“In my end is my beginning” (T. S. Eliot, East Coker)
“Do not go gentle into that good night
Rage, rage against the dying of the light.”
– Dylan Thomas
Le vieil homme respirait avec une difficulté croissante. L’infirmière avait disposé avec sollicitude un oreiller sous son dos, puis s’était rassise près du transistor d’où s’échappaient les notes du quintette pour clarinette de Brahms qu’il aimait tant écouter. Mais en était-il encore capable, tout occupé à l’effort de trouver encore un peu d’air ? Le temps, arrêté, lui pesait infiniment. Puis la musique se tut. Il ouvrit les yeux. Dans la pénombre de sa chambre, son regard voilé aperçut les silhouettes d’un jeune couple qui s’était détaché du groupe d’amis silencieux qui l’entouraient. Quand ils s’approchèrent de son lit, il reconnut ses parents. Il tenta en vain d’esquisser un geste. La femme se pencha vers lui, souriante, et prit tendrement dans ses bras le bébé qui lui tendait ses petites mains du fond de son berceau. Enfin rassuré, il s’endormit.