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« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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23 mars 2012

De l’opinion des auteurs français à propos des hommes et des femmes au XVIe siècle

Classé dans : Littérature, Société — Miklos @ 1:03

Femme. Muable, tromperesse, che­ve­lue, malicieuse, compagne de l’homme, belle, pusillanime, gente, ba­bi­llarde, fine, vengeresse, sotte, volage, in­dis­crète, furieuse, superbe, revêche, mam­melue, envieuse, passionnée, bar­gui­gnardeQui emploie son temps à ne rien faire qui vaille, qui conteste sur des choses de peu d’importance., chiche, dé­dai­gneuse, char­me­resse, imbécile, double, fière, dé­li­cate, légère, inu­tile, ve­ni­meuse, las­cive, fardée, ja­louse, fâ­cheuse, im­pa­tiente, men­son­gère, propre, déloyale, mé­na­gère, avare, fra­gile, mau­vaise, obs­tinée, soup­çon­neuse, in­cor­rigible, peu­reuse, âpre, mariée, que­rel­leuse, vile, dis­solue, per­ru­quée, varia­ble, im­pu­dique, frau­du­lente ou frau­dul­euse, criarde, affec­tée, pleu­reuse ou pleu­rarde, cau­te­leuse, passion de l’homme, mi­sé­ra­ble.
Les dimDiminutifs.. Femmette et Femmelette. Simple, douce, peu cauteRusée., joyeuse, do­cile, pru­dente, jolie, belle ou bel­lotte, dé­bon­naire, amou­reuse, brune, niceSimple, niaise., gaie, aimable, jeune, mi­gnonne ou mi­gnarde, di­li­gente, hon­nête soulasConsolation. de l’homme, fidèle, gente ou gentille, ouvrière, ingénieuse, active.

Homme. Mortel, caduque, fragile, girouette inconstante, songe, fumée, terrestre, feuille des bois, misérable, risible, menteur, docile, jonc d’étang, belliqueux, membru, robuste, jouet de bise, terrien, passible, vain, petit monde, gracieux, libéral, imparfait, raisonnable, journalier, pécheur, image de Dieu, communicable, vil, charnu, laborieux, fautierSujet à faillir., noble, créature sociable, gentil, mondain, accostable, viril, charnel ouvrage limoneux, viateurVoyageur. subtil, muable, sensible, fils d’Adam, régénéré, maladif, ingénieux, cor­rup­tible, nu, officieux, contemptible, jouet de fortune, hono­rable, civil, ambitieux, opiniâtre, chiche, léger, instable, ouvrier, fils du temps, doux, terre animée, immonde, bouteille d’eau, fuyard, évanouissant, ombre vivante, industrieux, sujet de douleur, impuissant, proie du temps.
Le dimDiminutif.. Hommelet.

L’année 1582 voit la publication des Épithètes de M. de la Porte, parisien. Livre non seulement utile à ceux qui font profession de la poésie, mais fort propre aussi pour illustrer toute autre composition française, d’où sont tirées les deux listes ci-dessus : il s’agit d’une compilation des qualificatifs accolés à des termes – ici, homme et femme – dans la littérature en français du XVIe siècle. L’auteur, Maurice de la Porte, était décédé en 1571 à l’âge de 40 ans, sans doute peu après avoir achevé l’ouvrage. Dans l’introduction, qu’il adresse à François Pierron, grand vicaire de Monseigneur l’abbé de Molesmes, il en explique la genèse :

