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28 juillet 2014

Ha ! ha !

Classé dans : Langue, Lieux, Littérature, Peinture, dessin — Miklos @ 2:59

Les Québécois, et surtout les Louisiens d’entre eux, ne souriront même pas à la lecture de ce titre (pour autant qu’il y ait un Québécois qui le lise) : il leur évoquera sans nul doute Saint-Louis du Ha ! Ha !, petite municipalité de quelque 1 300 habitants – les Louisiens en question – du Témiscouata (vous êtes bien avancés, hein ? allez, cliquez ici), non loin de deux petites villes, Trois-Pistoles et de Rivière-du-Loup, toutes deux situés sur la rive sud du Saint-Laurent. À une vingtaine de kms de Trois-Pistoles se trouve aussi une des baies du Ha ! Ha ! (parce qu’il y en a plusieurs).

Si je suis passé il y a bien des années par ces trois bourgades, ce n’était qu’à cause de leurs noms, et surtout pour ce Ha ! Ha ! là. C’est une raison comme une autre, et c’est ce qui m’avait aussi fait passer à la même époque par Odessa, pas celle d’Ukraine (où ma mère est née et que j’aurais aimé voir, mais les circonstances…) mais celle de l’État de New York. Soit dit en passant, il y a plus d’une douzaine d’Odessa aux US, dont deux dans le seul État du Dakota du Nord, et une quinzaine de Paris (je ne compte pas dans le lot les New Paris), et si vous cherchez des localités aux noms réellement originaux, il y a bien Truth or Consequences dans l’État du Nouveau-Mexique.

Ce que je viens d’apprendre c’est qu’il existait à Paris une rue du Ha-Ha (l’actuelle impasse Guéménée). Voici ce qu’en dit Henri Sauval, dans son fameux Histoire et recherche des antiquités de la ville de Paris :

«La rue du Ha-ha est un cul-de sac-qui n’est guère moins beau que la rue de la Cerisaie, mais qui a encore trompé bien plus de monde qu’elle : car il est long, large, rempli de portes cochères, et comme il est placé dans la rue St Antoine à côté de la Place Royale, une infinité de personnes y ont été attrapées, pensant y aller par là; et parce qu’en ces sortes de surprises, et lorsqu’on trouve tout le contraire de ce qu’on s’est imaginé, aussitôt on s’écrie, ha ha.

On tient que c’est ce qui est cause que le peuple lui a donné ce nom. II est certain qu’elle faisait autrefois partie de l’Hôtel des Tournelles ; on y montre encore la salle où mourut Henri II du coup de lance qu’il reçu en joutant contre Montgommery à la rue St Antoine :» et dans ce logis-là même où se voit cette salle, est mort il y a quelques années Claude Mydorge, l’un des premiers mathématiciens de notre temps.

Le haha désigne aussi, en français comme en anglais, une « ouverture exé­cutée dans un mur de clôture, avec un fossé au dehors, pour prolonger une pers­pective ou dégager une vue » (TLFi) ; c’est sans doute la raison pour laquelle on trouve, ou trouvait, une allée du haha dans des parcs, à l’instar de celui du château de Sceaux (selon le Dictionnaire historique de la ville de Paris de Hurtaut et Magny, 1779) ou une allée des hâ-hâ (ou Ha ! Ha !) dans les jardins du château de Versailles, voire une rue qui porte ce nom à Londres (cf. photo à droite, cliquer pour agrandir).

Pour finir, on citera le Poème à crier et à danser de Pierre Albert-Birot (1876-1967) :

(source : Robert Sabatier, Histoire de la poésie du XXe siècle. Révolutions et conquêtes.)

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