Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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13 juillet 2009

“Adieu, Amsterdam, wel schooner stede…” (Anna Roemer Visscher)

Classé dans : Amsterdam, Lieux, Littérature, Photographie — Miklos @ 17:53


Amsterdam. Plus de photos ici.

«Amsterdam, ville de 220,000 hab., partagée par l’Amstel et quantité de canaux en plusieurs parties dont la communication a lieu par 290 ponts. La ville est éclairée présentement en gaz. Parmi les villes commerçantes de l’univers elle tient le second rang, et elle est la plus riche en proportion de sa grandeur. (…) Promenades. Les grachtes ou grandes rues, les quais le long de l’Y, surtout du côté de Kattenbourg ; c’est de l’autre rive de l’Y que la ville se présente dans toute sa magnificence. Là, et sur les boulevards autour de la ville, au parc et dans les nombreux jardins publics, on voit une foule joyeuse lorsqu’il fait beau, tandis que des centaines de Yachts (bâtiments pour le plaisir de la navigation) semblent jouer avec les ondes de l’Y, du Pampus et du Zuidersee. Le Heeren-Gracht et le Keizers-Gracht au centre de la ville sont éclairés par du gas, tout comme le Prinzen-Gracht et la rue Kalverstraat ; les magasins des marchands y rivalisent à l’envi en magnificence et splendeur. Le pont de l’Amstel ; le Diemer-Meer, petit canton très-fertile, rempli de maisons de campagne et de fermes ; le nouveau plantage, les promenades en voiture au village d’Amstelveen et à celui d’Ouverkuk, ou en Treckschuits à l’auberge de het Kalfje, Ziebourg, Rozenbourg, etc. Les voitures dont le public fait usage à Amsterdam sont ou des carrosses de louage ou des sleeden, c’est-à-dire des coches ou caisses de voitures posées sur un traîneauou des demi- carrioles» attelées d’un cheval. On paye pour les premières 9 stuvres le jour et 12 stuvres la nuit. On va aussi introduire des omnibus. Le marché aux fruits et aux fleurs rempli des productions de Pomone et de Flore offre des charmes d’un genre particulier.

Le voyageur en Allemagne et en Suisse, à Amsterdam, à Bruxelles, à Copenhague, à Londres, à Milan, à Paris, à St. Pétersbourg, à Pesth, à Stockholm, à Venise et à Varsovie par M. Reichard, avec une description particulière des lieux de bains, de voyages, aux montagnes, de la navigation sur le Danube et sur le Rhin. Manuel à l’usage de tout le monde. Douzième édition, de nouveau rectifiée, corrigée et completée par F. A. Herbig. 1844.


De Grote of St. Bavokerk te Haarlem. Plus de photos ici.

«Amsterdam est composée du ramas de toutes les nations. On y trouve autant d’aventuriers et plus de matelots que partout ailleurs. Or ceux-ci sont les plus indisciplinés et les plus brutaux de tous les hommes ; ceux-là les plus fripons, les plus intrigans et les plus dangereux. Le levain des anciennes dissensions entre le parti aristocratique et le démocratique fermente encore dans cette grande ville. On y professe plus de trente religions diverses : les prosélytes nombreux de ces sectes, émules l’une de l’autre, suivent et prêchent, presque dans les mêmes lieux, les dogmes et les rites de leur croyance. Que d’étincelles qui pourraient produire les plus terribles embrasemens ! Cependant cette cité est habituellement (et abstraction faite de quelques émotions populaires qu’excitent deux fois en un siècle les prévarications des municipaux ou les intrigues des factions), cette cité, dis-je, est la plus paisible de toutes les grandes villes, et cela sans lettres de cachet, sans inspecteurs ni exempts de police, ni commissaires de quartier, ni toute cette race de délateurs qui infeste notre capitale et nous fait trembler au sein de nos foyers domestiques, ni emprisonnemens arbitraires et indéfinis, ni punitions extra-judiciaires, ni enfin tout ce qu’osent les rois. Nul bourgeois ne saurait être arrêté dans sa maison, même pour le forfait le plus atroce, que tout le corps de la magistrature ne s’y transporte, et n’atteste ainsi solennellement que l’accusation est réelle, et que l’accusé sera légalement absous ou condamné. Par quelle magie peut-on produire des effets si merveilleux ? Par le seul secours des lois, par leur exécution constante, rigide, inflexible. Tout citoyen sait, dans cet heureux pays, qu’il est homme aussi bien que le premier des magistrats. Il ne compte pas sur l’impunité : il ne craint point l’oppression. Rien ne l’excite donc à la méchanceté, et tout l’invite à la paix. Aucune secte ne prévaut, aucun sectaire n’ose se faire remarquer, parce que la puissance civile les traite tous avec la même impartialité; et que, loin de fomenter les haines et d’autoriser la persécution, le magistrat s’y oppose de tout son pouvoir; parce qu’il réprime le prosélytisme, et punit toute action qui trouble la société, quelle que soit la religion du délinquant; parce qu’il contient les prédicans dans des limites très-étroites; parce qu’enfin, en bornant les ministres de la religion dominante à la desserte de leurs églises, il a eu grand soin de rendre leurs places plus pénibles que lucratives, et de leur défendre de parler en public» de ce qui intéresse l’ordre du gouvernement. La puissance temporelle, dominant absolument sur la spirituelle, conserve aux Hollandais, avec une infatigable vigilance, l’héritage précieux de la tolérance que leurs pères ont payée de leur sang.

