La modération du Monde à la 1984
Les lecteurs du Monde en ligne – comme ceux d’autres périodiques – ont la possibilité de commenter certains articles (d’autres ne sont pas ouverts aux réactions, sans doute pour éviter des polémiques sanglantes). Ces commentaires n’apparaissent pas en ligne sitôt écrits, ils sont d’abord « modérés » (comme on dit en franglais).
Il me semblait jusqu’ici que le sort d’un commentaire était d’être publié ou non. Je viens de constater qu’il en a un troisième, celui d’être publié après modification par le modérateur, sans avoir demandé l’autorisation de son auteur (qui signe le commentaire) ni mentionner que le texte en question a été modifié par une tierce partie.
En l’espèce, il s’agit d’un commentaire attaché à l’article Quelques heures suffisent au harcèlement moral, selon la Cour de cassation ; il visait à répondre à un commentateur précédent, et disait :
@ jf berthe : entre « contrainte » (votre problème) et « maltraité, mis à l’écart, rétrogradé, dénigré et déchu de quelques responsabilités antérieures » (celle du plaignant) il y a un monde, non ? Votre psychisme est effectivement atteint.
La dernière phrase (citée ici de mémoire, on n’en a pas d’archives) reprenait celle du commentateur en question pour lui retourner sa dérision très mal placée. La modération l’a tout simplement supprimée de la version qu’elle a décidé de publier, sans en changer le nom de l’auteur signataire, comme on peut le constater ci-dessous.
Or les « règles de conduite » imposées par Le Monde à ses commentateurs ne mentionnent que « En réagissant à cette information, vous autorisez la publication de votre contribution, en ligne et dans les pages du Monde », et non pas l’autorisation de modifier la contribution. Le Monde, lui, serait-il dispensé de suivre la règle de conduite qui consiste à respecter le droit moral de l’auteur ?