Scène de la vie parisienne
Le petit groupe de touristes, visages tournés vers le Centre Pompidou, écoute la guide, qui leur explique en hébreu avec une pédagogie appliquée la signification des couleurs des tuyaux, visibles et invisibles. Puis, se tournant vers la fontaine aux automates, elle attire doctement l’attention de son troupeau sur ses personnages, qu’elle affirme être « l’œuvre du sculpteur Miró qui est exposé au Centre Pompidou » et fort représentatives « de son style si typique ». Elle ajoute que la fontaine, réalisée en l’honneur du célèbre compositeur Igor Stravinski, joue plusieurs fois par jour des extraits de sa musique. Lorsque je lui glisse à l’oreille qu’il ne s’agit pas de Miró mais de Niki de Saint Phalle, et que la fontaine est musicalement silencieuse, elle me répond d’un air étonné : « Ah ! ce n’était pas ce qu’on m’avait dit ». Ces légendes sont tenaces, comme me le confirmera quelques instants plus tard l’aimable patronne de Dame Tartine (dont je vous recommande vivement en passant le tartare de saumon et le pavé au chocolat).