Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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12 décembre 2011

La novlang’

Classé dans : Actualité, Publicité, Société, Économie — Miklos @ 1:23

Selon le Trésor de la langue française :

Illimité : Qui ne comporte pas de limites matérielles. Qui ne fait pas l’objet de restrictions, de limitations. Qui n’est pas déterminé, délimité avec précision. Qui n’a pas de terme (temporel).

Selon les lettres microscopiques en bas de cette annonce gigantesque affichée dans le métro :

Appels illimités : 50 n° max 2h max par appel. Internet illimité : réduction du débit au-delà de 500Mo.

Ou, comme l’écrivait si clairement Pierre Poiret déjà en 1700 dans la Théologie réelle, vulgairement dite la théologie germanique, avec quelques autres traités de même nature :

Car ce qui est quelque chose de particulier, & qui est ici ou là, n’est pas partout, ni illimité : & ce qui est quelque chose d’existant en certain temps, aujourd’hui ou demain, cela n’est pas toujours, ni en tout temps, ni au-dessus de tout temps ; de même que ce qui est quelque chose de particulier, ceci ou cela, n’est pas tout ni par-dessus tout.

En d’autres mots : il n’y a rien d’illimité en ce bas monde (sauf la crédulité humaine et l’ingéniosité de ceux qui l’exploitent).

5 décembre 2011

Œil de lynx

Classé dans : Actualité, Publicité, Société, Économie — Miklos @ 1:17

En ces temps de crise, il faut être doublement vigilant, comme le montre ce dialogue sur un palier d’immeuble parisien :

- Zut, je ne trouve plus mes clés !

- C’est très ennuyeux, surtout l’hiver quand il fait froid et il pleut.

- Oh, avec la sècheresse actuelle, ce n’est pas un problème. Et puis d’ailleurs, voici une carte que je viens de trouver posée sur une pile au-dessus des boîtes à lettres. Pour 30 €, on ne va pas en faire un plat.

- Dis, as-tu remarqué l’astérisque, sur le verso ? Non ? Alors c’est astérisque et péril ! Regarde la mention qui s’y rapporte, tiens, j’ai rajouté une flèche pour que tu la trouves plus facilement.

- Tu rigoles ? Elle est plus petite qu’une patte de mouche, elle fait moins d’un millimètre de hauteur ! J’ai cru que c’était une tache.

- Ah bon, tu n’arrives pas à lire ? Tiens, voici ma loupe :

- Ah, ça y est, j’ai retrouvé mon trousseau !

7 novembre 2011

Life in Hell : fet’ la fet’

Classé dans : Actualité, Langue, Publicité — Miklos @ 2:44

En moins d’un clin d’œil et de deux plans d’austérité, Akbar voit arriver la période des fêtes, les poches plus que vides mais le cœur plein (l’inverse, il le sait, ne fait pas le bonheur). Que va-t-il donc pouvoir offrir à Jeff (qui d’ailleurs la fera ailleurs, la fête) ?

Quelle chance ! il trouve dans sa boîte à lettres une publicité pour des cartes de vœux 2012 « prix direct fabricant », des « tarifs dégressifs les plus bas du marché », 0,39 € pour « + de 1 000 ex », ça ne fait pas cher la carte, je peux me permettre, se dit Akbar, mais je me demande bien comment ils font pour vendre des cartes à 0,00039 € pièce !

Un coup d’œil et il comprend : c’est sur les lettres qu’ils rognent, comme ils le font d’ailleurs dans leur Édito.

Akbar réfléchit au message qu’il pourrait composer avec le moins de lettres possible, pour baisser encore les prix : « Cher… », non c’est trop cher. « Jef (c’est clair que c’est encore cher mais pas trop, et avec un f en moins ça se prononce de toute façon à l’identique), je te présente mes meilleurs vœux pour 2012. Akbar. ». Enfin, si c’est sur la carte, c’est clair que je les lui présente, donc je peux faire sauter trois mots d’un coup. Et puisque je signe, c’est aussi clair que ce sont mes vœux. Voyons ce que ça donne : « Jef, meilleurs vœux pour 2012. Akbar ». La qualité du papier (« couché – moi je ne le suis pas encore, marmonne Akbar – mat 300 G – ce qui fait tout de même 300 kg, si l’on multiplie par 1 000, s’inquiète-t-il – vernis UV brillant sélectif sur l’image ») démontre bien que ce sont mes meilleurs vœux jusque là, donc je laisse : « Jef, 2012. Akbar ».

Il espère avoir réduit ainsi ses coûts de communcation à l’aide de cet éditeur vraiment spécialisé. Ou vraiment très spécial.

Jeff et Akbar sont les personnages d’une série de bandes dessinées de Matt Groening, qui est aussi le père de la fameuse – et infâme – famille Simpson.

31 octobre 2010

Le monde à l’envers

Classé dans : Actualité, Publicité, Sciences, techniques, Société, Économie — Miklos @ 12:42

En ces temps de crise, on est agréablement surpris de voir de nouveaux services en ligne qui veillent à décourager la fidélisation pour nous éviter la cyberadiction, épidémie qui frappe nos sociétés post-industrielles autant que le réchauffement climatique et qui affecte potentiellement toute personne âgée de 7 à 77 ans (après il faut de telles lunettes qu’on ne peut plus).

