Modeste proposition (bis)
On ne peut que déplorer la désaffectation des urnes, symptôme de la désaffection des Français pour la chose publique et leur repli individualiste face à la mondialisation qui semble nous emporter tous dans son flot irrésistible. On ne peut avoir manqué de remarquer l’élan national des Français lors des matchs du Mondial, à les voir dévaler les boulevards et les avenues des villes et des cités, le drapeau tricolore à la main (et une bouteille de bière dans l’autre, mais c’est une autre histoire). Il y en a qui s’essaient même à chanter la Marseillaise (lorsqu’ils se souviennent de ses glorieuses paroles, mais c’est aussi une autre histoire).
La conclusion s’impose : pour profiter de ces rares moments où souffle encore le vent républicain et où les cœurs battent à l’unisson, scandant le pas de la nation en marche vers les lauriers, il suffit de fixer la date des élections à la veille d’un match international (plutôt qu’à son lendemain, car on n’en connaît en général pas l’issue d’avance). Les communes riches pourraient même installer dans les isoloirs des écrans individuels sur lesquels seraient diffusées les victoires passées.
Cette initiative ne manquera pas d’inciter nos concitoyens, temporairement sortis de leur léthargie nationale à l’espoir d’une victoire imminente contre l’ennemi juré du moment, à manifester leur attachement tout aussi temporaire à la République en allant voter en masse.
Panem et circenses…
(Publié à l’origine le 7 juillet 2006)