Et bien avant Magritte…
René Magritte, La Trahison des images, 1952. Exposition au Musée national d’art moderne, 15.10.2016 (autres photos ici). Cliquer pour agrandir.
«Il est vrai qu’on peut former des difficultés sur l’existence de la matière; mais ces difficultés montrent seulement les bornes de l’esprit humain avec la faiblesse de notre imagination. [...]
En admettant une fois l’existence des corps comme une suite naturelle de nos différentes sensations, on conçoit pourquoi, bien loin qu’aucune sensation soit seule et séparée de toute idée, nous avons tant de peine à distinguer l’idée d’avec la sensation d’un objet ; jusque-là que, par espèce de contradiction, nous revêtons l’objet même de la perception dont il est la cause, en appelant le soleil lumineux, et regardant l’émail d’un parterre comme une chose qui appartient au parterre plutôt qu’à notre âme, quoique nous ne supposions point dans les fleurs de ce parterre une perception semblable à celle que nous en avons. Voici le mystère : La couleur n’est qu’une manière d’apercevoir les fleurs ; c’est une modification de l’idée que nous en avons en tant que cette idée appartient à notre âme.» L’idée de l’objet n’est pas l’objet même. L’idée que j’ai d’un cercle n’est pas ce cercle, puisque ce cercle n’est pas une manière d’être de mon âme.
— Denis Diderot, article « Sensations », in Encyclopédie, ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. 1765.