La course effrénée des médias
Le Monde rapporte l’enquête dont ferait l’objet DSK pour « un possible abus de pouvoir » du fait de sa vie intime. S’il est légitime de s’interroger sur le fait – la personne a-t-elle bénéficié d’« émoluments excessifs » (et non pas « excessive », comme l’écrit Le Monde sans se relire, dans sa hâte à être l’un des premiers à rapporter l’affaire) eu égard à sa fonction ou a-t-elle été poussée à la démission –, l’aspect « intime » n’a rien à y voir.
Cette curiosité maladive et obsessionnelle, qui intéresse surtout les puritains américains adeptes du battage de coulpe ou du lynchage publics et la presse people (voire peephole – ce qui n’a rien de très glory), envahit la France. Elle se nourrit, il faut aussi le dire, par la propension de certains de nos grands hommes à mettre en scène leur vie privée et leurs scènes de ménage d’une façon qui, parfois, n’est pas sans rappeler les comédies de Feydau. À d’autres moments, elle peut se terminer tragiquement sous un pont de Paris au terme d’une poursuite sans relâche de paparazzi. « Livré aux chiens », avait lancé Mitterrand après la mort de Pierre Bérégovoy.
Constatant que le prix de leur exhibition est finalement trop élevé, on en voit qui font maintenant appel à la justice, cousette chargée de faire des reprises dans leur cache sexe déchiré. Un spectacle de plus pour un certain public friand de froufrous.
quoi d’étonnant dans tout ça ? Ce pays a préféré se débarrasser d’un Président qui avait eu le tort de pratiquer le « sexe oral » au profit d’un autre qui les a entraînés dans un guerre perdue d’avance. Aujourd’hui, on risque de destabiliser le Président d’une institution financière en pleine débacle internationale alors que personne n’ignorait lors de son élection les rumeurs sulfureuses qui l’accompagnaient. Plus que la rançon de la publicité de leur vie privée, les hommes publics restent tout simplement prisonniers de la culture de leurs pays. Ne pas mentir, ne pas offenser la morale – surtout en matière de moeurs, du côté anglo-saxon, ne pas trop s’enrichir en France, alors que les frasques de la vie privée et les mensonges d’Etat n’ont été étrangers à aucun de nos derniers dirigeants. On reproche plus à Sarkozy ses amis fortunés et généreux que ses vies sentimentales.
Commentaire par francois75002 — 20 octobre 2008 @ 0:05
C’est exact, mais ce dont je parlais ici était en fait le glissement qui s’opère en France, où les questions de moeurs sont mises en exergue par les médias, ce qui n’était pas le cas auparavant ; en clair, la façon dont Le Monde a rapporté l’affaire, en soulevant bien plus les jupons que ne l’a fait, par exemple, Le Point, mais moins que d’autres grands médias (français) qui ont conclu leur article en parlant de la femme et des enfants de DSK…
Ce qui n’est ici (encore) qu’une affaire de médias (mais qui peut se terminer tragiquement) est, outre Atlantique, une affaire politique, et peut servir de levier pour tenter de faire tomber une personne au pouvoir (Clinton y a échappé de justesse tout en devant battre sa coulpe publiquement) et qui a coûté une somme pharamineuse au contribuable américain.
Je serai tenter de penser que ce qui indigne (sincèrement ou non) la presse américaine dans cette affaire n’est pas la question des émoluments excessifs ou non de la dame (après tout, personne ne s’indigne là-bas des gigantesques indemnités de départ de dirigeants plus ou moins bons de multinationales), mais celle des frasques suspectées du monsieur.
Commentaire par Miklos — 20 octobre 2008 @ 0:41