Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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14 novembre 2010

Alla breve. XXX.

Classé dans : Actualité, Alla breve, Musique — Miklos @ 22:42

[210] Et le lauréat du concours international Long-Thibaud est… la violoniste française Solenne Païdassi (26 ans), qui remporte le premier grand prix ainsi que le prix du public et le prix de l’orchestre philharmonique de Radio France. Le deuxième grand prix a été attribué au violoniste japonais Tatsuki Narita (18 ans), qui remporte aussi le prix de la Sacem pour la meilleure interprétation d’un œuvre contemporaine (de Klaus Huber). Ce concours, créé en 1943, a pour vocation de susciter de jeunes vocations et de couronner des artistes en devenir : parmi ses lauréats : Samson François (piano, premier prix 1943), Aldo Ciccolini (piano, premier prix 1949), Paul Badura-Skoda (piano, troisième prix 1949), Christian Ferras (violon, deuxième prix 1949), Philippe Entremont (piano, 5e prix 1951), Ivry Gitlis (violon, 5e prix 1951), Bruno-Leonardo Gelber (piano, 3e prix 1961)… (Source)

[211] Assistez à un concert du L.A. Phil. sans y être. Le célèbre orchestre a décidé de se mettre au virtuel, comme d’autres avant lui : il retransmettra en direct ses concerts, que l’on pourra écouter dans certaines salles de cinéma et de théâtre « comme si on y était ». En clair, entre le musicien et le spectateur, il y aura dorénavant le réseau. Comme à la radio, mais avec l’image. Ah oui, donc comme à la télé. (Source)

[212] Autour d’Alban Berg. Les pianistes Ieva Jokubaviciute et Vladimir Valjarevic et la mezzo-soprano Marjorie Elinor Dix viennent de sortir un disque comprenant la Sonate pour piano et les Quatre chants de Berg, suivies d’œuvres pour la plupart inédites, d’autres compositeurs inspirés par Berg d’une façon ou d’une autre : Scelsi, Ali-Zadeh, Finney, Gilboa et Apostel (lui-même élève et ami de Berg). (Source)

[213] Autour d’autres compositeurs modernes. Un coffret de quatre SACD, consacré au festival de musique moderne 2009 à Salzbourg, vient de sortir. Œuvres de grands classiques contemporains, à l’instar de György Kurtág, Steve Reich, György Ligeti ou John Cage, et de générations suivantes, tel Beat Furer. (Source)

[214] Plus américain qu’américain, Aaron Copland. Né il y a tout juste 110 ans (et décédé 90 ans plus tard), ce compositeur d’origine juive lituanienne a incarné une musique typiquement américaine (à l’instar de ce qu’a fait Offenbach pour la musique française) dans des œuvres orchestrales, des ballets, de la musique de scène et de film (qui lui a valu un Oscar). Difficile de ne pas aimer ses œuvres – Billy the Kid, El Salón Mexico et tant d’autres. On peut le voir et l’entendre diriger le grand Benny Goodman dans son Concerto pour clarinette. (Source)

[215] Lénine, Staline et la musique. La Russie des années 1900 était un des principaux foyers d’avant-gardisme musical (et pas uniquement musical, d’ailleurs), comme l’avait démontré la programmation musicale de la grande exposition Paris-Moscou du Centre Pompidou en 1979 : expressionnisme, exotisme, futurisme, constructivisme, polyrythmie, bruitisme… la découverte du sérialisme avant Schoenberg, l’invention de nouveaux systèmes d’organisation sonores. Et puis, tout ceci est balayé par la dictature du prolétariat qui impose son académisme réaliste-socialiste. Même aujourd’hui, le grand musée de la musique Glinka de Moscou ne consacre qu’une partie congrue de sa vaste exposition à cette période. La Cité de la musique propose une exposition consacrée à cette période. (Source)

[216] De la belle musique de rues : Bach, Haendel, Vivaldi… Jean-Bernard Michau vient de gagner le titre de lauréat du 17e concours des chanteurs de rue qui s’est tenu à Quintin (« petite cité de caractère de Bretagne ») Son parcours est particulièrement atypique, ainsi que la musique qu’il joue sur orgue mécanique : des partitions pour clavecin transcrites pour cet instrument… (Source)

Alla breve. XXIX.

