L’Histoire telle qu’elle se raconte
Commentaire d’un lecteur anonyme à l’article « Iran : bombarder ou pas ? » de Natalie Nougayrède (Le Monde en ligne du 13/02/2012) :
Les Israéliens préféreraient de loin que ce soit l’US Army qui frappe l’Iran, comme ils avaient préféré que ce soit les forces de Tarik, le musulman, qui envahissent l’Espagne en 711.
L’État d’Israël n’ayant été établi qu’en 1948, on devine sans peine ce que cet amalgame insinue ainsi. Mais au-delà de son anachronisme idéologiquement sulfureux, ce commentaire plus que douteux tord le cou à la logique : « ils » avaient préféré les forces de Tarik à celles de qui d’autre ?
De l’US Army, bien évidemment. Ou, comme l’écrit bien plus scientifiquement Benoît Larbiou :
En d’autres termes, l’aspect sulfureux et anachronique parce que grossier et daté du paradigme raciologique (donc de la science raciologique) ne cache-t-il pas une survivance de ces principes de perception ethnicisés, comme en témoigne la fortune des catégories de perception telles que Français de souche (reformulation de la « souche française » de Martial) et le seuil de tolérance (très proche de la « faculté d’absorption).
Benoît Larbiou, « Les usages stratégiques de la “race” par les experts dans la France de l’entre-deux-guerres », in [Actes du colloque] De la discrimination dite « éthnique et raciale ». Discours, actes et politiques publiques – entre incantations et humiliations. Festival Hommes et Usines, Talange. L’Harmattan, 2009.