Ode aux nez rouges
A vous qui avez gros nez
S’adresse ma chansonnette.
Venez tous à moy, venez,
Gentils gros nez de pompette ;
Venez donc d’affection
Chanter la perfection
De ces messieurs les gros nez
Qui sont rouge-boutonnez.
Dieu gard compère Nason !
Je suis de votre brigade.
J’ay ouy, de ma maison,
Qu’il nous faut faire parade
De ces gros nez emperlez.
Ça, ça ! main me baillez,
Vive, vive les gros nez,
Qui sont rouge-boutonnez !
Mon compère, mon amy,
Chantons donc sans moquerie ;
Mon nez pourry à demy
Est de votre confrairie ;
Je ne puis m’en excuser.
Chantons sans nous amuser :
Vive, vive les gros nez
Qui sont rouge-boutonnez !
Hé, Vertugoy ! qu’est cecy ?
Tous les gros nez sont ensemble :
Ma foy ! j’en veux estre aussy ;
Le mien est beau, ce me semble,
Mon compère, Dieu vous gard !
Mettez tout soucy a part :
Vive, vive les gros nez
Qui sont rouge-boutonnez !
Le plus gros nez de vous tous,
Fait à rouge muselière,
Nous vienne mettre à trestous
Son nez à nostre derrière ;
II sçaura certainement
S’il y a du sentiment.
Vive, vive les gros nez
Qui sont rouge-boutonnez !
Ancienne chanson normande, in Charles Nisard, Des chansons populaires chez les anciens et chez le Français. Paris, 1867.