Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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6 mars 2005

Arte poetica

Classé dans : Littérature — Miklos @ 12:20

Mirar el río hecho de tiempo y agua
y recordar que el tiempo es otro río,
saber que nos perdemos como el río
y que los rostros pasan como el agua.
 
Sentir que la vigilia es otro sueño
que sueña no soñar y que la muerte
que teme nuestra carne es esa muerte
de cada noche, que se llama sueño.
 
Ver en el día o en el año un símbolo
de los días del hombre y de sus años,
convertir el ultraje de los años
en una música, un rumor y un símbolo,
 
ver en la muerte el sueño, en el ocaso
un triste oro, tal es la poesía
que es inmortal y pobre. La poesía
vuelve como la aurora y el ocaso.

A veces en las tardes una cara
nos mira desde el fondo de un espejo;
el arte debe ser como ese espejo
que nos revela nuestra propia cara.
 
Cuentan que Ulises, harto de prodigios,
lloró de amor al divisar su Itaca
verde y humilde. El arte es esa Itaca
de verde eternidad, no de prodigios.
 
También es como el río interminable
que pasa y queda y es cristal de un mismo
Heráclito inconstante, que es el mismo
y es otro, como el río interminable.

Jorge Luis Borges
(1899-1986)

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  1. Ahahaha ! Sur le point G !

    Commentaire par miklos — 6 mars 2005 @ 14:57

  2. Je veux bien faire la tad’ si vous me laissez un peu de temps…

    Commentaire par ronans — 6 mars 2005 @ 15:09

  3. Si te gusta harcelo, hombre – ¡ por favor !

    Commentaire par miklos — 6 mars 2005 @ 15:13

  4. je vais m’y employer, sans garantie

    Commentaire par ronans — 6 mars 2005 @ 16:40

  5. Voilà:
    Contempler le fleuve fait de temps et d’eau
    Et se souvenir que le temps est un fleuve aussi,
    Savoir que nous nous perdons comme fait le fleuve
    Et que les visages passent comme l’eau.

    Sentir que le veille est elle aussi un sommeil
    Qui rêve de ne point dormir, et que la mort
    Que craint notre chair est cette même mort
    Qui vient chaque nuit, qu’on appelle sommeil.

    Voir dans le jour, dans l’année un symbole
    Des jours de l’homme et de ses ans ;
    Convertir l’outrage des ans
    En une musique, un bruit, un symbole.

    Voir le sommeil dans la mort, dans le couchant
    Un or triste, telle est la poésie
    Qui est immortelle et pauvre. La poésie
    Revient comme l’aurore et le couchant.

    Parfois, le soir, un visage
    Nous regarde du fond d’un miroir :
    L’art doit être comme ce miroir
    Nous dévoilant notre propre visage.

    On raconte qu’Ulysse, rassasié de prodiges,
    Pleura d’amour en retrouvant son Ithaque
    Verte et humble. L’art est cette Ithaque
    Riche d’une verte éternité, non de prodiges.

    Il est aussi comme le fleuve sans fin
    Qui passe et qui reste, toujours le cristal d’un seul
    Inconstant Héraclite, qui est toujours le même
    Et autre pourtant, comme un fleuve sans fin.

    Commentaire par ronans — 6 mars 2005 @ 17:06

  6. Très bien ! Merci. Même simple, ce texte est riche et complexe dans sa micro et macro structure, utilisant parallélisme dans la forme et dans le sens. Il joue, par exemple, sur le double sens de soñar (dormir/rêver) que tu as bien rendue mais dont je ne sais comment rendre l’ambiguïté.

    Au niveau de la strophe, chaque strophe a la forme A B B A, où le dernier mot du 1er vers est identique à celui du 4e, et les deux vers centraux se terminent par un autre mot, aussi identique. Le début des strophes se fait aussi écho (tels les "Ver en el día" / "Ver en la muerte")

    Plus haut dans la forme, la 3e et la 4e strophes répondent à la préoccupation des 1e (temps/fleuve) et 2e (mort/sommeil), reprises à l’inverse dans les 2 dernières (temps, fleuve).

    Un beau poème, merci encore pour ta traduction.

    Commentaire par miklos — 6 mars 2005 @ 17:59

  7. je crois que j’ai fait un faux sens au 6° vers:
    faudrait plutôt dire: "rêvant qu’il ne dort point" c à d qu’il est éveillé

    Commentaire par ronans — 6 mars 2005 @ 21:59

  8. Qui ça, "il"? Je pense que les deux premiers vers (de la 2e strophe) se lisent dans la suite, ainsi:

    Sentir que / la vigilia / es / otro sueño que sueña no soñar // y que la muerte / que teme nuestra carne / es esa muerte de cada noche, que se llama sueño /

    "Sentir que l’état de veille est un sommeil qui rêve qu’il est éveillé…"

    En d’autres termes, c’est le sommeil (personifié comme un état) qui rêve qu’il ‘est (lui, le sommeil), éveillé.

    Qu’en penses-tu?

    Commentaire par miklos — 7 mars 2005 @ 0:48

  9. oui, c’est à peu près ce que je voulais dire, je me suis mal expliqué!

    Commentaire par ronans — 7 mars 2005 @ 1:01

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