19e siècle, me surprennent : on dirait une petite fille. Il connaît Apollinaire qui en parle dans un texte que ma mère me montre. Je me souviens de lui dînant en costume, une grande serviette blanche nouée autour du cou et recouverte par sa belle barbe blanche rectangulaire, buvant précautionneusement et avec plaisir du vin chaud dans une tasse cylindrique en porcelaine blanche. Leur appartement, parenthèse temporelle d’un 19e siècle immuable dont ils semblent n’être jamais sortis eux non plus, grand et silencieux, la chambre où elle se réfugie – Julien Gracq lui écrit : « Je vous voyais si seule malgré l’affection de vos parents adoptifs » –, et où je ne me lasse d’explorer et de réexplorer les meubles d’époque, une bibliothèque directoire aux vitrines en biseau dans l’entrée, la salamandre en céramique vert sombre dans le salon non loin d’un magnifique Boulle dans lequel est rangée la belle vaisselle tout contre une vieille TSF que j’écoute l’oreille collée contre le poste, des objets beaux, désuets ou étranges tels un mouchoir à bougie en porcelaine, un pince-nez, une petite statue d’Hégésipe Simon le précurseur posée dans les toilettes ou une boîte en bois qui permet de voir des cartes postales en relief, placée dans le fourre-tout où se trouve l’inépuisable bibliothèque dont je dévore tout le contenu sans distinction, Balzac, Maurice Leblanc, Lectures pour tous, Troyat et Jack London…

Mon père, lui, range ses photos dans des enveloppes. Des mondes disparus eux aussi : celui des Juifs pieux du shtetl de Galicie où il est né peu avant la guerre et donc encore en Autriche-Hongrie, les hommes aux grandes barbes blanches comme celle de mon troisième grand-père mais différentes, moins bourgeoises – mon grand-père, réfugié à Vienne pendant la grande guerre, doit la tailler pour ne pas avoir l’air trop juif –, aux papillotes descendant le long du visage ou rangées derrière les oreilles, un regard bon et intelligent encadré d’une paire de lunettes métalliques ovales, la tête couverte d’un calot noir, les femmes solides et essentielles en perruque, modestement vêtues de noir. Ils sont tous, à leur façon, d’une rare élégance, non pas celle d’une mode, ils n’en ont ni les moyens ni surtout l’intérêt, mais dans leur maintien d’une grande dignité, dans leur générosité discrète pour ceux qui sont encore plus démunis qu’eux. À partir de 1939 il n’y a plus de photos, il n’en reste que quelques cartes postales, la dernière écrite quelques instants avant qu’ils ne soient raflés en 1942. Elles aussi sont bien rangées.

Puis il y a les photos des camps de jeunes qu’il anime, d’abord en Pologne puis en Palestine : toutes posées de façon conventionnelle (ce qui atténue l’émotion à la vue de ce monde lui aussi disparu), à l’exception de celle, étrange, où on le voit assis par terre dans une tente, les jambes croisées et soufflant dans une flûte comme un charmeur de serpent, lui qui ne sait jouer d’aucun instrument. Une photo de sa sœur cueillant des oranges dans un verger un fichu sur la tête, une autre de ses enfants à elle se tenant la main, des photos de son frère beau comme un Rudolph Valentino avec sa magnifique femme colombienne apparentée à Dali (ce qui fait pendant à Trotski, me disé-je), tant d’autres photos aux personnages non identifiés mais dont je ne me résous à me séparer.

Ces deux univers qui n’ont de commun que la fatalité de l’histoire des Juifs se rencontrent. La très belle femme paumée, inconsciente de sa beauté radieuse, courtisée par de jeunes et brillants intellectuels, l’homme modeste, réservé et attentionné, et que les valeurs religieuses et sociales, indissociables, structurent sans le rendre dogmatique. Enfin quelqu’un qui l’aime vraiment et sur lequel elle peut compter.

Un jour que je feuillette pour la ennième fois ces enveloppes, je remarque une vieille photo d’identité : une belle jeune femme au visage avenant, un petit chapeau noir sur la tête, qui ressemble – c’est ce qui me frappe – à la femme d’un cousin, surtout les yeux souriants. Je demande à ma mère qui est-ce, elle me répond « la première femme de ton père ». Comme ça, simplement.

