Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

This blog is © Miklos. Do not copy, download or mirror the site or portions thereof, or else your ISP will be blocked. 

5 octobre 2011

L’homme qui a inventé l’internet

Classé dans : Histoire, Sciences, techniques — Miklos @ 1:12

« … quant à moy j’aimerois mieux estre icy le premier, que le second à Rome ». — Plutarque, Vie de Jules César, trad. Amyot.

“And we believe that we are entering a technological age in which we will be able to interact with the richness of living information—not merely in the passive way that we have become accustomed to using books and libraries, but as active participants in an ongoing process, bringing something to it through our interaction with it, and not simply receiving something from it by our connection to it.” — J.C.R. Licklider et Robert W. Taylor, “The Computer as a Communication Device”, in Science and Technology, 1968.

Il se raconte. Il était précoce, revendique-t-il : en 1983, à 17 ans déjà, il avait découvert l’informatique, il jouait sur des Apple II. Pas satisfait avec qu’il y trouve, il se met à développer, en autodidacte, des jeux [principalement, semblerait-t-il, des portages et des améliorations d’applicatifs existants…] et, plus tard, un « logiciel d’étude biblique », destiné à mettre en regard la source (en hébreu) avec l’une parmi certaines de ses traductions [à l’interface de navigation très malcommode, et, dans une de ses déclinaisons, à la ponctuation et vocalisation trop approximatives de la source ; voyez par exemple The Unbound Bible, autant pour sa simplicité d’utilisation et son ergonomie que pour le bien plus grand choix de versions].

Voulant toujours aller de l’avant, il maîtrise langage informatique après langage : si en une heure il n’en comprend pas le principe, c’est que l’effort n’en vaut pas la chandelle et il passe au suivant. Il mange à tous les râteliers : Apple, NeXT, Microsoft (dont il précise qu’il détenait des stocks options, mais la bulle crevant…). En 1987, il invente un logiciel de présentation sur Apple qui préfigure PowerPoint. [En 1987, HyperCard, un système bien plus prometteur et porteur – il a été utilisé jusqu’en 2004 – est développé sur Apple ; il pouvait non seulement être utilisé pour des présentations, mais préfigurait, lui, l’hypertexte du Web].

En 1991, il prédit l’arrivée de l’internet [L’internet en tant que tel a été mis en œuvre dans le début des années 1980 et était arrivé en France vers 1989 ; auparavant, d’autres réseaux informatiques reliaient des ordinateurs entre eux ; en France, le réseau uucp – connecté à d’autres pays –, était fonctionnel depuis le début des années 1980.] et ce qu’on pourra y faire, par exemple partager le savoir en combinant des textes et des images prises ici et là sur le réseau [ce qui avait été « prédit » en 1945 dans un essai visionnaire, As We May Think, par Vannevar Bush, et, une génération plus tard, en 1968 – l’ordinateur était déjà là mais grand, lourd et essentiellement isolé – par Licklider dans The Computer as a Communication Device, texte que l’on trouvera ici avec un autre de ses textes fondateurs, et dont l’extrait en exergue indique bien le côté prémonitoire.]

Puis avec l’invention du Web et du langage HTML sous-jacent, au CERN, basé sur des développements Apple [HTML est en fait dérivé de SGML, un langage à balises à portée très générale, lui-même dérivé de GML, inventé dans les années 1960 chez IBM ; c’est lui qui donnera naissance aussi à XML à la fin des années 1990.], il appréhende leur portée et s’approprie de nombreuses technologies (langages, environnements).

Et ainsi, modestement, presque gêné, il détaille tout ce qu’il a découvert, inventé et développé, ce qu’il a maîtrisé et ce qu’il a méprisé, tous les postes qu’il a occupés, dans une litanie longue comme un jour sans pain à laquelle l’organisateur a du mal à mettre un terme (pour une petite pause).

Cette conférence, qui se tenait dans un cadre universitaire, avait pour sujet annoncé l’actualité des nouveaux langages et outils de développement Web. Or à la fin de ces 90 minutes – qui devaient être suivies d’une autre période de même longueur qu’on n’a pas eu le courage ou la patience de subir – nihil novi sub sole : rien d’actuel, rien de neuf, rien de Web dans tout qu’il a raconté à son auditoire composé de jeunes étudiants qui n’avaient sans doute pas le recul historique et critique (contrairement à deux ou trois autres auditeurs avertis dont nous faisions partie, qui avaient commencé leurs carrières respectives en informatique avant la naissance de l’homme-qui-a-inventé-l’internet) pour apprécier l’intérêt et l’exactitude de l’exposé.

On se gardera de critiquer la démarche de l’autodidacte (il se revendique comme tel) et ses acquis sans doute bien réels, mais on se permettra de signaler tout de même qu’un apprentissage – de quelque matière que ce soit, d’ailleurs – ne devrait pas uniquement concerner des compétences techniques pour l’utilisation d’un outil, mais aussi son histoire et sa mise en perspective, ce qui évite parfois de réinventer la roue. Mais c’est si agréable, d’être le premier…

Pas de commentaire »

Pas encore de commentaire.

Flux RSS des commentaires de cet article. TrackBack URI

Laisser un commentaire

XHTML: Vous pouvez utiliser ces balises : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

The Blog of Miklos • Le blog de Miklos