LXXVIII. Spleen
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
II nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l’Espérance, comme une chauve-souris,
S’en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D’une vaste prison imite les barreaux,
Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
— Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l’Espoir,
Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Les Fleurs du mal
(tu as décidément l’art consummé des associations frapantes. J’espère que celle-ci ne reflète qu’une humeur désormais lointaine – malgré toute la subtile et désespérée jouissance qui s’en dégage. Rose noire.
D’où vient l’extrait sonore ?)
Commentaire par kliban — 30 avril 2005 @ 12:27
Un article en cours de préparation répondra dans quelques minutes à ton interrogation…
Commentaire par miklos — 30 avril 2005 @ 12:53
… il y est. Quant à l’humeur, elle est profondément lointaine. Aurais-je associé ainsi si elle avait été révolue ? Je ne peux le dire.
Commentaire par miklos — 30 avril 2005 @ 14:43