Classé dans : Actualité, Alla breve, Musique — Miklos @ 0:00

[202] Et le lauréat du XVIe concours Chopin à Varsovie est… Юлиана Авдеева, en d’autres mots la russe Ioulianna Avdeeva, 25 ans. Près de la moitié des autres récompensés et finalistes étaient, eux aussi, russes. (Source)

[203] Musiciens ? attention à un virus ! Le compositeur et pianiste Roger Davidson a été l’objet d’une arnaque particulièrement coûteuse (estimée à 6-20 millions de $) et longue (6 ans). Ayant apporté son ordinateur, qui contenait ses compositions et qu’il craignait infecté par un virus, à une officine de réparation, il s’est vu dire par le couple de propriétaires qu’en fait l’ordinateur était contrôlé par un groupe de criminels au Honduras, et que lui et sa famille étaient aussi la cible d’un autre groupe, de prêtres polonais cherchant à renverser le gouvernement américain. Davidson, crédule et riche (ce qui ne justifie évidemment pas l’extorsion), leur a payé des sommes pharamineuses pour se protéger. C’est une autre plainte à l’égard de ce couple qui a mis la police sur leur piste. (Source)

[204] Musiciens ? attention à vos instruments ! Un musicien allemand, ayant oublié sur la banquette d’un train régional son violon italien fabriqué en 1748 et d’une valeur estimée à un million d’euros, a eu des vapeurs à tel point qu’il a dû être hospitalisé. Tout est bien qui finit bien : il a retrouvé son instrument (si ça n’avait pas été le cas, il aurait pu se tourner vers Magic Fiddle, une application permettant de « produire du son pareil à ceux des violons » sur iPhone) et son cœur a tenu le coup. L’article ne cite pas son nom (cela donnerait des idées à des personnes indélicates, comme celles qui ont extorqué ce pauvre Davidson, enfin pas si pauvre que ça, justement), ni le facteur du violon. Mais un quatuor munichois revenant d’une tournée en Asie, hmmmm ? Il ne doit pas y en avoir beaucoup. (Source)

[205] Départ de Catherine Massip. Pendant 23 ans à la tête du département de la musique de la Bibliothèque nationale de France, cette grande dame de la musique et de la musicologie, grande non seulement par ses titres, son savoir, ses publications et ses activités, mais par sa modestie souriante et son attention à tous quelle que soit sa position professionnelle ou sociale, vient de partir à la retraite. Elle est remplacée à ce poste par Elizabeth Giuliani, actuellement adjointe du directeur du département de l’audiovisuel de la BnF.

[206] « Danser à l’ombre de la potence » : le remarquable destin d’une femme extraordinaire. La pianiste tchèque Alice Herz-Sommer a 106 ans. Déportée, ainsi que son fils de 6 ans et son mari, au camp-ghetto de Theresienstadt, elle passe encore trois heures au piano, chaque jour. La musique (et ses amis) est tout, pour elle. Et elle n’a aucune once de haine à l’égard de qui que ce soit. Un film documentaire sur sa vie sortira en 2011. (Source)

[207] L’orchestre de Détroit à l’étroit. L’un des dix plus importants orchestres des Etats-Unis, le DSO a un tel déficit que sa direction veut baisser les salaires actuels d’un tiers et de 42% pour les nouveaux arrivants, éliminer les contrats à durée indéterminée, réduire la taille de l’orchestre et exiger de ses membres d’enseigner et de se produire en plus des concerts de saison. Le personnel fait grève depuis plus d’un mois et des concerts ont été annulés. La seule issue que les deux parties espèrent : un donateur, à l’instar de celui qui a sauvé l’orchestre de Cincinnati l’année dernière en lui accordant un cadeau de 85 millions de dollars. Il va sans dire que de plus petits orchestres américains, régionaux, sont dans une plus mauvaise passe encore, à l’instar du Westchester Philharmonic ou de l’orchestre de Louisville. (Source)

[208] Shirley Verrett. La grande mezzo-soprano (et parfois soprano) dramatique américaine est décédée à l’âge de 79 ans. « Voix, intelligence, musicalité, beauté, présence scénique », elle avait tout pour elle, selon Peter G. Davis, mais pourtant n’est jamais devenue une superstar à l’instar de Leontyne Price. (Source)

[209] Henryk Mikolaj Górecki. Connu pour ses œuvres minimalistes d’inspiration spirituelle et notamment sa Troisième symphonie dite Des chants plaintifs (on en avait parlé à l’occasion du Festival d’Edimbourg), le compositeur polonais vient de décéder dans sa ville natale à l’âge de 76 ans. (Source)

3 février 2010

Alla breve. XXVIII.

