Labyrinthes : au cœur du dédale
Labyrinthe de Longleat. Caveat tocator.
Il est des cœurs dans lesquels on aime se perdre en déambulant dans leurs passages paradoxaux menant de paysages radieux en des recoins sombres, en revenant plus tard là où on était passé sans pour autant s’y retrouver, en arrivant dans des lieux inconnus et pourtant familiers. Toute personne qui a aimé le sait pour avoir évolué dans cet univers attachant en perpétuelle reconfiguration, souvent charmant, parfois frustrant et toujours surprenant.
Les labyrinthes fascinent ; parcours initiatique ou passe-temps obsessionnel, ils sont partout. Les jardins anglais, pays des maisons hantées et des portes qui claquent derrière vous dans la pénombre, sans qu’aucune main ne les ait touché, sont des lieux propices aux égarements de tous ordres, et autrement plus mystérieux que les jardins français, où l’on ne peut se perdre : il suffit d’en voir l’utilisation dans des films comme Blow Up d’Antonioni ou Meurtre dans un jardin anglais de Peter Greenaway – deux films dans lesquels jardins et masques sont les artifices (mais aussi les indices) de la scène du drame qui s’y joue. Comble de l’architecture paysagère anglaise : les labyrinthes qu’ils y ont construit. Comble de l’humour british, le roman Trois hommes dans un bateau (sans compter le chien) de Jerome K. Jerome décrit les aventures hilarantes1 de trois idle rich dans le dédale des canaux anglais, dont l’un des épisodes est leur égarement dans le labyrinthe de Hampton Court, que l’on peut toujours visiter.
Si la presse populaire publie, dans ses rubriques de loisirs, des labyrinthes plus ou moins simples, les technologies de l’informatique ont permis de mettre à la disposition des amateurs des labyrinthes reconfigurables : dans le “dédale des portes coulissantes” de Robert Abbott, ci-contre, le fait de passer en un endroit particulier dans un sens ou dans l’autre cause l’ouverture ou la fermeture d’un passage ailleurs, ce qui complexifie singulièrement son plan relativement simple. Dans d’autres labyrinthes, on n’évolue plus seul : dans Thésée et le Minotaure il faut non seulement sortir du dédale, mais échapper à la bête tapie (représentée par le point noir) qui s’y déplace pour dévorer l’explorateur perdu (le point rouge).
Les labyrinthes n’ont pas fini de fasciner notre esprit tortueux.
1 Dont celui de l’oncle Podger tentant d’accrocher un tableau, ou leur bataille (perdue) pour ouvrir une boîte de conserves sont loin d’être les plus tristes.
Dans les références dédaliques, il y a Shining, aussi (tout le film tourne autour du thème du labyrinthe).
Commentaire par chapichapo — 28 avril 2005 @ 8:40
(tes images pop-upent!!!)
Commentaire par chapichapo — 28 avril 2005 @ 8:54
Les images mènent sur le site des labyrintes. N’est-ce pas le propre de labyrinthes de faire se retrouver de façon inattendue ailleurs ?
Commentaire par miklos — 28 avril 2005 @ 8:58
1. Je n’avais pas l’intention de faire une anthologie des "références dédaliques". La liste de ce qui ne se trouve pas dans l’article est longue.
2. Les images mènent sur le site des labyrintes. N’est-ce pas le propre de labyrinthes de faire se retrouver de façon inattendue ailleurs ?
Commentaire par miklos — 28 avril 2005 @ 9:06
1. Ce n’était pas une critique! C’était une pensée personnelle à partir de ce que je connais
2. Oui, mais c’est stressant ^^
Commentaire par chapichapo — 28 avril 2005 @ 9:12
1. Je ne le prenais pas comme une critique, mais je remarque que, selon le lecteur, l’un réagit plutôt à ce qui est dans un article et l’autre à ce qui n’y est pas. Tant que le prolongement est intéressant…
2. Les popups, comme les popcorns, me gonflent. Si je peux éviter les derniers (que j’aime bien par ailleurs), je n’apprécie pas le fait de me récolter une pub de Dell ou de je ne sais quelle boîte quand je vais consulter un journal d’un quidam qui s’est mis un compteur pour connaître (et booster) le nombre de ses lecteurs. Ce que j’ai fait ici est un petit clin d’oeil à cette pratique, et on peut les éviter en ne passant pas la souris sur les 2 premières images. On nous apprend tôt dans la vie qu’il faut réfléchir avant de toucher…
Commentaire par miklos — 28 avril 2005 @ 10:02
"Il est des cœurs dans lesquels on aime se perdre en déambulant dans leurs passages paradoxaux menant de paysages radieux en des recoins sombres, en revenant plus tard là où on était passé sans pour autant s’y retrouver, en arrivant dans des lieux inconnus et pourtant familiers. Toute personne qui a aimé le sait pour avoir évolué dans cet univers attachant en perpétuelle reconfiguration, souvent charmant, parfois frustrant et toujours surprenant."
Avant même d’avoir lu la suite, je me dois de dire:
que j’aurais aimé écrire ça! C’est précis,synthétique, et en même temps vu d’un oeil tendre qui accompagne le coeur humain et sa complexité.
Bon, je lis la suite:-)
Commentaire par hugoindigo — 28 avril 2005 @ 21:36
[...] et qui déroulent le cours d’une histoire, promenade dans l’hypertexte du souvenir et dans le labyrinthe de la vie et des [...]
Ping par Miklos » Famille, je vous aime — 17 août 2011 @ 11:01