Journalisme comparatif
Le regroupement électronique d’articles de la presse consacré à un même sujet montre en général un traitement identique, presque au mot à mot : pas étonnant, les sources des principales informations sont limitées à quelques agences, et les journaux n’hésitent pas à les reprendre telles qu’elles.
On est d’autant plus surpris quand on lit dans deux journaux une chose et son contraire. C’est le cas avec l’annonce de la découverte d’une bactérie, l’entérocoque résistant à la vancomycine (ERV) dans les hôpitaux de la région parisienne, et qui aurait contaminé 313 personnes en deux ans. Jusqu’ici, tout le monde s’accorde. Mais voici ce qu’affirme Libération :
En deux ans, elles ont réussi à contaminer, sans pour autant les rendre malades, 313 personnes dans les hôpitaux de l’Assistance publique – hôpitaux de Paris. Et « il n’y a aucun décès survenu à l’hôpital dont on puisse dire “ L’ERV l’a tué ” »,précise Vincent Jarlier, responsable des infections nosocomiales pour l’AP-HP.
tandis que L’Express – à l’instar d’une dizaine d’autres publications – titre « Une bactérie a fait 3 morts dans les hôpitaux d’Île-de-France » en citant Reuters :
Parmi elles, 53 ont développé une pathologie sous forme d’infections urinaires. L’établissement le plus touché serait le CHU de Bicètre, où la souche a contribué depuis août 2004 au décès de trois patients, selon un bilan effectué par l’Institut de veille sanitaire.
C’est Le Nouvel Obs, citant l’agence Associated Press, qui propose un article plus détaillé que ses confrères.
À la lecture de ces quotidiens, on est frappé que l’AP-HP (selon Libé) semble nier la létalité de cette bactérie dans ses hôpitaux à l’opposé de l’Institut de veille sanitaire (selon les autres sources) – les termes utilisés par ces deux organismes ont dû être attentivement choisis –, et qu’aucun de ces journaux n’ait soulevé cette apparente contradiction.