Classé dans : Actualité, Alla breve, Musique — Miklos @ 2:31

[197] Un opéra X à Genève. Le Grand Théâtre de Genève récidive : la mise en scène qu’y prépare Olivier Py pour Lulu d’Alban Berg est déconseillée aux moins de 16 ans. Voici l’avertissement : « Pour traduire les intentions du compositeur et de son inspirateur Frank Wedekind, Olivier Py et son équipe ont fait appel à des images qui, quoi que de plus en plus usuelles et répandues, restent rares et inhabituelles sur une scène lyrique et pourraient choquer un spectateur non averti. Respectueux du regard de chacun ainsi que de ses opinions, il nous paraît important de vous en informer avant votre entrée en salle ou avant l’achat de votre billet. Nous déconseillons le spectacle aux personnes de moins de 16 ans ». Qu’aurait dit Calvin (pas l’ami de Hobbes – il a moins de 16 ans, de toute façon –, mais l’autre) ? Quant à Olivier Py, on en connaît de bien sombres recoins, ce qui ne nous a pas empêché d’apprécier sa fort réussie mise en scène du Soulier de satin, qui, elle, est recommandée à tout public capable de rester assis dans un fauteuil de théâtre pendant 9 heures sans dormir : nous, on y était scotché. (Source)

[198] Les prix Grammys. Ce grand spectacle annuel américain est l’occasion pour l’industrie américaine du disque de se récompenser dans toutes les catégories possibles et imaginables de sa production : il y en a actuellement 108 aux noms qui semblent, pour certains, très semblables les uns aux autres à l’œil du non-initié, qui constate tout de même qu’il y a 11 catégories consacrées à la musique classique (dont une seule pour « voix solo ») considérée comme un seul genre contre 72 aux autres genres de musique (dont une pour « voix solo femme » et une autre pour « voix solo homme »). Sa 52e édition vient d’avoir lieu en Californie (on n’est pas surpris), et a été vue par quelque 26 millions de téléspectateurs (on n’est pas surpris). En parcourant la liste des lauréats, on constatera, pour le classique, que ce sont en général des œuvres plus « populaires » qui ont remporté des prix (album classique : Mahler plutôt que Ravel ou Chostakovitch ; interprétation orchestrale : Ravel plutôt que Chostakovitch ou Szymanowski ; opéra : Britten plutôt que Messiaen ou Tan Dun ; interprétation chorale : Mahler – le même – plutôt que Penderecki ; musique soliste avec orchestre : Prokofiev plutôt que Bartók ou Korngold, etc.). On se croirait sur Radio Classique… et on n’est pas très surpris de trouver dans le classique une sous-catégorie « crossover » remportée par Yo-Yo Ma (avec la participation d’un nombre impressionnant d’artistes de tous genres.

[199] Les prix Opus 2009. Le lendemain du week-end des Grammys s’est tenu à Montréal le 13e gala des prix Opus, consacré à la musique de concert québécoise et quelque peu (c’est un euphémisme) mieux équilibré que sa contrepartie étatsunienne, puisque les genres en sont « médiéval, de la Renaissance, baroque, classique, romantique, moderne, actuel, contemporain, électroacoustique, jazz et musiques du monde ». On remarquera, sourire en coin, parmi les lauréats des performances d’œuvres de quelques compositeurs qui n’ont pas eu l’heur de décrocher des Grammys : Händel, Bruckner et Messiaen. La différence n’est pas que culturelle : ces prix sont organisés par le Conseil québécois de la musique, dont la vocation, non lucrative, est de regrouper des professionnels de la musique de concert, et non seulement des industriels de ce domaine. (Source)

