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8 janvier 2008

Fêtes de la musique

Classé dans : Musique — Miklos @ 2:09

« Les souvenirs sont nos forces. Quand la nuit essaie de revenir, il faut allumer les grandes dates, comme on allume des flambeaux. » — Victor Hugo

« Il est prouvé que fêter les anniversaires est bon pour la santé. Les statistiques montrent que les personnes qui en fêtent le plus deviennent les plus vieilles. » — Den Hartog

Rien qu’à Paris, on trouve des rues du 8 mai 1945, du 29 juillet et du quatre septembre (qui s’appelait avant rue du dix décembre), ainsi que les places du 19 mars 1962, du 18 juin 1940, du 25 août 1944, du 8 novembre 1942 et du 11 novembre 1918, et même la place du Trocadéro-et-du-11-novembre ; à Rueil Malmaison, une rue du 19 janvier ; à Grosbliederstroff, une rue du 18 février ; à Toulouse, une rue du 10 avril et la cité du six avril 1944 ; à Clermont Ferrand, une place du 1er mai ; à Abbeville, des rues du 20 mai 1940 ; à Cognac, une rue et une impasse (!) du 14 juillet ; à Saint-Quentin (Aisne), une place du 8 octobre 1870 ; à Châteaudun, une place du 18 octobre ; à Dijon, une place du 30 octobre ; à Kogenheim, une rue du 1er décembre.

Plus le temps passe, plus il y a d’anniversaires, de naissances, de mariages et de décès, de paix et de guerres, d’événements et parfois de non-événements. On les marque pour fixer le souvenir des disparus, on compte ceux des vivants afin de se donner l’illusion de vaincre, temporairement du moins, la mort. Pour ces derniers, la fréquence augmente avec l’âge (tous les dix ans, puis tous les cinq ans…). Les trophées de survie de mariages se font plus spectaculaires avec les décennies qui passent : si l’on connaissait les noces d’argent (25 ans), d’or (50 ans) et de diamant (75 ans), s’y est rajoutée – commerce oblige – une pléthore d’autres célébrations allant des noces de coton (1 an… et il y en a qui ne passent même plus ce cap) au platine (70 ans) puis au chêne (80 ans), auxquelles on est bien forcé de rajouter, à mesure que l’espérance de vie se rallonge, celles de granite (90 ans) et… d’eau (100 ans). Que restera-il pour les générations suivantes, celles de l’air puis du vide ? C’est sidéral, pardon, sidérant.

La musique classique ne perd pas une occasion de rappeler la mémoire de ses chers disparus pour organiser moult concerts et vendre des coffrets d’anthologie à tout venant. Les 250 ans de la naissance de Mozart (il était né un 27 janvier 1756), aimé de Dieu et du grand public, ont fait l’effet d’un bouche-à-bouche providentiel à l’industrie du disque qu’on dit moribonde (fêtera-t-on les anniversaires de sa mort ? on célèbre bien celui de sa naissance), et il est probable que les anniversaires des 250 ans du décès de Haendel (le 14 avril 1759) et du bicentenaire de celui de Haydn (31 mai 1809) en 2009 auront des retombées financières assez importantes. Comme quoi, si on ne meurt qu’une fois, on renaît périodiquement tous les cinquante ou cent ans, surtout si on est connu.

Cette année verra célébrer deux importants centenaires musicaux : ceux des naissances d’Olivier Messiaen (né le 10 décembre 1908 et décédé le 27 avril 1992) et d’Elliott Carter (né un jour après Messiaen et toujours vivant et actif).

En sus des aspects novateurs de son œuvre, l’influence de Messiaen sur le cours de la musique au XXe en tant que pédagogue est comparable par son ampleur à celle de Nadia Boulanger : parmi ses élèves, on compte Yvonne Loriod (née en 1924) qu’il épousera, Pierre Boulez (né en 1925), György Kurtág (1925), Pierre Henry (1927), Karlheinz Stockhausen (1928-2007), François Bayle (1932) ou Iannis Xenakis (1922-2001), mais aussi la relève : Gérard Grisey (né en 1946, prématurément disparu en 1998), Tristan Murail (1947), Michaël Lévinas (1949) ou George Benjamin (1960). L’association Messiaen 2008 informe et coordonne les événements qui marqueront cet anniversaire au cours de l’année.

Quant à Elliott Carter, il compose toujours. La création mondiale de son Concerto pour cor a été donnée en novembre par le Boston Symphony Orchestra, suivie de peu par la création new-yorkaise de son unique opéra, What Next ? Son nouveau Concerto pour piano devrait, lui, être joué bientôt pour la première fois. Outre les concerts de ses œuvres ou à son honneur (notamment le Ten for Carter, qui comprendra dix œuvres commandées à dix compositeurs à cette occasion), un colloque international lui sera consacré à Paris. So, happy birthday, Mr. Carter (à ne pas confondre avec le célèbre Happy Birthday, Mr President).

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