Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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28 février 2005

Aimer c’est n’avoir pas à demander

Classé dans : Cinéma, vidéo — Miklos @ 22:36

C’est la vérité de Nora, personnage principal de Rois et reine, le dernier film (2004) d’Arnaud Desplechin, qu’Emmanuelle Devos incarne de façon magistrale et intense, retenue et subtile, qui cache une profonde violence et des sentiments étouffés par l’éducation et qui n’ont jamais appris à s’exprimer. Cette belle indifférente, profondément égoïste (d’où cette vérité si commode pour elle et qui lui permet de tout esquiver) évolue telle une reine mante, en compagnie de son jeune fils innocent, entre son père mourant, son premier mari mort, son ex-compagnon fou et son amoureux si normal. A-t-elle su les aimer, eux qui l’aiment tant au-delà même de la haine et de la mort ? À ses côtés, le beau Joachim Salinger (jeune frère d’Emmanuel, le brun ténébreux découvert par Desplechin dans La Sentinelle et qui lui ressemble tant par son allure, ses regards, son mystère) tendre et attachant, et qui incarne le jeune père mort ; Mathieu Amalric (qui, comme Devos, est un familier de Desplechin), intensément fou, de la folie qui révèle parfois l’essence du monde dans des instants de lucidité qui peuvent faire comprendre qu’on veuille la perdre ; Catherine Deneuve, psychiatre froidement ironique (comme il se doit) qui s’humanise au fil du temps ; Hippolyte Girardot l’avocat juif sepharade hystérique et stone ; la plantureuse noire Elsa Woliaston campant une psychanalyste trop improbable… ils évoluent dans deux histoires parallèles qui s’entrelacent en un chassé-croisé polyphonique : la déchéance parfois cocasse de Mathieu Amalric et le parcours tragique d’Emmanuelle Devos, oscillant entre passé et présent, rêve et réalité, au travers de frontières parfois invisibles. La caméra (un peu trop souvent à l’épaule — ma seule critique) donne un caractère intimiste à cette comédie de la mort et de la vie. On aime (j’ai aimé) ou non (l’ex-femme de Desplechin et ses amis).

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  1. On aime (j’ai aimé) ou non (l’ex-femme de Desplechin et ses amis, et chapichapo).

    Commentaire par chapichapo — 28 février 2005 @ 22:50

  2. chapi, ça va ?

    Commentaire par -alias- — 28 février 2005 @ 23:08

  3. Je n’ai pas vu le film mais ta notule m’a donné envie.. mais je crois que Marianne Denicourt n’a surtout pas apprécié qu’on parle d’elle sans elle…

    Commentaire par zopiros59 — 28 février 2005 @ 23:27

  4. J’ai lu (après avoir vu le film) l’information à son sujet – Denicourt aurait publié un livre contre Depleschin. Mais tout artiste (et non artiste) n’utilise-t-il pas des éléments de son vécu dans son oeuvre ? S’il n’y avait eu cette polémique, je n’en aurais rien su. Mais j’ai écrit ce texte avant d’avoir lu ce remue-ménage.

    Commentaire par miklos — 28 février 2005 @ 23:32

  5. C’est mieux.. le livre est mal écrit , venimeux et sans intérêt réel.. les hululements d’une femme blessée.

    Commentaire par zopiros59 — 2 mars 2005 @ 0:50

  6. Je préfère ne pas m’exprimer sur les blessures des autres. Il y en a qui en font une oeuvre d’art, c’est une autre histoire – on s’exprime alors à propos de l’oeuvre, mais la blessure est une affaire personnelle trop grave pour qu’on s’en mêle – du moins tant qu’elle n’atteint pas les autres, ce qui pourrait être le cas, mais ce n’est alors pas la blessure qu’il faut attaquer, mais ses effets.

    Commentaire par miklos — 2 mars 2005 @ 2:05

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