[200] Les archives de l’orchestre philharmonique de New York en ligne. Bientôt. Cet orchestre possède des archives très riches (de 1842 à nos jours… !), à l’instar de lettres manuscrites de Bruno Walter ou d’une partition de Mahler (que l’on peut apercevoir ici) annotée par le compositeur en 1909 puis, cinquante ans plus tard, par Leonard Bernstein. 1,3 millions de pages vont être numérisées et mises en ligne en libre accès, grâce à une donation de la fondation Leon Levy. Entre temps, on peut interroger la base de données qui inventorie ces archives. (Source)

[201] Après le MP3. Un nouveau format de distribution en ligne de musique, MusicDNA, vient d’être annoncé. Il vise à succéder au MP3 en l’enrichissant (analyses audio, annotations, paroles, calendrier d’événements, réseaux sociaux, « business intelligence »…) et en fournissant ainsi de façon intégrée des fonctionnalités supplementaires (recherche, recommandation, génération de playlists…), tout en décourageant le téléchargement illégal. (Source)

[202] Une folle Norma. Une remarquable – dans le sens de « qui se fait remarquer » – série de représentations de Norma de Bellini s’est récemment achevée au Châtelet, sous les applaudissements de certains et les huées des autres. Si, d’après le livret de Felice Romani, l’action se déroule en Gaule sous l’occupation romaine, la mise en scène de Peter Mussbach la place dans une maison de fous (mais sans Astérix), remplace le bronze des armures romaines par une peinture de la même couleur à même la peau du torse du proconsul Pollione. D’autres effets surprenants ont émaillé le spectacle. Selon un critique, les voix étaient adéquates (difficile d’égaler l’inégalée), et l’orchestre – l’Ensemble Matheus sous la direction de son chef Jean-Christophe Spinozi – a divisé le public, en tentant de recréer le son d’un orchestre du temps de Bellini, sec et sans chaleur pour certains, vif et clair pour d’autres. (Source)

[203] Earl Wild. Le grand pianiste (et compositeur) américain, connu notamment pour ses interprétations d’œuvres virtuoses romantiques (transcriptions de Liszt, concertos de Rachmaninov…) – mais dont l’immense répertoire s’étendait du baroque au contemporain – vient de s’éteindre à l’âge de 94 ans. Il avait commencé à étudier la musique à l’âge de 4 ans, et eu comme maître le pianiste Selmar Jansen, lui-même élève d’Eugen d’Albert et de Xaver Scharwenka, tous deux élèves de Liszt. Son autobiographie, à laquelle il avait récemment travaillé, sera publiée dans le courant de l’année. (Source)

22 janvier 2010

Alla breve. XXVII.

Classé dans : Actualité, Alla breve, Musique — Miklos @ 0:16

[190] Du Messie à Rocky. La bibliothèque musicale de l’université North Texas possède des fonds originaux (d’un volume non négligeable : un demi million de partitions, neuf cent mille enregistrements sonores, trois cent mille livres et pério­diques, des photographies), pour le moins : on y trouve une première édition du Messie de Händel, une page (encadrée) d’un missel vieux de 700 ans ou une carte postale d’Arnold Schoenberg et des manuscrits d’Aaron Copland aux côtés de 45T d’Elvis, d’un album dédicacé des Ramones, d’un buste de Duke Ellington (unique au monde, il a été sculpté par un musicien, on en conçoit la rareté) ou d’une paire de bottes de cow-boy qui appartenaient à l’un des directeurs de la bibliothèque. De fait, elle est surtout renommée pour ses collections concernant le jazz et la musique pour fanfares (band music). Un entretien filmé avec son directeur permet de voir certaines de ses possessions. (Source)

[191] Grave, le métier. Si, comme on l’a récemment vu, tout le monde peut se transformer en graveur (de musique) – ne sommes-nous pas dans l’ère du Yes, you can! – le métier de copiste-graveur a une longue histoire. Pierre Thuries, qui l’exerce à Radio France, en parle dans un entretien passionnant, où il ne s’agit pas que d’évolutions techniques, mais aussi d’esthétique. Et encore, il ne s’agit ici principalement que de partitions en notation traditionnelle, que dire alors de celles d’Archipel IV d’André Boucourechliev (qu’on aimerait accrocher sur le mur de son salon, à défaut d’être en mesure de la jouer), d’Aria de John Cage, d’Artikulation de György Ligeti (« double » partition dont cette vidéo ne montre que la moitié), voire de Stripsody (mot-valise composé de « bande dessinée » et de «  rhapsodie ») de la géniale et regrettée Cathy Berberian (pour lequel Luciano Berio avait écrit des œuvres remarquables), que l’on peut toutes tenir dans ses mains et écouter – voire recomposer ! – à la Médiathèque de l’Ircam. (Source)