Jusqu’à ce jour, je n’avais jamais su que papa avait été précédemment marié.

J’apprends qu’il l’avait épousée en Pologne juste avant la guerre, les deux familles se connaissaient depuis longtemps. Rentré en Palestine, il y fait toutes les démarches pour obtenir des autorités du mandat britannique le fameux certificat qui lui permettrait de faire venir sa femme auprès de lui. Il l’obtient finalement, la Croix rouge le transmet à l’occupant nazi en Pologne, qui se met à la recherche de la femme pour la faire partir, mais sans succès. Après la guerre, mon père est déclaré veuf. Il fait connaissance avec ma future mère. Dans une lettre que je trouve des années plus tard, il écrit à sa sœur – celle qui cueillait des oranges dans le verger –pour lui raconter être tombé amoureux, lui qui pensait ne plus jamais pouvoir aimer une autre femme.

J’apprends aussi alors que le frère de cette malheureuse femme habite non loin de chez nous, avec femme et enfants : nos deux familles se fréquentent depuis toujours, je ne m’étais jamais demandé comment on se connaissait, c’est comme ça, voilà.

À l’enterrement de ma mère, plus de vingt ans plus tard, une voisine de notre l’immeuble et la veuve de ce frère se retrouvent côte à côte. La voisine demande à cette dernière quel rapport elle a avec moi, c’est la première fois qu’elle la voit. L’autre répond, « je suis sa tante ». Autre découverte : pour moi ce sont des amis de toujours, mais elle a raison, puisqu’elle est la belle-sœur de mon père.

Je vois toujours ses deux filles (dorénavant grands-mères). Ce n’est qu’il y a deux ou trois ans que l’une d’elles me raconte pourquoi les Nazis n’avaient pu trouver sa tante : apprenant, on ne sait comment, que les autorités la recherchaient et craignant d’être raflée, elle s’était cachée. Si elle ne l’avait fait, elle aurait été sauvée.

PS : On trouvera ici une relation plus détaillée et plus à jour de l’histoire de la première femme de mon père.

15 février 2010

Le ghetto de Paris

Classé dans : Judaïsme, Langue, Lieux, Littérature, Médias — Miklos @ 19:31

Il n’est jamais trop tard pour bien faire : la revue Livres Hebdo fait découvrir à ses lecteurs Cyrille Fleischman (qu’elle orthographie une fois Fleischman et une autre Fleishman), depuis plus de vingt ans chantre du yiddishland parisien, le quartier du Marais d’antan, celui des immigrés juifs modestes venus ici avant « la » guerre parce dans le vieux pays on disait « heureux comme Dieu en France ».

Ils en avaient apporté leurs vieilles fringues et l’art de les rapiécer à l’infini, leur cuisine typique (celles des pauvres, qui savent accommoder les modestes ingrédients en rajoutant du pain pour donner plus de volume et voilà la carpe farcie) et variée (ce n’est pas la même en Galicie et en Bessarabie, non Monsieur), et recréé dans le Marais – destination des marginaux de tous temps, quartier habité par les Juifs depuis le Moyen Âge1, et où passait la rue des Juifs (actuellement rue Ferdinand-Dival, pardon, Duval) – une sorte de shtetl avec son pletzl, où l’on pouvait encore voir il n’y a pas si longtemps des hommes avec leurs shtreimel et leurs kapote (pas de celles utilisées actuellement dans ce quartier) accompagnés de leurs femmes la tête couverte (c’était avant l’interdiction des niqabs) et d’une ribambelle de rejetons, angelots aux payès étonnement longs et bien graissés de schmaltz.

Les anciens résidents étaient devenus des israélites et s’habillaient comme tout le monde (c’est-à-dire tâchant de paraître Français de souche), tandis que les plus récents n’étaient que des juifs plus reconnaissables encore à leur accent et à leurs habits que s’ils portaient une étoile jaune. Ce sont eux d’ailleurs qui seront raflés, plus tard. Après, ce seront ceux d’Afrique (il est souvent question de fric, chez les Juifs) du nord qui rempliront les vides et déborderont dans d’autres quartiers de Paris, avec leurs accents et leur cuisine si différentes. Puis les homos. On est toujours le Juif de quelqu’un.

