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29 avril 2020

Apéro virtuel XXXVIII : le Ramadan – la musique qui tue – la rose fleurit au mois de mai…

Classé dans : Actualité, Arts et beaux-arts — Miklos @ 10:30

Orgue de barbarie

Mardi 28/4/2020

François a présenté un sujet d’actualité pour certains : les pres­crip­tions de comportement durant le Ramadan, en d’autres termes, les interdits allant de l’aube au coucher du soleil durant ce mois. Citant un ouvrage du philosophe et théologien soufi Abû Ḥamid Moḥammed ibn Moḥammed al-Ghazālī (1058-1111), traduit en français sous le titre de Le Ramadan et les vertus du jeûne en Islam , il a détaillé ces interdits – principalement alimentaires –, et notamment ceux concernant la sexualité. Selon Jean-Philippe, ce que ces interdits visent, c’est éviter la rupture du jeûne qui serait plus importante que l’acte lui-même, ce que conteste Michel en faisant le parallèle avec les interdits durant les 25 heures de la fête juive du Grand pardon (ou Kippour), le jeûne (alimentaire) n’était que l’un de ces interdits et tous étant au même niveau d’importance, servant à la mortification de l’individu. François semble confirmer cette dernière opinion, comme quoi le jeûne dans l’Islam est un terme qui recouvre l’ensemble de ces interdits. Françoise (P.) a alors dit que chez les chrétiens, le carême n’est pas une mortification, mais une purification. Michel a rétorqué que l’un ne contredisait pas l’autre&nbp;: selon le Trésor de la langue française, la mortification est un « acte volontaire par lequel on s’inflige une souffrance corporelle ou morale dans un souci de pénitence ou d’élévation spirituelle », ce qui correspond donc aussi à la purification. Sylvie a dit avoir lu que le Ramadan était une période destinée à réfléchir sur soi, à stimuler la spiritualité, et la nuit tombée, avec la rupture du jeûne, une période de convivialité et de sociabilité. À ce propos, Françoise (B.) a entendu un imam sur France Culture expliquer que la dimension festive et festoyante du soir n’était pas correcte selon l’interprétation traditionnelle du Ramadan, c’était uni­quement pour rompre le jeûne mais pas pour s’empiffrer, selon ses propres termes. À une question de Françoise (C.), François a précisé que, si la reprise de toutes les activités interdites de jour (durant le Ramadan) était autorisée de nuit, certains préconisaient de s’abstenir de relations sexuelles durant tout ce mois-là.

Comme il s’était engagé à le faire, et puisqu’on venait de parler d’activités de mortification (mot dont l’étymologie signifie « mise à mort »…), Michel a parlé de la musique qui tue, en littérature (l’épisode de la « chanson qui tue » jouée par un orgue de barbarie dans Le Fauteuil hanté de Gaston Leroux), en musique (Michel a lu un extrait d’un texte qu’il avait écrit en 2005, où il parlait des effets mortifères de l’œuvre Finale du compositeur Mauricio Kagel sur les chefs d’orchestre qui l’avaient dirigée en concert) et au cinéma (avec le meurtre de Myriam sur un air d’orgue de barbarie dans L’Inconnu du Nord-Express de Hitchcock). Et puisque l’orgue de barbarie y est assez présent, Michel a terminé sa présentation avec la projection d’un bref historique de l’instrument, extrait du documentaire L’orgue de barbarie, la mécanique d’un autre temps. Un bref débat a suivi cette présentation : Michel avait remarqué que Gaston Leroux appelait la personne qui jouait de l’orgue de barbarie « vielleux », or la vielle à roue est un autre type d’instrument (à bourdon) que l’orgue de barbarie (à vent)… Il s’est avéré, lors de la rédaction de ce compte-rendu, qu’il y a bien une raison à cette confusion. La seule partie commune à ces deux instruments est la manivelle : du coup, Sylvie nous a montré une brochure concernant Riton la manivelle, qui se produit dans son quartier avec son orgue de barbarie, et nous a raconté une petite anecdote le concernant : alors qu’elle déjeunait en compagnie dans un restaurant où il se trouvait aussi, et discutait avec ses proches en hébreu, voilà qu’il se rapproche d’eux et leur lance, dans un parfait hébreu gouailleur, « Tous des nuls, sauf moi. » Il s’avère qu’il n’est pas hébraophone, mais avait passé un certain temps dans le Club Med à Elath, dans les années 1970, où il avait dû apprendre (surtout) ce type d’expressions.

Sylvie a alors parlé du romancero sefardi, ensemble très riche de chansons en judéo-espagnol (appelé aussi ladino ou djudezmo ou hakitia, voire spaniolit). Cette langue – toujours parlée – et le patrimoine musical qui lui est attaché se sont enrichis par des influences locales au fil des siècles d’exil des descendants des Juifs chassés d’Espagne en 1492 principalement dans les pays du pourtour méditerranéen (notamment Maghreb et Balkans). Elle nous a fait écouter La rosa enflorece (paroles et traduction ici) qui daterait du XIVe siècle et qui était interprétée par le trio vocal Unio. On trouvera sur le site de France Bleu quelques autres inter­pré­tations de leur répertoire, datant de l’émission France Bleu Touraine Live du 30 mars 2019. Michel a raconté que l’adjectif sefardi provient du mot « Sefarad », qui signifie « Espagne », en hébreu (et dénote les descendants des Juifs originaires de la péninsule ibérique), lui-même déjà mentionné dans l’Ancien Testament (livre d’Ovadia ou Abdias, I:20). Sylvie a parlé de l’interprétation de ce trio, qu’elle apprécie particulièrement et qui lui semble plus fidèle au style « d’origine » que celle, par exemple, d’Esther Lamandier, une des interprètes de chansons ladino (ainsi que de chants chrétiens araméens) que Michel (qui avait pris quelques cours avec elle) préfère.

Sur ce, après avoir levé le coude, on leva la séance.

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