Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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31 août 2005

America, America

Classé dans : Lieux — Miklos @ 19:44

Extrait d’un entretien que Gore Vidal1 a donné à Lila Azam Zanganeh (Le Monde, aujourd’hui):

Q : Dans cent ans, qu’aimeriez-vous qu’ils [les américains] lisent : vos romans, vos pamphlets ?

R : L’alphabet ! Je veux simplement qu’ils soient en mesure de lire l’alphabet. Je ne suis pas très ambitieux.

Extrait d’une conversation entre collègues, aujourd’hui :

Fabulous2 : non, tu t’imagines le désastre en Louisiane ? Il y en a beaucoup qui ont perdu tous leurs disques durs et même leurs ordinateurs !

Miklos3 : et ceux qui ont perdu leur vie, leur maison, leur nourriture… ? C’est pas un peu plus terrible ?

Pierrot Lunaire4 : tu te rends compte, et moi qui n’en avais pas entendu parler jusqu’à aujourd’hui, c’est fou comme on peut passer à côté de certaines choses !


1 Auteur d’un des premiers romans américains ouvertement homosexuels, The City and the Pillar (1948) et de bien d’autres romans et essais plus intéressants — tels Myra Breckindrige — et souvent polémiques et critiques du conformisme et de l’expansionnisme américains.
2 Jeune américaine hyper-technocâblée.
3 Moi, scié.
4 Jeune français dégingandé intelligent et planant.

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  1. 1. Elle ne riait pas (ni jaune ni autre), elle était sérieuse.

    2. La solidarité ne naît pas ex nihilo, et dans ce genre d’événements elle est souvent un épiphénomène passager, charge émotionnelle surtout, plus rarement un geste, suivi rapidement du business as usual. S’il y avait à espérer quoi que ce soit, c’est que la solidarité existât au quotidien, envers ceux qu’on côtoie sans qu’ils soient forcément médiatisés ou pris dans un événement exceptionnel, pour le besoin, la tristesse, la souffrance individuelle aussi.

    Il est plus facile de ressentir la "commisération" rarement que régulièrement ; tsunamis et catastrophes (e.g., crash d’avions) font probablement venir la larme à l’oeil (ce qui n’a rien de critiquable en soi) de bien de gens qui restent indifférents, par exemple, à la misère dans la rue ou aux victimes d’incendies de squats parisiens (et ailleurs).

    Finalement, cette émotion c’est comme l’amour à propos duquel on dit : "il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour". Ce qu’on ressent ne sert à rien à celui qui est dans le besoin. C’est ce qu’on fera qui pourra avoir un effet. Eventuellement.

    Les occasions de faire existent aussi ici mais il est vrai que se dédouaner la conscience à l’occasion d’un tsunami annuel est plus facile que d’oeuvrer au quotidien. Ainsi va le monde.

    Commentaire par miklos — 3 septembre 2005 @ 8:37

  2. 1. Elle ne riait pas (ni jaune ni autre), elle était sérieuse.

    2. La solidarité ne naît pas ex nihilo, et dans ce genre d’événements elle est souvent un épiphénomène passager, charge émotionnelle surtout, plus rarement un geste, suivi rapidement du business as usual. S’il y avait à espérer quoi que ce soit, c’est que la solidarité existât au quotidien, envers ceux qu’on côtoie sans qu’ils soient forcément médiatisés ou pris dans un événement exceptionnel, envers le besoin, la solitude, la tristesse, la souffrance individuelle aussi.

    Il est plus facile de ressentir la "commisération" envers une foule anonyme qu’une personne ; rarement que régulièrement ; tsunamis et catastrophes (e.g., crash d’avions) font probablement venir la larme à l’oeil (ce qui n’a rien de critiquable en soi) de bien de gens qui ne remarquent plus ou restent restent indifférents, par exemple, à la souffrance silencieuse autour d’eux, à la misère dans la rue ou aux victimes d’incendies de squats parisiens (et ailleurs).

    Les occasions de faire existent aussi ici mais il est vrai que se dédouaner la conscience à l’occasion d’un tsunami annuel est plus facile que d’oeuvrer au quotidien. Ainsi va le monde.

    D’autre part, cette émotion c’est comme l’amour à propos duquel on dit : "il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour". Ce qu’on ressent ne sert à rien à celui qui est dans le besoin. C’est ce qu’on fera qui pourra avoir un effet. Eventuellement.

    Commentaire par miklos — 3 septembre 2005 @ 8:43

  3. Loin de moi de critiquer ce que j’appelais "plus facile" – vaut mieux faire quoi que ce soit que de ne rien faire (pour les autres, je veux dire). Je ne parlais pas de "pensée", mais de "sentiments", et de leur effet sur les autres : sentir du chagrin et de la pitié (par exemple) n’aide pas celui qui crève de faim à ne pas crever ; inversement, quelque soit le motif à l’origine du geste qui lui permettra de ne pas crever de faim (que ce soit une abnégation sublime ou le calcul d’une réduction d’impôt), eh bien, le résultat sera qu’il n’aura pas crevé de faim. Entre l’intention et l’extention, je préfère, dans ce cas, l’extension.

    Quant à ce qui rend sensible à la misère ou la souffrance et mène à agir, je ne sais vraiment pas : il y a des gens qui, étant passés par là, feront beaucoup pour tenter d’aider ceux qui y sont restés ; mais le contraire arrive aussi, une fois sorti, on s’en écarte. D’autre part, il y a des gens qui n’ont pas eu à passer par ce genre d’épreuve pour aider. Va savoir.

    Enfin, ce n’est pas la solidarité à un moment précis dont je doute, mais d’un quelconque effet à plus long terme sur les mentalités individuelles. Des catastrophes, il y en a depuis la nuit des temps, et l’homme a bien peu changé sur son égoïsme fondamental depuis qu’il est sur terre.

    Plus précisemment, en quoi les gouvernements ont changé quoi que ce soit à ce qui est le fondement d’un des principaux problèmes : le principe même de la société de consommation – acheter toujours plus, consommer toujours plus sans considération pour le fait que les ressources ne sont pas infinies même si elles le sont plus pour les nantis que les autres (non je ne prône pas le marxisme léninisme à l’albanaise, ni aucun autre isme) ? il aurait fallu, pour tenter d’inverser ce Moloch qui dévore la terre, autre chose que des politiciens qui pensent à leur prochaine réélection, et donc pour lesquels l’échéance n’est pas les 100 ou 200 années à venir, mais les 2 ou 4 ans qui leur restent. Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark.

    Commentaire par miklos — 4 septembre 2005 @ 0:44

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