Espérer (I)
Si nos processus de pensée étaient moins pressants, moins crus, moins hypnotiques, nos déceptions constantes, la masse grise de la nausée nichée au cœur de l’être, nous désempareraient moins. Les effondrements mentaux, les fuites pathologiques dans l’irréalité, l’inertie du cerveau malade, peuvent, au fond, être une tactique contre la déception, contre l’acide de l’espoir frustré. Les corrélations manquées entre pensée et réalisation, entre le conçu et les réalités de l’expérience, sont telles que nous ne saurions vivre sans espoir ni surmonter le deuil, l’ironie, que comportent les espoirs ratés. « Espérer contre tout espoir » est une formulation forte, mais en définitive accablante de la brunissure que la pensée jette sur la conséquence.
George Steiner,
Dix raisons (possibles) à la tristesse de pensée
Albin Michel
ça m’interpelle, surtout en ce moment, mais, en définitive, je n’arrive pas à saisir si ce passage dénonce ou préconise l’espoir!
Commentaire par ronans — 24 mars 2005 @ 21:11
Et pour cause (partielle) : la citation, prise sur la 4e de couv., était tronquée. J’ai rétabli. Le texte est magnifique et mérite d’être lu.
Commentaire par miklos — 25 mars 2005 @ 21:04
Très intéressant, je prend note!
Commentaire par hugoindigo — 25 mars 2005 @ 21:11