Les jumelles du peuple
Les deux églises de la Piazza del Popolo
«Cette grande place présente un point de vue imposant. Le superbe Obélisque Egyptien au milieu & une belle fontaine, les deux Eglises en forme de rotondes, précédées chacune d’un beau portique en colonnade uniforme, trois rues tirées presque au cordeau & d’une longueur si considérable que l’oeil le plus perçant en apperçoit à peine les extrémités, forment un aspect magnifique, & annoncent la Ville de Rome d’une maniere frappante à tous les Etrangers aux premiers pas qu’ils font en y entrant. (…)
Sur cette grande place, on voit deux belles Eglises d’une architecture uniforme, dont les façades sont ornées de huit colonnes, d’une coupole & de huit statues. Les Religieux de ces deux Couvens ont fait dernierement construire les campaniles & rebâtir leurs maisons, qui donnent à l’entrée du Cours une belle décoration reguliere.
Celle qui est à droite s’appelle l’Eglise de S. Marie des Miracles.. La Confrérie de S. Jacques des Incurables en 1525. avoit fait bâtir dans cet endroit une petite Eglise en l’honneur d’une Image de la Vierge. Ensuite l’an 1628. aux instances du Cardinal Barberini, elle fut donnée aux Religieux de la Nation Françoise du Tiers Ordre de S. François qu’à Paris on appelle Picpus, à cause, que leur premier Couvent fut bâti dans un faux-bourg qui porte ce nom.
Le Pape Alexandre VII. commença à la faire rebâtir sur les dessins du cav. Rainaldi ; & ce fut le Cardinal Gastaldi Génois, qui la fit achever avec quelques changemens par les cav. Bernin & Fontana. (…)
De l’autre côté on voit l’Eglise de S. Marie de Monte Santo. Elle fut bâtie semblable à la précédente aux dépens du même Cardinal Gastaldi, & sur les mêmes dessins. Cette Eglise fut donnée aux Carmes Siciliens, parcequ’ils avoient dans cet endroit une petite Eglise qui fut démolie pour y bâtir celle-ci. (…)
Apres avoir vu ce qu’il y a de remarquable dans la place du Peuple, il faut entrer dans une des trois rues, & comme celle qui se présente au milieu est la principale de Rome, je commençerai par celle qu’ on appelle la Rue du Cours.
Comme je l’ai dit ci-dessus, cette rue s’appeiloit Voie Flaminia jusqu’à la place de Sciarra, où commençoit l’ancienne Voie Lata ; mais depuis que Paul II. vers l’an 1465. permit qu’on y fit les courses des chevaux, on l’appella rue du Cours. Elle fut redressée & tirée au cordeau par ordre de Paul III. Farnese. C’est sur tout vers deux heures avant la nuit qu’elle brille par l’affluence du Peuple & par le concours des voitures des Princes & Seigneurs, qui en font leur promenade : » & particulierement les huit derniers jours du Carneval qui passe pour un des plus brillans de l’Italie, tous les Masques s’y rendent l’apres midi : les rues & les fénêtres sont parées & remplies d’un nombre infini de Peuple ; & chaque jour on fait la course des chevaux.
Joseph Vasi, Itinéraire instructif de Rome en faveur des étrangers qui souhaitent connoitre les Ouvrages de Peinture, de Sculpture & d’Architecture, & tous les Monumens Antiques & Modernes de cette Ville.. 1786.
Les deux églises de la Piazza del Popolo