Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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28 février 2005

Pour K.

Classé dans : Philosophie — Miklos @ 14:26

Nietzsche philosophait à coups de marteau. Émile-Augustre Chartier, dit Alain (1868-1951), eût choisi le fusain, quelque fin porte-mine ou une plume d’oie, si elle n’avait pas grincé. Tout lui était prétexte à faire de la philosophie, silencieuse et tranquille, mais il voulait — comme il sied à un danseur de ne pas laisser voir dans ses arabesques le travail à la barre qui les prépare — que rien n’apparût de ce qui rend la philosophie identifiable, l’appareillage conceptuel, les références, la systématisation des idées, le gymkhana de la pensée. Aussi, condensées d’écriture et grains de sagesse, l’a-t-il livrée en de célèbres Propos1 — en risquant, il est vrai, d’être pris par les doctes pour un journaliste, un essayiste, ou, au mieux, pour un moraliste.

— Robert Maggiori, Le rouge-gorge d’Alain, in « Un animal, un philosophe », Julliard, 2005. Recueil de chroniques publiées dans Libération au cours de l’été 2004.


1 J’en avais reproduit deux, ici, extraits des Propos impertinents, édités chez Mille et Une Nuits, pour 2€50. Je le recommande vivement à la consommation abusive.2
2 « Le feu de l’admiration est plus nécessaire que l’intelligence, et la critique est un ingrat métier. Pour moi j’en suis encore à ne pouvoir lire un auteur si j’aperçois des notes au bas des pages ; ça pue. » (Alain).

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  1. Alain est hélas un philosophe qui a mal vieilli

    Commentaire par noctis — 28 février 2005 @ 15:12

  2. Alain est, hélas, un philosophe qui ne pouvait pas vieillir.

    Mais il est vrai que tout nous oppose. Ses "Propos sur le bonheur" sont sans doute parmi les choses les plus affligeantes qu’il m’ait été donné de lire en matière de philosophie – et je n’ai pas trouvé d’intérêt à son Spinoza. De guerre lasse, je me suis décidé à le laisser à la mémoire de ceux qui virent en lui un grand pédagogue de la philosophie. Je retiens néanmoins la référence des "Propos impertinents" (de façon générale, je n’aime guère ne pas aimer un auteur pour la raison que je le trouve stupide : je suis certain que je me trompe).

    Peut-être, l’âge venu, saurai-je plus facilement m’accomoder à la limpidité de son style, et de ses concepts sans labyrinthes apparents. Pour l’heure, fascination sans doute, et, très certainement, déformation d’ingénieur, je crois encore que la philosophie est une discipline technique.

    Tout ceci, bien sûr, sous l’égide de la très belle citation de Montaigne, tout-là-haut :o )

    (je me suis senti visé, bien sûr, par le titre de votre (bel) article. N’en serais-je point a cible, le fait demeurerait !)

    Commentaire par kliban — 28 février 2005 @ 20:58

  3. Je tâcherais de trouver "Propos impertinents".

    Commentaire par hugoindigo — 1 mars 2005 @ 19:22

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