Le mamamouchi truc(ulent)
ACTE TROISIÈME.
Le théâtre représente la façade d’un palais turc.
On lit sur un cartouche : Palais des Trucs.(…)
Vertugadin.
Ah çà ! où sommes-nous ?
Turlututu.
Je n’en sais rien ; mais voici une habitation, il doit y avoir un portier, et en lui parlant…
Vertugadin.
C’est ça, parlons au portier. (Remontant au fond.) Tiens ! il y a quelque chose d’écrit… (Lisant.) « Palais des Trucs. » Sais-tu ce que cela veut dire : Palais des Trucs ?… (Ici l’R et l’U changent de place sur l’inscription, on lit : Palais des Turcs.)
Turlututu.
Ah ! mon honorable collègue d’infortune, je ne voudrais pas vous dire des choses désagréables, mais vous ne savez pas lire.
Vertugadin.
Comment, je ne sais pas lire ! c’est moi qui fus le précepteur du roi.
Turlututu.
Vous dites palais des trucs, et il y a : palais des Turcs. (Ici l’inscription reprend sa première forme.)
Vertugadin, regardant l’inscription.
T, r, u, c, s, trucs… Allez donc à l’école, pêcheur, lâchez de savoir aussi bien que le roi, lire !… (L’inscription reprend sa deuxième forme.)
Turlututu.
Lassons le roi Lear en plan,
Plan, plan,
Tirelire en plan !…(Lisant.) T, u, r, c, s, Turcs… Seigneur, vous êtes une oie !…
Vertugadin.
Comment, vous me soutiendrez… (L’inscription disparaît complètement.) Ah !…
Turlututu.
Ah !…
Vertugadin.
Tiens !… c’est le palais de rien du tout, maintenant.
Turlututu.
Alors nous devons être dans le département de pas grand’chose.
Vertugadin.
Mais il y avait trucs ;
Turlututu.
Non, il y avait Turcs.
Vertugadin.
Air de la Petite Poste de Paris.
Moi, Je suis sûr q-
u’il y avait : Trucs.Turlututu.
Moi, je suis sûr q-
u’il y avait : Turcs.Vertugadin.
Hé ! non, mon prince, il y avait : Trucs.
Turlututu.
Hé ! non, seigneur, il y avait : Turcs.
Vertugadin.
Alors, c’était un truc à Turc.
Turlututu.
Ou bien, c’était un Turc à truc.
Au surplus. nous allons bien savoir : voilà une petite sonnette, et en l’agitant doucement… (il tire avec précaution le cordon qui pend à la porte, on entend une grosse cloche retentir avec fracas.)
Turlututu chapeau pointu, grande féérie en trois actes et trente tableaux par MM. Clairville, Albert Monnier et Édouard Martin. Représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre impérial du cirque, le 14 janvier 1858.
On attirera l’attention de nos chers lecteurs sur les significations respectives de vertugadin et de turlututu.