Être informé de tout et condamné ainsi à ne rien comprendre, tel est le sort des imbéciles.
Selon le magazine Nature, l’administration Bush aurait bloqué la diffusion d’un rapport qui suggère que le réchauffement global contribue à la fréquence et à l’intensité des tornades. Ce rapport avait été préparé en mai par des climatologues de l’Administration nationale océanographique et atmosphérique américaine. Au moment où il allait être publié, un courrier électronique émanant du Ministère du commerce, tutelle de ce département, leur aurait été envoyé indiquant que le rapport devrait être rendu « moins technique » et non publié. (Source : Live Science). Ce ne serait pas la première fois : James Hansen, de la Nasa, affirme avoir été muselé depuis les années 80 par l’administration américaine lorsqu’il aborde le sujet du réchauffement climatique.Ce triste constat de Bernanos pourrait s’appliquer en général au monde de surinformation dans lequel nous vivons (et on n’a encore rien vu), mais il est d’une brûlante actualité, si l’on peut dire, lorsqu’on se voit confirmer, de plus en plus fréquemment, l’avenir que nous sommes tous en train de faire et dont nous commençons à subir les conséquences.
Un article publié hier par la revue de l’Académie nationale des Sciences américaine (signalé par le Nouvel Obs) révèle que la température de la Terre n’a pas été aussi élevée depuis le Holocène, et qu’elle n’est qu’à un degré de la température la plus élevée du million d’années passées. Les chercheurs relèvent d’autre part que le journal Nature a rapporté que 1.700 espèces de végétaux, d’animaux et d’insectes se sont déplacées vers les pôles à une vitesse d’environ 6,5 kilomètres par décennie durant la deuxième moitié du 20e siècle.
L’auteur principal de cet article, James Hansen, directeur de l’institut Goddard des études de l’espace de la Nasa, affirme qu’il ne reste que dix ans pour réagir avant que des cataclysmes ne se déchaînent sur la terre.
Quant à James Lovelock, autre chercheur de renommée mondiale, il prévoit qu’« en 2020-2025, on pourra voguer en voilier jusqu’au Pôle Nord. L’Amazonie sera devenu un désert, les forêts de Sibérie brûleront et dégageront encore plus de méthane, et les épidémies réapparaîtront », avec, à la clé, sècheresse et tornades dévastatrices, migrations de centaines de millions d’humains vers les zones polaires, conflits et morts.
Ce qui était le sujet de romans de science-fiction de Ballard devient un futur annoncé. Le futur que nous collaborons tous à faire. Où est le politicien, qui tel un Churchill, nous annoncerait « I have nothing to offer but blood, toil, tears, and sweat. We have before us an ordeal of the most grievous kind. We have before us many, many months of struggle and suffering. » (Je n’ai rien d’autre à vous offrir que le sang, le dur labeur, les larmes et la sueur. Nous devons faire face à une épreuve terrible. Nous avons devant nous de nombreux mois de conflit et de souffrance). Et s’il s’en trouvait un, serait-il élu ? « On ne subit pas l’avenir, on le fait. » (Bernanos)
Surinformé et mal informé : tout à fait d’accord. Depuis l’apparation des aggrégateurs de presse en ligne, on a droit à un choix éditorial sur le web mondialisé, unique et universel que l’on retrouve à l’identique sur nos radios et télés … J’avais déjà été surpris au moment du débat sur la TNT (qui revient avec la radio numérique) de l’insolence technocratique qui affichait clairement le désir de réguler les canaux alors même que la technique les multiplie à l’infini … Bravo pour votre blog que je dévouvre avec plaisir. Sur le réchauffement on m’a conseillé « L’histoire secrète du plomb » de Jamie Lincoln Kitman aux éditions Allia (2005) ainsi que RAPPORT SECRET DU PENTAGONE SUR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE de SCHWARTZ, PETER & RANDALL, DOUG toujours chez ALLIA.
Il me semble que les pires représentants de l’humanité finiront dans une sonde naviguant dans l’espace avant de disparaître à leur tour …
MKL
Commentaire par Miki — 3 octobre 2006 @ 8:49
En ce qui concerne la démultiplication à l’infini de l’information – et de la désinformation – via le numérique, indifférent qu’il est au contenu, comme le sont souvent ceux qui prennent pour parole d’Evangile ce qui est écrit (on disait autrefois « puisque c’est dans le journal, c’est que c’est vrai » – maintenant c’est le cas du Web, c’est ce que je disais dans l’article précédent) : c’était aussi le cas à la télévision (il n’y avait qu’à comparer les JT des différentes chaînes, à peu de choses près les mêmes sujets).
Les réelles sources d’information sont limitées, et quand on veut faire vite, on prend ce qui est, on le transforme ou non, on le reproduit. C’est la nécessité de la vitesse, d’être les premiers à dire quelque chose (cf. l’avant-dernière photo de http://mmdl.free.fr/ParisMurs/).
Le lecteur, sous cette avalanche d’ »information », a deux stratégies possibles : prendre ce qui vient en premier et est le plus fort/le plus sexy (aucune allusion aux principaux candidats d’une élection future dans un pays que nous ne nommerons pas), ou tenter de filtrer tant bien que mal (en choisissant ses sources, en comparant les informations, en réfléchissant – ce qui demande du temps qu’on essaie de nous abolir).
Quant aux « histoires secrètes » et « rapport secret », cela me fait trop penser aux X-Files (qui me plaisaient bien avant qu’elles ne donnent dans la religiosité à outrance) pour accorder a priori de l’attention à ce qui s’intitule ainsi. Je serais plutôt tenté de lire le livre de Lovelock (cf http://blog.le-miklos.eu/?p=365).
Commentaire par Miklos — 3 octobre 2006 @ 13:15
[...] James Lovelock, dont nous avions traduit un entretien en 2006 à ce propos, et James Hansen, dont nous avions aussi parlé cette année-là). En conclusion, il se garde bien de fournir des solutions à des problèmes [...]
Ping par Miklos » La vérité est ailleurs, ou, de quelques célèbres gogos de Wikipedia et de l’internet — 9 juin 2010 @ 0:32