Le touriste fatigué
Un passant à la silhouette longiforme et frêle s’adosse à un réverbère. Il est tout recourbé, les yeux au sol. De sa bouche se dégage une ample haleine fleurie qui dessine des volutes évanescentes dans l’air glacé. Il est épuisé : arrivé à peine une heure plus tôt sur Terre, il n’arrive à s’adapter ni à son atmosphère viciée par le trop-plein d’oxygène ni à la platitude de son sol et des parois verticales qui bordent la vallée peu accueillante et aride – à l’exception du ruisseau saumâtre à ses pieds – dans laquelle il avance péniblement. Pour se reposer et reprendre son soufle, il s’arrête auprès des arbres effeuillés de métal sombre qui y poussent ça et là. À sa droite, un curieux rectangle d’une couleur proche de la sienne lui avait laissé entrevoir brièvement une grotte sombre et accueillante. Il s’en était rapproché, pensant pouvoir s’y glisser pour s’allonger un moment, mais une fois arrivé à proximité, l’interstice avait disparu. Déçu, il n’attend plus que le moment de rentrer chez lui.