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27 janvier 2008

Du vaudeville à la comédie de boulevard

Classé dans : Théâtre — Miklos @ 1:36

« Ils prétendent interpréter quand ils détruisent l’harmonie du texte. » — Paul Valéry, cité par Fabrice Lucchini

Adolescent, j’ai découvert Feydau en lisant ses pièces l’une après l’autre (j’avais de la méthode). J’en ai aussitôt apprécié l’intrigue à tiroirs, les indications de scène détaillées, la mécanique extrêmement précise et l’humour fin et décalé des dialogues qui ne dataient pas vraiment, au point de les voir et de les entendre se dérouler dans mon esprit au fur et à mesure que j’avançais dans le texte. C’était aussi l’époque où je dévorais Allais, de huit ans l’aîné de Feydau, et certains de leurs contemporains humoristes et fantaisistes de la Belle Époque – hydropathes, zutistes, pataphysiciens et autres fumistes pince-sans-rire : Xavier Forneret, Eugène Mouton (magistrat et auteur de L’Invalide à la tête de bois), Charles Cros, Mac-Nab, Franc-Nohain, Alfred Jarry, Cami… – il n’est pas surprenant que j’aie été fasciné plus tard par les dadaïstes, puis par les surréalistes. J’y trouvais – alors comme aujourd’hui – quelque chose d’intemporel en ce qu’ils s’attaquent aux sentiments, aux faiblesses et aux éternels travers humains, ce qui n’est pas le cas pour le théâtre de Courteline, par exemple, qui, s’attachant à critiquer les institutions (l’armée, l’administration…) et les classes sociales qui ont bien changé depuis son temps les unes comme les autres, a mal vieilli.

En tombant hier sur la diffusion de La Dame de chez Maxim de Feydau dans une mise en scène de, et avec, Francis Perrin, je me suis senti floué : ce que je voyais, ce n’était pas une comédie pétillante et légère à l’instar des opérettes enchanteresses d’Offenbach, mais un théâtre de boulevard hystérisé : éclats de voix, hurlements de surprise, intonations exagérément populaires, attitudes outrées. Est-il, de nos jours, si difficile d’entendre ce que dit le texte qu’il faille ainsi l’illustrer de couleurs criardes – sort qu’avait réservé, en son genre, la Comédie-Française à La Mégère apprivoisée de Shakespeare – à l’instar des rires préenregistrés de certaines séries télévisées ?

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