[192] Messiaen pour les petits. Plus on commence tôt, plus on a des chances d’y prendre goût. Ictus, l’excellent ensemble belge de musique contemporaine (dont on peut écouter ici des extraits d’un concert), a donné des mini concerts à des enfants de 7 à 10 ans, dans le cadre d’une découverte simultanée et ludique de l’Opéra de Lille et de la musique contemporaine : des œuvres de Philip Glass, de Tom Johnson et d’Olivier Messiaen. Une des spectatrices : « c’était bien, c’était rigolo… », ce n’est pas le public blasé de la capitale qui s’exprimerait ainsi ! (Source)

[193] Hommage à Larry Beauregard. Ce jeune flûtiste très doué – « modèle de ce que devrait être, idéalement, tout musicien du futur », selon Pierre Boulez, qui avait composé en son hommage Mémoriale –, membre de l’Ensemble intercontemporain, est décédé en 1985 à l’âge de 28 ans. Il avait participé au développement de la « flûte MIDI », dispositif permettant à un ordinateur de « savoir » à chaque instant ce que joue la flûte et de se synchroniser ainsi en live avec elle pour la production de sons synthétiques (dans cette vidéo, c’est l’ordinateur qui joue l’accompagnement, en « suivant » le jeu de l’instrumentiste). Le compositeur (et guitariste électrique) canadien Tim Brady vient d’écrire Requiem 21.5 à la mémoire de Beauregard, basé sur sept notes du Requiem en ré mineur de Mozart et sur quatre notes de Densité 21.5 de Varèse. Cette œuvre sera créée dans quelques jours par l’orchestre symphonique de Laval. (Source)

[194] Un ado aux Victoires de la musique. Raphaël Sévère vient d’être désigné comme candidat (« nominé », en franglais) aux Victoires de la musique dans la catégorie révélation soliste 2010. Il a 15 ans, et commencé le piano à l’âge de 4 ans, le violoncelle à 5 ans et la clarinette à 8 ans ; on le voit et l’entend jouer ici à l’âge de 12 ans à un concours international à Tokyo (dont on n’a pu trouver de confirmation indépendante sur le net japonais ou ailleurs). Bien évidemment, il a un site web, deux pages Facebook (une pour lui, une pour ses fans), une sur MySpace (avec des extraits d’enregistrements), deux pages Wikipedia (une française, une anglaise, dont l’auteur est « un enseignant habitant près de Nantes » ; tiens, tiens ! le père Sévère, clarinettiste lui aussi, est professeur au conservatoire de Nantes… comme c’est bizarre, comme c’est curieux et quelle coïncidence !) et un agent. (Source)

[195] Un violon sur le toit sur le carreau. L’associé d’un luthier réputé de Lyon transportait deux violons d’un certain prix. Il n’y a pas de petites économies : il a pris le tram, et devait se tenir dans l’articulation entre les deux voitures. Un virage à angle droit, et l’un des violons est écrabouillé. Pas à mort, semble-t-il, il serait réparable. Entier, il valait 18 000 €, tout de même. Ce n’est pas le prix d’un Stradivarius, mais cela ne consolera pas l’assurance. Quel couac… Ce n’est rien à côté de ce qui était arrivé à David Garrett, violoniste (et ex modèle pour Vogue et Armani) il y a bientôt deux ans : en sortant de scène, il chute dans l’escalier, et son violon (un Guadagnini – et non pas un Stradivarius, comme l’affirmait The Inde­pendent, autre couac ; ce facteur d’instru­ments se donnait pour élève de Stradivarius bien qu’on n’en ait pas la preuve, d’où la confusion, sans doute) qu’il avait acheté en 2003 pour un million de dollars s’est fracassé. La réparation devrait coûter près de 70 000 € et durer 8 mois, estimait-il alors. Il estimait aussi avoir eu de la chance : en tombant sur son étui, il ne s’était rien cassé, lui. Et on a mis à sa disposition un Strad un vrai, d’une valeur plus élevée, pour un concert qu’il devait donner pour la Saint-Valentin. Comme quoi à quelque chose malheur est bon… Et pour finir en beauté, on se souviendra du ballet Le Diable à quatre, sur la musique d’Adolphe Adam et d’après une pièce de Sedaine tirée elle-même d’une pièce de Shakespeare, dans lequel « la comtesse, furieuse qu’on ose danser tandis qu’elle a du chagrin, s’élance vers le ménétrier, s’empare du violon du pauvre aveugle et le brise en morceaux. (…) Aussitôt le vieil aveugle se redresse, se transforme et devient un puissant magicien. » C’est commode pour réparer soi-même son violon brisé, mais ce n’est pas ce qu’il fit. (Source)

