Pas si simple, le passé simple, ou, Parfait usage de l’imparfait (du subjonctif)
Le délicieux poème qu’on va lire ci-dessous (et que l’on peut écouter dans une jolie interprétation de ce drôle de Dranem) circule dans les journaux et les magazines depuis la fin du XIXe siècle. Attribué en général à Alphonse Allais, un contributeur de l’Intermédiaire des chercheurs et curieux du 10/2/1898 indique l’avoir entendu chanter par Paul Bonjour en 1849, quelques années avant la naissance d’Alphonse Allais, et donne son titre comme Les Confessions d’un grammairien. Ailleurs, on trouve plutôt Déclaration d’amour d’un grammairien à Mlle M. M…
Oui, dès l’instant que je vous vis
Beauté farouche vous me plûtes.
De l’amour qu’en vos yeux je pris
Sur le champ vous vous aperçutes !
Mais de quel air froid vous reçutes
Tous les soins que je vous rendis !
Combien de soupirs je perdis !
De quelle cruauté vous fûtes !
Et quel profond dédain vous eûtes
Pour les vœux que je vous offris !
En vain je priai, je gémis,
Dans votre dureté vous sûtes
Mépriser tout ce que je fis,
Même un jour je vous écrivis
Un billet tendre que vous lûtes,
Et je ne sais comment vous pûtes
Voir de sang froid ce que j’y mis.
Ah ! fallait-il que je vous visse
Fallait-il que vous me plussiez
Qu’ingénument je vous le disse,
Qu’avec orgueil vous vous tussiez !
Fallait-il que je vous suivisse
Pour que vous me condamnassiez,
Et qu’à vos genoux je me misse
Pour que de mes pleurs vous rissiez !
Et qu’à vos pieds je soupirasse
Pour que vous me repoussassiez !
Fallait-il que je vous aimasse,
Que vous me désespérassiez,
Et qu’en vain je m’opiniâtrasse,
Qu’à vos pieds je me prosternasse
Et que je vous idolâtrasse
Pour que vous m’assassinassiez !
Une recette pour faire la cour, 21.12.1805.
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