Mirabeau, Des lettres de cachet et des prisons d’État. 1835

11 juillet 2009

Le veilleur de nuit

Classé dans : Amsterdam, Lieux, Photographie — Miklos @ 9:10


À Amsterdam, il y a tout juste 271 ans.

«Vaste hémicycle, en regard du golfe de l’Y (l’Aï), Amsterdam étale, du sud-est au nord-ouest, la courbe de tant d’avenues de terre et d’eau : rues, boulevards et canaux alternatifs et parallèles, qui entrecoupent en si grand nombre d’autres canaux et d’autres rues, que leur ensemble forme un archipel de quatre-vingt-dix îles, reliées l’une à l’autre par plus de trois cents ponts. Aussi les mots straat, brug, gracht (rue, pont, canal) reviennent-ils presque toujours ensemble à chaque information d’un itinéraire à suivre dans cette Venise du Nord.

Le jour durant, quand la vapeur d’eau que le Zuyderzée, l’Y, l’Amstel et les canaux versent incessamment dans l’atmosphère ne condense pas sa brume accoutumée en brouillard si épais qu’il faut parfois se heurter aux objets pour les voir ; durant les heures clémentes où le ciel enfin se dévoile, ou pendant la belle saison, il est presque impossible à l’étranger, qui ne s’en fie qu’à lui-même pour se conduire dans Amsterdam, de ne point s’y égarer ; mais, après la nuit tombée, ce sera miracle s’il ne fiait pas par s’y perdre.

Je dois cette remarque à un mien ami qui a passé les belles années de sa jeunesse à se promener dans les diverses contrées de l’Europe, mais que les infirmités et l’âge avancé condamnent à ne plus voyager que dans ses souvenirs. Et, à propos de ceux-ci, l’image du veilleur de nuit que nous mettons sous vos yeux me rappelle un épisode du premier séjour à Amsterdam de mon ami le voyageur.

Il aime à conter. Voici l’incident comme il le raconte :


Amsterdam la nuit. I.

« Arrivé seulement depuis la veille dans la capitale de la Hollande, j’avais été invité à passer la soirée chez un négociant, ancien correspondant de mon père. Quand vint le moment de prendre congé de mes hôtes, on annonça qu’un des valets de la maison allait être mis à mes ordres, pour me servir de guide jusqu’à l’hôtel où j’étais logé.

» Or, il faut que vous le sachiez, de toutes les propositions obligeantes dont je pouvais être l’objet, il était impossible qu’on m’en fit une qui me désobligeât plus que celle-ci. Etranger dans une ville, j’ai toujours mis mon orgueil, orgueil puéril, j’en conviens, à ne me faire renseigner par personne sur ma route, à plus forte raison n’aurais-je pas accepté un guide.

» Cette manie de promeneur au hasard qui se fait un point d’honneur de ne compter que sur lui-même, m’a valu, sans doute, plus d’une mésaventure; mais aussi je lui ai dû des rencontres qui ont eu, pour mon amour-propre, l’attrait et le mérite de véritables découvertes.

» Je remerciai sincèrement mes hôtes ; mais à mon remercîment je joignis le refus le plus formel de me laisser accompagner. On se récria ; je persistai dans mon refus ; on s’effraya pour moi des accidents probables du parcours, mais sans parvenir à m’en effrayer moi-même. Enfin, mieux on chercha à me prouver l’imprudence de ma résolution, et plus je m’obstinai à ma forfanterie.

» Mon hôte, voyant que sa femme et ses enfants renouvelaient en vain leurs instances, et jugeant, avec raison, que leur sollicitude tournait à l’indiscrétion, mit un terme à ce débat en disant :

« Puisque notre ami le jeune Français est sûr, à ce point, de retrouver son chemin , il ne nous appartient pas de douter de lui plus que lui-même. Soit, il partira et se conduira tout seul ; mais comme dans un quart d’heure il ne fera pas nuit plus noire que maintenant, notre ami voudra bien, je l’espère, m’accorder encore ce quart d’heure pour boire avec moi une dernière tasse de thé à son heureux voyage dans Amsterdam. »

» Ayant ainsi parlé tout haut, il dit quelques mots à l’oreille de son fils aîné. Celui-ci sortit un moment et rentra presque aussitôt.