[196] Offrez-vous un Cavaillé-Coll. Le grand orgue de l’église Saint-Jacques à Bergerac, construit par Cavaillé-Coll en 1877, est mal en point : cela fait dix ans qu’il est muet, faute de financements pour le réparer, bien que classé monument historique. L’abbé, bien inspiré, a lancé un appel à mécènes : pour 150 €, on devient le patron d’un tuyau, on aura son nom gravé sur une plaque sous la tribune de l’orgue et on bénéficiera d’une déduction fiscale. Le saint homme ne précise pas si on pourra se refiler ces tuyaux. (Source)

17 janvier 2010

Alla breve. XXVI.

Classé dans : Actualité, Alla breve, Musique — Miklos @ 17:11

[183] La Passion selon MacMillan. Le Boston Symphony Orchestra va donner la création américaine de la Passion selon Saint Jean, commande du chef d’orchestre Sir Colin Davis, qui va la diriger, à l’occasion des 80 ans du compositeur. Comment composer une telle œuvre après Bach ? Comment être fidèle à une tradition séculaire tout en utilisant la palette des formes d’expression musicale qui ont émergé après sans pourtant tomber dans des effets de mode ? C’est ce dont discute cet article du Boston Globe. On pourra écouter et voir ici un extrait de la création allemande en mars 2009.

[184] Bach toujours d’actualité. La musique de Bach – le style, la forme, les mélodies – n’a eu de cesse d’influencer les compositeurs, petits et grands (de Mendelssohn à Webern), qui lui ont succédé, comme lui d’ailleurs s’inspirait de ses prédécesseurs et de ses contemporains. La différence entre les uns et les autres ? Pour l’exprimer, on peut reprendre pour le compte de la musique ce que T.S. Elliott disait au sujet de la poésie : “Immature poets imitate; mature poets steal.” Les musiciens interprètes l’ont aussi mis à toutes les sauces et fait entendre certains… aspects de son œuvre à un public qui ne l’aurait jamais écoutée autrement, on pense par exemple à l’excellent ensemble vocal Swingle Singers, et, avec l’apparition des synthétiseurs, au Switched-on Bach de Walter Carlos, les uns comme les autres fidèles au style et novateurs dans l’instrumentation. Le quatuor Bach to the Future, lui, adapte le genre et fait de la fusion entre le style de Bach et le modern jazz, les rythmes latino, africains ou afro-cubains, le hip-hop. Leurs fondateurs, le pianiste, Michael Silverman et son frère Rob aux percussions, ont de qui tenir : leur mère enseignait le piano, et leur père était violoncelliste dans l’orchestre symphonique de St. Louis. (Source).

[185] John Adams, un maître avec un très petit marteau. Devinez qui a exprimé ainsi son opinion de ce compositeur populaire ? Indice : il a ajouté que c’était un mannériste, un compositeur de musique de genre, et que son opéra The Death of Klinghoffer était de la mauvaise musique de film. Encore un indice ? Dans un précédent Alla breve, on a cité un entretien avec lui, dans lequel il disait que les responsables de la radio française d’après-guerre étaient des nouilles. Dernier indice : un maître avec un marteau ? et quid du Marteau sans maître ? (il s’agit d’une personnalité vivante, pas de René Char). Bravo ! Dans un nouvel entretien, anniversaire oblige, il s’exprime sur sa relation à l’orchestre en général et celui de Chicago en particulier.

