Sortir du cercle vicieux
Comprendre les origines de la guerre à Gaza en… par lemondefr
« Je ne suis pas quelqu’un de sentimental, je ne crois donc pas en une soudaine lune de miel entre les Juifs et les Palestiniens. Je ne m’attends pas à ce que les deux parties antagonistes, une fois la formule magique trouvée, s’embrassent en larmes, dans une scène digne de Dostoïevski où les frères perdus se retrouvent. […] Non, je ne m’attends à rien de tout cela, et sûrement pas à une lune de miel. Si je m’attends à quelque chose, c’est plutôt à un divorce juste et équitable, entre Israël et la Palestine. Or un divorce n’est jamais une chose heureuse, qu’il soit juste ou plus ou moins juste. Un divorce fait mal, c’est quelque chose de douloureux. Et particulièrement celui-là, qui sera un drôle de divorce où les deux parties resteront dans le même appartement, pour toujours. C’est un divorce où personne ne déménage. Et comme l’appartement est tout petit, il sera indispensable de décider qui aura la chambre A, qui la chambre B, qui aura le salon, et de trouver, en plus, un arrangement spécial pour la salle de bain et la cuisine. Vraiment pas très commode… Mais c’est toujours mieux que cette sorte d’enfer que nous traversons en ce moment, dans ce pays que nous aimons. Un pays où les Palestiniens sont opprimés au quotidien, harcelés mentalement, privés, humiliés, affamés par un gouvernement militaire israélien cruel. Un pays où les Israéliens sont terrorisés tous les jours par des attaques terroristes impitoyables, frappant indifféremment civils, hommes, femmes, enfants, écoliers, clients des centres commerciaux. Oui, tout est préférable à cela ! Oui, il faut un divorce équitable. Et, à la fin, une fois que nous aurons mené à bien ce douloureux et équitable divorce en créant deux États, fondés en gros sur les réalités démographiques […], une fois le divorce prononcé et la séparation opérée, les Israéliens et les Palestiniens se presseront pour passer la frontière et aller boire un café ensemble. L’heure du café aura enfin sonné. »
Amos Oz, « Un conflit entre deux causes justes », trad. Sylvie Cohen, 2003.
Cette vidéo très bien faite rééquilibre quelque peu les carences des médias qui n’avaient pas pipé mot sur le bouclage de Gaza du côté égyptien ni sur les tirs de missiles répétés vers les villes israéliennes depuis plusieurs années.
Il en ressort que cette radicalisation spécifique à Gaza provient du succès du Hamas aux élections. On peut évidemment s’interroger sur les raisons de ce succès : à l’époque, Gaza n’était pas coupée du monde (tout est relatif, puisque la fourniture de matériel électronique hyper sophistiqué pour équiper les fameux tunnels a continué à provenir du Qatar, sans parler des fameux missiles et de leurs lanceurs).
Quelles qu’en soient les raisons historiques – chaque côté trouvera son compte dans sa propre histoire – sur le fond, je ne peux que regretter que les voix ayant appelé dès 1967 à accorder aux Palestiniens un État viable aux côtés d’Israël : Yeshayahu Leibowitch alors, puis (notamment mais pas uniquement) Amos Oz, par exemple (voir ci-contre). Ou le magnifique appel de Gilbert Sinoué, « Cher Yitzhak Rabin », publié dans le Libé du 6 août.
Est-ce que cet État menacerait Israël plus qu’il ne l’est menacé aujourd’hui par la montée de la radicalisation nationaliste et religieuse des deux côtés ? Sans doute pas. Est-ce que sa création contrecarrerait cette montée ? Pas forcément, lorsque l’on voit ce qui s’est passé dans d’autres pays arabes après qu’ils se soient débarrassés d’une façon ou d’une autre de leurs dictateurs respectifs.
Mais il est juste que cela se fasse. Et mieux vaut tôt que tard. L’Allemagne et la France ont bien fait la paix, après tant d’années…
Il faut briser ce cercle vicieux de haine, de guerres et de morts, laisser le passé de côté et regarder vers l’avenir qui nécessite plus que jamais la collaboration accrue de tous pour faire face ensemble aux défis environnementaux qui ne manquent de monter, eux aussi.
merci d’avoir publié cet article
A kish
Commentaire par betsabee — 7 août 2014 @ 20:13
Notre conversation y a été pour quelque chose : elle m’a permis de formuler ce que je pensais depuis longtemps.
Merci.
Commentaire par Miklos — 7 août 2014 @ 23:17