» La dernière tasse de thé vidée et le quart d’heure écoulé, on me rendit ma liberté, sans me faire de nouveau la moindre recommandation pour ma sécurité chemin faisant. La famille, qui s’était montrée si inquiète pour moi, me parut tout à fait rassurée. J’attribuai naturellement cette soudaine quiétude à ma propre assurance, et je partis résolûment.


Amsterdam la nuit. II.

» Revenir sans guide de la maison où j’avais passé la soirée à mon hôtel, et surtout y revenir en pleines ténèbres, — je parle d’un temps antérieur à l’éclairage au gaz, — l’entreprise offrait d’autant plus de difficultés que, du point de départ au point d’arrivée, la distance à parcourir n’allait point en droite ligne. Elle se composait d’une série continue de petites lignes brisées dont la direction variait à chaque centaine de pas. Quant à la longueur du parcours, j’avais presque toute la ville à traverser du nord au sud. C’est vers la porte d’Utrecht, en vue du cours de l’Amstel, que l’habitation du correspondant de mon père était située, et je demeurais un peu au delà de la place du Dam.

» Si vous êtes curieux d’étymologies, rapprochez, unissez ces deux mots : l’Amstel, rivière qui baigne la ville ; le Dam, vieille digue sur laquelle se développe sa place principale. Ainsi vous connaîtrez l’origine et saurez la raison de ce nom Amsterdam : la ville de l’Amstel et du Dam, en latin moderne Amstelodanum.

» Mais j’oublie que je viens à peine de me mettre en route; il est tard et je m’attarde encore : poursuivons.

» J’étais, je vous l’ai dit, plein de confiance en moi- même : donc, je marchai d’abord sans hésitation ; mais, peu à peu, je sentis faiblir cette belle confiance, et bientôt enfin j’eus la honte de m’avouer que la mémoire du chemin me faisait complétement défaut et que j’étais désorienté. Quel pont de quel canal venais-je de traverser, et dans quelle rue me trouvais-je maintenant ? Était-ce à droite, était-ce à gauche qu’il me fallait tourner pour marcher dans la direction de mon logis ? Ne pouvant résoudre cette importante question et doutant du hasard, je m’arrêtai.

» Aussi loin que mes regards pouvaient plonger dans la profondeur de l’ombre, je cherchai à découvrir une lueur, si faible qu’elle fût, afin de me diriger vers elle; mais, ainsi que notre peintre Hubert Robert perdu dans le labyrinthe des catacombes de Rome, je ne vis que la nuit. Partout les portes et les fenêtres étaient closes, même celles des cabarets du dernier ordre, qui attendent opiniâtrement que les menaces de la ronde de police les forcent à se fermer.


Amsterdam la nuit. III.

» Ma perplexité était grande, et, vu l’impossibilité d’en sortir sans le secours d’autrui, déjà je commençais à m’armer de courage pour attendre, dans la rue, les premières clartés du jour, lorsque j’entendis résonner, à peu de distance de l’endroit où je m’étais arrêté, le cliquetis de la crécelle d’un veilleur de nuit.

» Une voix amie qui m’eût crié : « Viens à moi, je t’attends pour te conduire », ne m’aurait pas causé une plus vive émotion de joie. Je marchai dans la direction du bruit aussi rapidement que me le permettait l’obscurité ; mais quand je fus arrivé au point où je croyais rencontrer le veilleur de nuit, je ne l’entendis pas répondre à mon appel, et je m’assurai bientôt qu’il n’y avait que moi d’errant de ce côté.

» Cet espoir déçu me fit retomber de nouveau dans ma perplexité; mais, de nouveau aussi, le bruit lointain de la crécelle me rendit le courage et dirigea mes pas.

» Je ne vous fatiguerai pas de cette promenade à l’aveuglette qui, si je mesure le temps à mon anxiété et à mon impatience, dura plus d’une heure et me fatigua tant moi-même. Qu’il vous suffise de savoir que, toujours guidé à distance par la crécelle, sans jamais pouvoir atteindre l’homme qui la faisait bruire, j’arrivai enfin devant une porte ouverte d’où sortit un valet tenant un flambeau allumé. Il précédait son maître, qui vint à moi et me dit en me tendant la main : « Vous le voyez, je vous attendais. »

» Jugez si ma confusion fut grande : j’étais devant le correspondant de mon père ; c’était à cette même maison où j’avais passé la soirée que la crécelle du veilleur de nuit m’avait ramené !

