Le sourire
Fig. 30-32 du traité de Duchenne de Boulogne.
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« Un sourire calculé et charmant errait sur ses lèvres sensuelles. » — André Imberdis, L’Auvergne depuis l’ère gallique jusqu’au XVIIIe siècle, 1863.
L’homme fut immédiatement conquis par l’immense sourire qui découvrait de grandes dents presque trop blanches et par l’éclat du regard pétillant. Bouleversé, il se sentit irrémédiablement attiré à en perdre la raison vers ces lèvres qu’il rêvait d’effleurer, vers ces yeux dans lesquels il se serait volontiers noyé, vers ces cheveux soyeux noir de jais dans lesquels il glisserait doucement ses doigts. Immobiles l’un face à l’autre, sans se toucher ils paraissaient déjà s’enlacer. Quand ils s’embrassèrent, le temps s’arrêta. L’homme était soudain désarmé et nu, le monde extérieur pourtant si bruyant s’était estompé, il n’entendait plus que le battement effréné de son cœur prêt à exploser d’une joie sans limite et d’effroi devant l’intensité de ses émotions, il ne sentait plus que le souffle légèrement parfumé qui lui caressait maintenant le visage. • Une fois, l’homme contemplait discrètement le visage tant aimé. Une moue enfantine et jouissive s’y dessinait, on aurait dit la bouche d’un bébé repu après la tétée. Lorsque le visage se sentit soudain observé, le sourire ensorcelant s’y dessina d’un coup, brusquement, comme si quelqu’un avait appuyé sur un bouton. C’est alors que le temps se remit à passer. |
«Le grand zygomatique est le seul muscle qui exprime complétement la joie, à tous ses degrés et dans toutes ses nuances, depuis le simple sourire jusqu’au rire le plus fou. — Il ne rend aucune autre expression. […] Voyez le sujet représenté dans les figures 30 et 31 : ses grands zygomatiques sont au maximum de contraction. Au premier abord, il paraît s’abandonner au rire le plus franc, mais un moment d’attention vous fait découvrir que sa gaieté est factice ; plus vous regardez cette riante, plus elle vous blesse par sa fausseté. […] Si vous comparez ces figures 30 et 31, dont le rire est faux et menteur, à la figure 32 du même individu photographié au moment où j’avais excité sa gaieté, vous sentez qu’ici son rire est franc et communicatif. […] C’est uniquement d’un mouvement particulier de la paupière inférieure que dépend la différence expressive de ces figures.[…] Le muscle qui produit ce relief de la paupière inférieure n’obéit pas à la volonté : il n’est mis en jeu que par une affection vraie, par une émotion agréable de l’âme. »Son inertie, dans le sourire, démasque un faux ami. Guillaume Duchenne de Boulogne, Mécanisme de la physionomie humaine ou analyse électro-physiologique de l’expression des passions, Paris, 1876. |
[...] des problèmes réels. Daniel Sibony conclut ainsi : « Il y a d’un côté le sourire outil de travail, considéré comme outil miracle, et peut-être son utilisation va se moduler et se modérer. [...]
Ping par Miklos » Life in Hell : ça ne rigole pas — 15 avril 2010 @ 6:13
[...] l’homme, il peut être calculé ; on a donné ailleurs les clés pour distinguer le franc sourire de celui du faux [...]
Ping par Miklos » Le sourire du chat — 10 juillet 2011 @ 3:54