[186] L’histoire de l’histoire de la musique. Dans un très bel article, l’organiste David Yearsley, organiste et professeur à l’Université Cornell, parle de deux Histoires de la musique occidentale, très différentes l’une de l’autre et chacune d’un intérêt particulier. Il s’agit d’abord de celle de Donald Jay Grout (un ami de son grand-père, et, lui aussi, professeur à Cornell des années plus tôt – il est décédé en 1987). Cet ouvrage de référence a été publié en 1960 et est depuis régulièrement réédité et mis à jour. L’autre est… une série de poèmes d’August Kleinzahler, intitulée elle aussi A History of Western Music, que cet auteur écrit depuis un certain nombre d’années. Ces poèmes ne sont pas forcément tous consacrés explicitement à un sujet musical, mais ils reflètent, dans un style très libre, léger et profond en même temps, la variété des intérêts musicaux et artistiques de l’auteur, que l’on retrouvera dans son récent ouvrage d’essais Music: I-LXXIV.

[187] The glory of the human voice, ou le culte de l’amateur, ou encore un cul-de-sac culturel. Neil McCormick analyse dans un récent article du Telegraph (suivi d’un autre, le lendemain, au vu des réactions épidermiques au premier) le phénomène Susan Boyle. Elle a certaines qualités vocales – mais sans comparaison avec les « réellement » grandes : Bessie Smith, Billie Holiday, Aretha Franklin, Dusty Springfield, voire Amy Winehouse. Artistiquement, sa plus grande réussite aura été I Dreamed a Dream, qui est déjà émouvant en soi, et son histoire personnelle – femme d’un certain âge au physique ingrat, ignorée par les hommes – a rajouté à cette émotion, mais n’a aucun rapport avec ses qualités musicales. Enfin, le contexte : d’une part, la démocratisation des médias par l’internet et la starification de l’amateur (ce n’est pas récent : cf. notre Web comme hégémonie de l’amateurisme en 2005) – ce qui nécessitait avant l’internet bien plus de moyens (on se souvient de la cantatrice amateur Florence Foster Jenkins) – et, d’autre part, la stratégie des industries des médias visant à récupérer ces tendances, que ce soit à la télévision (téléréalité et boys-bands) ou sur disque : selon l’auteur, le nombre phénoménal de disques de Boyle (éditée par Sony, bien malins) achetés en 2009 (plus de 6 millions) et le peu de téléchargements indiqueraient que ce serait un public plutôt âgé (et féminin, rajoute-t-il, en rentrant la tête entre les épaules) qui s’y intéresse, qui se détourne des icônes siliconées et botoxées qui occupent la scène et des musiques actuelles. Pour résumer Neil McCormick : no future.

[188] Valse pour téléphone portable. Le pianiste et compositeur québécois Marc-André Hamelin (que la Wikipedia en langue française ignore presque totalement, contrairement à sa contrepartie en anglais, une insulte pour le Québec, libre ou non) vient de composer une valse inspirée par la sonnerie Nokia. Nulle doute que sa mélodie (celle de Hamelin) hantera votre mémoire plus agréablement que le harcèlement d’un portable ! L’histoire ne dit pas si le public a dû éteindre ses téléphones avant le récital. (Source).

[189] Écrivez vos partitions en ligne avec vos amis. Noteflight, une petite société américaine vient d’annoncer la prochaine mise en ligne d’un service hébergé qui permet de créer, seul ou en collaboration (« réseau social », disent-ils ils – à l’instar du Concerto du Fleuve Jaune, composé dans la Chine de Mao par un comité sous la direction de Jiang Qing en 1969 ?) des partitions à l’aide d’un logiciel d’édition interactif et d’en écouter le résultat. Le compositeur peut se créer des gabarits (par exemple : pour des œuvres pour piano solo ou pour quatuor). Il y en aura une version gratuite (et donc une version payante avec plus de fonctionnalités). On peut dorénavant le tester en ligne (cliquer sur la partition qui s’affiche ou sur “Try it now”).

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