Ainsi moi-même lorsque j’étais en votre maison seigneuriale de saint BeroingSaint Broing (Haute Saône). (plaisant séjour pour un homme d’étude) […], il me souvient qu’ayant entre mes mains les doctes œuvres de monsieur de Ronsard, prince de tous les poètes français, je fus tellement amorcé de sa douce-grave poétique science, que jamais ne les abandonnai que premièrement je n’en eusse extrait les épithètes, lesquels je voyais par lui si proprement accommodés : lesquels, dis-je, outre la grâce, force et vertu qu’ils donnent à sa poésie, ils servent grandement à l’explication d’icelle. Après vous avoir montré ce commencement, vos propos me firent connaître l’affection que vous aviez que ce labeur fut poursuivi, de sorte que me pensant excuser sur ma petite érudition et faible jugement, je fus vaincu par vos impérieuses prières. Pour cette cause continuant à lire ordinairement nos meilleurs auteurs français, et tirant d’eux ce qui était propre à mon sujet, j’ai exécuté votre commandement avec tel devoir qu’aujourd’hui je prends la hardiesse de me présenter devant vos yeux, pour (s’il faut ainsi parler) en requérir acte.

et, dans l’introduction au lecteur, il résume :

Je désire que tu saches, Lecteur, comme j’ai fait [c]e recueil d’épithètes, m’amusant à lire les plus fameux poètes français, outre lesquels j’ai lu pareillement en prose les meilleurs auteurs traduits en notre vulgaire.

Ambroise de La Porte (mort à 28 ans en 1555), frère aîné (et non fils) de Maurice, avait aussi publié un livre mais d’un tout autre genre : Livret de folastries, à Janot Parisien, plus, quelques épigrammes grecs et des dithyrambes chantés au bouc de Etienne JodellePoète et dramaturge français, l’une des gloires — mais la plus méconnue — de la Pléiade,
Jodelle est aussi musicien, peintre, architecte, orateur et « vaillant aux armes ». (Encycl. Universalis)
, poète tragique.
Ce texte, publié en 1553, est attribué à Ronsard dans le catalogue de la bibliothèque nationale de France (et ailleurs). Et pourtant, la Bibliothèque française, ou Histoire de la littérature française de l’abbé Goujet (1747) nous dit que :

Dans celle [une de ces Gayetés] qu’il [Olivier de Magny] envoie à Ambroise de la Porte, Parisien, il nous fait connaître que ce dernier est l’auteur d’un petit recueil de poésies anonymes, qui parut en 1553 à Paris sous le titre Livret de folasteries, à Janot Parisien […]. Magny, à qui Ambroise de la Porte envoya ce livre, dit que lui et sa maîtresse le lurent avec avidité, et qu’il les réjouit beaucoup l’un et l’autre.

Il y a de quoy, pardon, de quoi : voici les trois premiers couplets de la première folâtrie :

Une jeune pucelette,
Pucelette grasselette,
Qu’éperdument j’aime mieux
Que mon cœur ni que mes yeux,
A la moitié de ma vie
Éperdument asservie
De son grasset embonpoint ;
Mais fâché je ne suis point
D’être serf pour l’amour d’elle.
Pour l’embonpoint de la belle
Qu’éperdument j’aime mieux
Que mon cœur ni que mes yeux.
 
Las ! une autre pucelette,
Pucelette maigrelette,
Qu’éperdument j’aime mieux
Que mon cœur ni que mes yeux,
Éperdument a ravie
L’autre moitié de ma vie
De son maigret embonpoint ;
Mais fâché je ne suis point
D’être serf pour l’amour d’elle.
Pour l’embonpoint de la belle
Qu’éperdument j’aime mieux
Que mon cœur ni que mes yeux.
 
Autant me plaît la grassette
Comme me plaît la maigrette
Et l’une à son tour autant
Que l’autre me rend content.
(…)

On trouvera, sur le site au joli nom de Préambules de l’innombrable, une transcription moderne d’importants extraits des Épithètes (à l’exclusion des… préambules de l’auteur de l’ouvrage).

2 commentaires »

  1. y’a femmelette mais par hommelette, parce que les hommelettes sont des femmelettes ?

    Commentaire par francois75002 — 23 mars 2012 @ 14:18

  2. Il y a Hommelet !

    Commentaire par Miklos — 23 mars 2012 @ 14:30

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