» La main amie qui s’était tendue vers moi m’attira-t-elle dans la maison, ou bien y entrai-je de mon propre mouvement ? Je ne saurais le dire, tant j’étais surpris de l’aventure et ému de l’échec que venait de subir ma vanité de voyageur ne comptant que sur lui-même. Je retrouvai la famille encore réunie dans le salon. On m’accueillit sans raillerie; bien mieux, on mit tant de bienveillance à me prouver que je ne pouvais pas ne pas m’égarer, que bientôt je n’éprouvai plus, je ne dirai pas la honte, mais même l’embarras de mon retour.

» Mon hôte reprit la parole pour me désigner, se tenant debout dans un angle du salon, un vieux bonhomme que je n’avais pas aperçu en entrant.

» Il était coiffé d’un gros bonnet de laine qui lui descendait si bas sur le front que ses yeux en étaient à demi cachés ; une ample lévite, chaudement fourrée, et dont le collet relevé lui abritait les oreilles, l’enveloppait jusqu’au-dessous des genoux ; il réchauffait une de ses mains dans la poche de sa lévite, et de l’autre main pendante il portait la lourde et large crécelle dont le bruit m’avait tenu lieu de lumière pour revenir à mon point de départ. J’étais enfin en présence de ce veilleur de nuit que j’avais si longtemps et en vain poursuivi. Je l’envisageai avec curiosité : il était prodigieusement laid, et son costume encadrait bien sa laideur.

« Il faut, me dit mon hôte, pardonner à Yann (Jean) le tort de vous avoir fait un peu trop marcher pour vous ramener ici ; mais nos veilleurs de nuit ont une consigne rigoureuse, et son service ne pouvait pas le conduire plus tôt de notre côté.

» Si, comme vous l’espériez un peu imprudemment, vous vous fussiez d’abord de vous-même engagé dans la bonne voie, Yann aurait simplement transmis à son camarade le plus voisin de votre quartier les instructions qu’il avait reçues, et, ainsi surveillé, dans votre intérêt, jusqu’à destination, vous seriez rentré chez vous plus que jamais convaincu de votre habileté à retrouver votre chemin. Ce qui était presque immanquable est arrivé : vous avez fait fausse route; nous nous en félicitons, puisque votre erreur nous fournil l’occasion de vous offrir un gîte pour cette nuit. Ne vous inquiétez pas de ce qu’on pensera de votre absence ; les convenances sont observées :» j’ai fait dire à votre hôtel que je vous retiendrais probablement chez moi. »

» Il m’était impossible de refuser une hospitalité si bien offerte. J’acceptai donc. »

Le magasin pittoresque, 1866.

7 juillet 2009

Dans le port d’Amsterdam

Classé dans : Amsterdam, Lieux, Photographie — Miklos @ 6:19

«Des bords septentrionaux du golfe de l’Y, la traversée n’est que d’une demi-lieue pour entrer dans le port d’Amsterdam. D’immenses prairies parsemées de villages et d’habitations entourent la capitale de la Hollande; le cours tranquille de l’Amstel, petite rivière qui la traverse et dont les bords sont couverts, pendant la belle saison, de prés fleuris et d’arbres chargés d’un beau feuillage, complète le brillant tableau qu’offrent ses environs.

Cette ville, ceinte de fossés et de remparts convertis en boulevards, ne craint point l’approche de l’ennemi : elle peut au moyen de ses écluses inonder tout le pays qui l’entoure. Une foule de canaux, la plupart bordés de rangées d’arbres, la traversent en formant 90 îles qui communiquent par 280 ponts dont le plus beau est celui de l’Amstel : il a 660 pieds de longueur, 70 de largeur, et se compose de 35 arches.

L’eau saumâtre et fangeuse qu’ils renferment, quoique souvent agitée par le mouvement des écluses, répand dans cette vaste cité des miasmes dangereux qui se joignent à l’humidité de l’atmosphère et du sol pour rendre son séjour malsain. L’un des inconvéniens qu’elle offre est le défaut d’eau douce ;» celle de l’Amstel est mauvaise : on se sert de celle de la petite rivière du Vecht, que l’on va puiser à quelques lieues de la ville; mais la meilleure est celle que l’on fait venir d’Utrecht à grands frais.

Conrad Malte-Brun, Précis de la géographie universelle ou Description de toutes les parties du monde sur un plan nouveau, d’après les grandes divisions naturelles du globe : précédée de l’histoire de la géographie chez les peuples anciens et modernes, et d’une théorie générale de la géographie mathématique…. 1829.

5 juillet 2009

The weather in Amsterdam right now

Classé dans : Amsterdam, Lieux, Photographie — Miklos @ 17:05


It’s raining cats and dogs

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