Retards
Le bureau de poste de la rue St Denis à Paris
dix minutes après l’heure d’ouverture affichée sur sa devanture
« Ce » sont les gares, les lointaines gares,
Où l’on arrive toujours trop tard.
Franc Nohain, « Cantilène des trains qu’on manque », Le Kiosque à musique.
«En réalité, elle est toujours en retard, dans son effectuation, dans ce qu’elle produit visiblement, » par rapport à son effectivité, c’est-à-dire à la manière dont elle opère, comme par instinct et à l’insu d’elle-même. Mais cela signifie qu’elle porte dans sa structure la non-possibilité de sa totalisation.
Jean Ladrière, La perspective eschatologique en philosophie (cité par Louis Perron in « L’eschatologie de la raison » selon Jean Ladrière. Pour une interprétation du devenir de la raison. Presses univ. de Laval, 2005).
« L’opposition entre tardophiles et tardophobes montre que l’histoire économique contemporaine tout à la fois, et de manière indissociable, parle d’une certaine façon du retard français et critique d’une certaine façon ce retard dont elle parle. À le dire plus simplement, qu’elle conforte ou qu’elle conteste l’idée d’un retard français, l’analyse historico-économique se donne pour dessein de traquer, à l’intérieur des sillons du positivisme, la réalité objective du phénomène. » En somme, elle traite du retard (ou de l’absence de retard) français comme d’un fait neutre que l’histoire elle-même tente de décrire, d’évaluer et d’expliquer, tenue par une même interrogation : « Dans quelle mesure la France est-elle en retard, et pourquoi ? »
Julie Bouchard, Comment le retard vient aux Français. Analyse d’un discours sur la recherche, l’innovation et la compétitivité 1940-1970.Presses univ. Septentrion, 2008.