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8 juin 2013

Le Crépuscule des dieux, hier à Bastille.

Classé dans : Actualité, Musique — Miklos @ 8:47

En bref pour ceux qui sont pressés : mise en scène hésitant entre mini­ma­lisme et tarabiscotage – l’inces­tueuse intrigue l’est aussi, je vous entends murmurer – jusqu’au ridicule (le sublime wagnérien le frise parfois, mais ce n’est pas une raison pour en rajouter une couche), à en regretter les volu­mineuses Walkyries au casque ailé et amplement voilées d’antan, au moins c’était cocasse.

Mais surtout : une Brünnhilde (Petra Lang) remarquable de passion, d’énergie, de puissance et d’expressivité et avec un très beau timbre dans tout le registre, même au plus élevé. D’ailleurs, les femmes étaient en général bien mieux en voix que les hommes (ce qu’on a pu remarquer dès le premier trio des Walkyries, dont l’une qui s’est réellement distinguée), mais on peut aussi signaler Alberich (Peter Sidhom) à la belle et chaude voix ainsi que celle de Hagen (Hans-Peter König) contraint de chanter assis en fauteuil roulant (pourtant il pouvait très bien marcher, quand il s’est agi de saluer le public, encore un sale coup du metteur en scène ?). Sacrée performance.

Quant au pauvre Siegfried (Torsten Kerl), il a bien mérité son sort (dommage que ça n’ait pas eu lieu au début de ces quelque six heures avec entr’actes mais à la fin) : une voix métallique, aigre, rarement suffisamment puissante pour le rôle (on n’ira pas jusqu’à conseiller de lui rajouter un micro, il était peut-être finalement préférable de ne pas l’entendre). Ah, la malédiction de l’Anneau (celui de l’ordure, hein ?, si l’on peut dire en l’espèce) l’a frappé, lui, à plus d’un égard !

À propos de frapper, justement : pourquoi est-ce Alberich (attention, spoiler) qui frappe Siegfried d’une lance dans le dos et non Hagen, comme le dit explicitement le livret, la voix du héros lui était-elle si insupportable que ça ? Pourquoi, puisqu’on parle encore mise en scène, Brünnhilde caresse-t-elle à distance le corps étendu de Siegfried, geste qui ne peut être compris que des spectateurs assis à son niveau, au parterre, a-t-elle peur de se salir ? Pourquoi marche-t-elle seule en remuant les bras vers le brasier électronique destiné à l’engloutir avec l’anneau maudit comme si elle tentait de chasser des mouches, tandis qu’elle est supposée monter le cheval de Siegfried ou au moins l’amener avec elle ? Tant de questions qui resteront sans réponse…

L’orchestre, lui, a joué la plupart du temps ensemble grâce à la direction de Philippe Jordan.

Pour finir, l’œuvre : on aime ou on n’aime pas. Cela faisait longtemps que j’avais pris mes distances (musicales) de Wagner dont j’adorais, adolescent, les tubes ; j’ai été agréablement surpris, voire exalté, par certains passages, par l’ensemble (tout en sachant que si j’en reprends, ce sera à petites doses), à l’exception du début de la troisième partie un peu trop cucu à mon goût (et dont la mise en scène m’a évoqué une certaine danse dans Fantasia), et du début de la scène finale (attention, spoiler : Brünnhilde seule après avoir découvert la mort de Siegfried) qui ne semblait aller nulle part.

Bilan ? trois morts (eh oui, s’y rajoute Alberich qui paie ainsi ses forfaits des mains vengeresses des guillerettes Filles du Rhin).

Un commentaire »

  1. On est ravi d’apprendre que le chef d’orchestre Philippe Jordan est sans doute d’accord avec nous au moins sur un point :

    « Seul Wagner est indestructible : sa musique supporte tout, même la laideur », lâche-t-il sans préciser si l’allusion concerne ou non Günter Krämer, le metteur en scène du Ring de l’Opéra Bastille, repris du 18 au 26 juin

    (Source)

    Commentaire par Miklos — 13 juin 2013 @ 8:38

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