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22 juin 2013

Si vous cherchez un hôtel tranquille à Paris…

Classé dans : Musique — Miklos @ 8:51

Cette « chanson réaliste » fort amusante dont on a retranscrit les paroles ci-dessous a été mise en ligne dans YouTube par une personne apparemment passionnée par ce répertoire, et qui en a publié plus d’un millier dans son très remarquable « canal ». Il y est indiqué que l’interprète de la chanson est Marthe Ferrare (accompagnée de l’orchestre Yves Alix en 1936).

Les quelques informations qu’on trouve à son sujet – les traces vont du début des années 1916 jusqu’à 1936 – laisseraient entendre qu’elle a mené une carrière assez courte. Un article publié en 1922 dans la revue Le Théâtre écrit à son propos :

Marthe Ferrare, de l’Opéra-Comique, est une artiste dans toute l’accep­tion du terme. Après avoir étudié le dessin, se sentant la vocation musicale, elle travailla le chant et entra au conservatoire en 1916. Elle en sortit en 1919, avec un premier prix de chant et un premier prix de déclamation lyrique.

Engagée aussitôt à l’Opéra-Comique, elle fit des débuts remarqués dans Werther. Elle interpréta successivement sur notre grande scène lyrique, de nombreux rôles qui la classèrent parmi les meilleures cantatrices contemporaines. Marthe Ferrare reprit à la Gaîte-Lyrique Boccace aux côtés de Marthe Chenal.

Entre temps, elle donne des concerts et des représentations en province. à Londres et à Paris. Pour les fêtes du tricentenaire de Molière, elle s’essaye, non sans succès, dans la comédie classique enjouant Angélique du Malade imaginaire. Marthe Ferrare est également une «star » de cinéma. Sa dernière apparition à l’écran, dans les Hommes Nouveaux de Claude Farrère, est sensationnelle.

Engagée par M. Alphonse Franck au Théâtre Edouard VII pour y créer un rôle dans L’Amour masqué de Sacha Guitry [aux côtés de l’auteur, d’Yvonne Printemps et de Marie Dubas], elle résilia ses contrats antérieurs.

On sait les applaudissements qu’elle y recueille chaque soir.

Réunissant tant de qualités si rares : voix, style, musicalité, fantaisie, gaîté et beauté éblouissante, cette artiste a vite acquis une grande notoriété. Nous la retrouverons cet hiver sur une de nos principales scènes d’opérette.

Quelques autres enregistrements de Marthe Ferrare sont disponibles sur le site de l’Encyclopédie multimédia de la comédie musicale 1918-1940  : l’accent et le timbre en sont fort différents de ceux dans l’enregistrement ci-dessus, bien plus lyriques que la gouaille de cette chanson, ce qui semble bien prouver sa versatilité. Enfin, on trouvera là quelques-uns des films dans lesquelles elle a joué, le cinéma ayant d’évidence été une autre corde à son arc.

L’Hôtel rue de Belleville

C’est un hôtel rue de Belleville
Juste avant la porte des Lilas.
Le patron c’est Meussieu Émile
Un homme qui a des gros bras.
C’est un hôtel rue de Belleville
Où j’ai pris pension pour un mois.
Ça s’appelle Au sommeil tranquille
On n’sait pas trop pourquoi.

« Au s’cours  ! on m’assassine  ! »
Je saute en bas d’mon lit,
Et c’d’la chambre voisine,
Que vient d’partir ce cri.
Je sens dans ma poitrine
Mon cœur qui bat très fort.
Pan  ! un coup d’revolver,
Un éclair, puis un silence de mort.

C’est un hôtel rue de Belleville
Juste avant la porte des Lilas.
Le patron c’est Meussieu Émile
Un homme qui a des gros bras.
C’est un hôtel rue de Belleville
Où j’ai pris pension pour un mois.
Ça s’appelle Au sommeil tranquille,
On n’sait pas trop pourquoi.

J’me méfie d’la justice,
Et j’aim’ pas habiter
Là où c’que la police
Va v’nir fourrer son nez.
Dans c’curieux édifice
Ça d’vait finir comme ça.
Et au lever du jour,
Sans tambour,
Moi j’ai mis les bouts d’bois.

C’est un hôtel rue de Belleville
Juste avant la porte des Lilas.
Le patron c’est Meussieu Émile
Un homme qui a des gros bras.
C’est un hôtel rue de Belleville
Que fréquentent un tas d’mauvais gars.
Et comme c’est Au sommeil tranquille,
Y’en a qui s’réveillent pas.

– Dis, d’où qu’tu viens  ?
– D’où que j’viens  ?
– Oui.
– Bah ça te r’garde pas.
– Comment ça me regarde pas  ?
– J’t’ai dit que ça te r’garde pas.
– Tais-toi, t’as compris  ?
– Oh pis ça va  !
Silence… Aaaaaah  ! Eh ben…

Ça s’appelle Au sommeil tranquille,
Ah ah  ! On n’sait pas trop pourquoi.

3 commentaires »

  1. [...] Dac, que nous recommandons tout aussi vivement que le charmant hôtel si typiquement parisien Au sommeil tran­quille, provient de la même source intarissable. Il s’agit d’un enregistrement datant de 1933. La [...]

    Ping par Miklos » Une excellente recette traditionnelle : la confiture de nouilles — 22 juin 2013 @ 14:52

  2. Je suis une petite nièce de Marthe Ferrare,de son vrai nom Adrienne Ferrare,née le 30/11/1893

    Commentaire par Pigeot g — 14 mars 2017 @ 22:03

  3. Bonjour,

    Merci pour votre commentaire. Est-ce vous qui administrez la chaîne YouTube où se trouve cette vidéo ?

    Cordialement,
    Miklos

    Commentaire par Miklos — 15 mars 2017 @ 7:33

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