Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

This blog is © Miklos. Do not copy, download or mirror the site or portions thereof, or else your ISP will be blocked. 

23 juillet 2011

Cheap flights, cheap flights…

Classé dans : Actualité, Société — Miklos @ 10:56

« Comme c’est curieux, mon Dieu, comme c’est bizarre ! et quelle coïn­cidence ! » se serait exclamée Madame Martin – tandis que Monsieur Martin lui aurait sans doute rétorqué « Comme c’est bizarre, curieux, étrange ! » – si l’un ou l’autre avaient lu ce blog et pris, ultérieurement, le vol Air France de Paris à Dublin, hier.

Ils auraient choisi un bagage dont les dimensions auraient permis de le prendre à bord, car ils n’aiment pas attendre, parfois pendant de longues heures (et quelques fois plusieurs jours), son éventuelle récupération sur un tapis roulant désespérément vide.

Ils auraient ensuite attendu dans le gigantesque, caverneux et labyrinthique terminal 2E de l’aéroport Charles-de-Gaulle qu’un car vienne les transporter, non pas jusqu’à Dublin (quelle horreur ç’aurait été, attendez un instant et vous serez d’accord) mais jusqu’à l’appareil qui devait être si petit que les passerelles n’auraient pu s’abaisser jusqu’à lui.

Quand finalement celui-ci serait arrivé dix minutes après l’heure d’embarquement indiquée imperturbablement comme « à l’heure », il afficherait comme destination « Newark ». Au moment de s’y engouffrer, ils se seraient vu étiqueter leur minuscule bagage à main afin qu’il leur soit confisqué pour aller en soute.

Entrés dans le car, leurs tympans auraient été percés par une alarme stridente qui y retentirait en permanence. Doigts dans les oreilles, ils l’auraient signalé avec désespoir au conducteur. Celui-ci, bien isolé phoniquement dans sa cabine, aurait répondu « Je ne sais pas ce que c’est, que voulez-vous que j’y fasse ? ». Ils se seraient alors demandé avec angoisse, et si c’était une alarme réelle ?

Les portes se seraient fermées, le car aurait effectué son long parcours dans l’aéroport jusqu’au coucou en question. Comme ç’aurait été bizarre, curieux, étrange ! Ce n’est pas un Airbus 380 d’Air France, mais un Avro RJ85 (modèle 1982) de CityJet, une compagnie irlandaise. Monsieur et Madame Martin auraient senti un début d’angoisse les saisir au souvenir de la relation de Fascinating Aida d’un vol à bas coût à destination de l’Irlande.

Le bus se serait arrêté au pied (plutôt aux roues) de l’avion, aurait éteint son moteur puis attendu que l’on lui donnât le signal qu’il pouvait laisser débarquer nos Martins et leurs infortunés compagnons de voyage enfermés dans cette boîte de conserve toutes portes closes, aux vitres fixes et sans climatisation, la chaleur croissante remplaçant le son de la sirène qui les avait accompagnés jusque là, tandis que du personnel montait et descendait de l’avion (tels les anges dans le songe de Jacob) les bras chargés de sacs remplis de détritus. Un voyageur plus énervé que les autres aurait tambouriné sur la vitre insonorisée séparant le conducteur des prisonniers pour lui intimer de mettre en marche l’aération. Un bruit encourageant en provenance du plafond se serait fait entendre, mais sans autre effet perceptible, ni courant d’air, ni baisse de température.

Plus tard – ils auraient perdu la notion du temps – ils seraient enfin sortis de ce conteneur pour passagers clandestins, se seraient vu délestés de leur bagage à main, et seraient entrés dans l’avion. Monsieur Martin se serait retrouvé assis auprès d’un passager qui débordait en largeur, le pauvre, sur les deux sièges voisins tout en parlant d’une voix tonitruante à son compagnon de voyage.

Heureusement, le bruit des moteurs de l’avion qui se préparerait enfin à partir à l’heure avec un long retard, aurait recouvert celui des voix. Le personnel aurait démontré l’usage des ceintures de sécurité, des masques à oxygène et des poupées gilets de sauvetages gonflables que les Martins ne pouvaient voir, les dossiers des sièges étant trop hauts, tandis qu’ils entendaient une petite voix derrière eux demander avec crainte, « Maman, si on tombe dans l’eau, on fait quoi ? parce que moi, je n’ai pas envie… ».

Une fois en l’air, une annonce aurait été faite, comme quoi suite à un problème de chaudière les passagers seraient privés de thé et de café, dramatique information pour notre couple, Madame Martin, très british, préférant l’infusion de Ceylan tandis que Monsieur Martin apprécie un petit noir corsé.

La stewardesse – c’est ainsi que notre couple les appelle encore – leur aurait donc servi un jus de pomme et aurait fait tomber le récipient, heureusement vide, dans le giron de Monsieur Martin, et se serait excusée à demi mot, d’une voix plus revendicatrice qu’attristée, comme si ç’avait été sa faute à lui de s’être trouvé là.

Ce qu’il aurait commencé à bien vouloir croire.

Un commentaire »

  1. [...] la salle de la police aux frontières du gigantesque, caverneux et labyrinthique terminal 2E dont on avait récemment évoqué les joies), plusieurs centaines de voyageurs font la queue devant trois guichets de la police aux [...]

    Ping par Miklos » Mais que fait donc la police aux frontières ? — 2 août 2011 @ 2:16

Flux RSS des commentaires de cet article. TrackBack URI

Laisser un commentaire

XHTML: Vous pouvez utiliser ces balises : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

The Blog of Miklos • Le blog de Miklos