Une autre coquille, plus malheureuse, s’est glissée dans l’article de Livres Hebdo : la rue des Écouffes s’y voit appelée « la rue des Étouffes ». De mauvaises langues rajouteront « chrétiens » ; ce qui n’est d’ailleurs pas mieux que le sens original de son nom : escoufle dénote le milan royal, oiseau (fort) rapace, qui servait d’enseigne aux prêteurs sur gage et n’était donc pas très apprécié : au XIVe s., Gilles li Muisis le compare au diable2 :

Escoufles vole haut et souvent apriès frape ;
Or advient a la fois aucuns qu’il en escape,
Et il le voit tantost, si le prend et hape
Plus tost et plus errant qu’uns charpentier se hape.

L’escoufle, c’est Sathan !

Quant à la rue, elle existait déjà au XIIIe s., et René Descartes y avait logé (chez l’abbé Picot, comme quoi il n’y avait pas que des Juifs dans ce quartier) en 1644. Trente ans plus tard, le peintre Philippe de Champaigne y décède au n° 20, maison qui avait appartenu à sa famille, et qui jouxte l’oratoire israélite Roger Fleischman (au 18), fondé par le père de Cyrille. Ses nouvelles méritent d’être lues, si vous aimez le gefilte fisch ou le gâteau au pavot et bien d’autres delicatessen du vieux pays, l’accent d’un Popek (qui parle très bien français quand il ne joue pas) ou, à défaut, Madame Sarfati. C’est tout ce qui reste : le goût et la mélodie d’un monde deux fois disparu. Et de beaux petits textes amusants, tendres et nostalgiques.


1 L’histoire de Jonathas, un Juif de la rue des Jardins, dans le Marais, en est une des traces – tragiques : en 1290, il fut accusé d’avoir fait bouillir une hostie dans une chaudière. Il fut condamné à être brûlé vif et sa maison rasée. Sur son emplacement s’élève l’église et le cloître des Billettes.

2 Source : Jelle Koopmans et Paul Verhuyck, Sermon joyeux et truanderie (Villon – Nemo – Ulespiègle), Rodopi, 1987.

20 février 2009

Bettele mit a nign • Betty sur les ailes de la musique

Classé dans : Judaïsme, Langue, Musique — Miklos @ 7:09

9 février 2009

Les couleurs de la vie

Classé dans : Judaïsme, Lieux, Littérature, Photographie — Miklos @ 21:59


Pris sur le vif, Århus

«N’ayez pas égard à ce que je suis brunette, car le soleil m’a regardée. (…)

— O que tu es belle, m’amie, ô que tu es belle à tout tes yeux de colombe !

— O que tu es beau mon ami ! Ah notre plaisante, ah notre verdoyante couche ! Les poutres de notre maison sont de cèdre, et nos lambris de pin. Je suis la fleur de Saron, je suis la rose des vallées. (…)

— O que tu es belle, m’amie, que tu es belle à tout tes yeux de colombe entre tes tresses, à tout tes cheveux qui semblent un troupeau de chèvres, qui saillent du mont Galaad. Tes dents ressemblent des brebiettes tondues, » qui viennent tout frais d’être lavées, qui ont chacune deux gémeaux, et n’y a celle qui soit stérile. Tes lèvres sont comme un ruban d’écarlate, ton parler plaisant, tes joues comme la coquille d’une grenade logées entre tes tresses.

Le cantique des cantiques, c’est-à-dire la chanson des chansons. Trad. Sébastien Castellion (1555). Éd. Bayard.

«Vous me faites trop d’honneur,
Dit la belle orientale :
Votre éclat que rien n’égale
Mérite mieux que mon cœur.
Mais, las ! je ne suis pas née, »
Pour songer à l’hyménée :
Je renonce à ses douceurs,
Pour être avecque mes sœurs.

Jean de La Fontaine, Le diamant et la perle.

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