Regardez attentivement cette offre (que nous n’identifierons pas, nous ne sommes pas une agence de pub) : plus la durée de l’abonnement choisi est longue, plus le coût mensuel – la somme en grand suivie en petit de la mention par mois – est élevé (les « crédits » aussi, mais ils n’ont aucune signification commerciale, il s’agit d’une possibilité négligeable de faire valoir sa marchandise sur ce service). On ne peut qu’être admiratif devant cette stratégie qui a pour cible notre bien-être mental tout en combattant l’inflation des coûts. Mais ce n’est pas tout.

L’information en tout petit (dans toute bonne publicité il y a toujours quelque chose qu’on ne peut pas lire sans utiliser un microscope électronique) renforce cet encouragement à ne pas prendre les abonnements à longue durée : sous le 29€95, il est écrit « par mois, soit 0,08€ par jour » ; un calcul mental rapide nous montre qu’il s’agit en l’occurrence de mois de 374 jours (ce qui ne peut que nous rappeler la belle et triste nouvelle de Marcel Aymé, « La Carte », dans Le Passe-muraille, et qui relate un marché noir autour de cartes de rationnement bien particulières pendant la guerre : chacune donne droit à une journée, et ainsi, certains en arrivent à « vivre » bien plus de 30 jours par mois, tandis que d’autres n’y sont que pendant quelques jours, le reste passé dans les limbes) – c’est le comble du « travaillez plus… » (vous connaissez la suite).

Ceux qui veulent travailler moins (d’autant plus que la retraite s’éloigne plus on s’en rapproche, on se croirait chez Alice de l’autre côté du miroir) préfèreront la formule à 9€95 par mois : sous-titrée « soit 0,33€ par jour », elle correspond à un mois bien moins pénible de 30 jours.

Quant à la formule intermédiaire (19€95/mois), elle convient, comme il se doit, aux intermédiairement speedés, ceux qui vivent 181 jours par mois.

Pour les esprits mal tournés qui nous écriront d’un ton, pardon d’une plume, revêche que c’est le « par mois » qu’il faut ignorer, et que le chiffre indiqué est le coût total de la formule dont la durée est précisée au-dessus (donc : c’est 29€95 pour une année entière, 19€95 pour 6 mois, etc.), on répondra calmement (mais fermement) que lors d’un achat, ce qui compte c’est ce qui est écrit dans les conditions de vente, et l’on conclura avec cette devise toujours vraie depuis que l’homme est homme (donc commerçant) : Caveat emptor.

10 août 2010

Google propose la Scientologie

Classé dans : Actualité, Médias, Publicité, Religion, Sciences, techniques — Miklos @ 7:30

Howard Allen O’Brien, plus connue (c’est une femme nonobstant ses prénoms) sous le nom d’Anne Rice, est un écrivain de best-sellers « érotiques, gothiques, d’horreur, de romance » et à thèmes religieux. Justement, à propos de religion : elle vient d’annoncer qu’elle abandonnait le christianisme avec lequel elle a une histoire mouvementée, à commencer par son changement de prénom son premier jour de classe (en réponse à une religieuse qui lui demandait son prénom).

À 18 ans, elle quitte l’Église, puis y revient à 47 ans. Dans un récent article, le Los Angeles Times relate qu’elle vient d’annoncer sur sa page Facebook qu’elle la requittait, ou, plus précisément, “to move away from organized religion in the name of Christ.” Et elle explique ainsi sa décision : “I quit being a Christian. I’m out. In the name of Christ, I refuse to be anti-gay. I refuse to be anti-feminist. I refuse to be anti-artificial birth control. I refuse to be anti-Democrat. I refuse to be anti-secular humanism. I refuse to be anti-science. I refuse to be anti-life. In the name of… Christ, I quit Christianity and being Christian.”

Google, qui n’est jamais en reste avec son système de publicité contextuelle, propose aux lecteurs le site de la Scientologie comme alternative à cette religion organisée anti-démocratique et anti-humaniste que Rice vient de quitter (et, en passant, un autre site qui étudie « objectivement et scientifiquement » la divinité du Christ qu’il démontre ainsi). On en connaît les vertus démocratiques et humanistes.

Tout surfeur avisé aura d’ailleurs remarqué que les publicités de Google semblent provenir par vagues, et actuellement ce serait un tsunami scientologue, que l’on retrouve attachée à toutes sortes d’articles qui ne semblent pas concerner particulièrement la religion, tel celui du Boston Globe en ligne à propos de ces doux synoques qui possèdent un nombre très élevé d’animaux domestiques dans des conditions souvent insalubres (à l’instar de cette personne qui possédait 51 lapins et 11 chinchillas, ou cette mère et sa fille qui hébergeaient 70 chats et 15 chiens dans leur maison et campaient dans une tente afin de leur laisser toute la place).

On se demande pourquoi Google recommande la Scientologie comme alternative à ce type de pathologie ; son autre proposition semble tout de même plus saine et liée à la nature : l’agritourisme en Italie.

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