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« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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3 septembre 2013

À cause d’un mot…

Classé dans : Architecture, Cinéma, vidéo, Langue, Littérature, Livre — Miklos @ 23:51

Ode à soi-même

D’une île perdue dans l’océan vaste,
Et peuplée d’une étrange caste,
Le sérieux dynasteSouverain dirigeant un petit pays ou gouvernant sous la protection d’une grande puissance.
– c’est après tout un agelastePersonne qui ne sait pas rire. –,
Vigoureux tel un pancratiasteAthlète lourd à la musculature particulièrement développée.,
A pêché un immense sébastePoisson comestible et savoureux, voisin de la rascasse..

La proie pesait au moins un lastePoids (deux tonneaux). !
Elle pourra, se dit-il alors, servir de ballast
Pour mon prochain vol en ballon vers Belfast.
Il l’assomme avec son basteMasse, gros marteau.
Et la fourre dans sa banastePanier, corbeille..

Enthousiaste,
Il hésite : faire un podcast
Ou appeler un ami cinéaste
(qui se trouve être aussi bédéaste)
Afin de lui faire relater cet exploit avec faste
Et d’en faire une diffusion mondiale en multicast.

L’ami, bien que parrèsiasteCelui qui pratique le dire-vrai.,
Par peur de trop faire sonner les oreilles pourtant si peu chastes
De ce robuste gymnaste,
Et susciter ainsi de sa part une réaction néfaste,
Le traite poliment d’orchidoclasteTestifrange..

Notre tyran, fameux scoliasteÉrudit qui annote ou commente un auteur et son œuvre, de quelque époque que ce soit.
(Notamment de l’Ecclésiaste),
Comprend l’insulte et rétorque d’un mot d’un seul : « Baste ! ».
Et, à ses heures bucoliasteAuteur de poèmes bucoliques.,
(Avouez-le, drôle de contraste),
Décide d’être son propre encomiasteCelui qui compose, qui écrit, ou qui prononce l’éloge de quelqu’un. :

« D’une île perdue dans l’océan vaste… »

À la réception d’une invitation à la projection exceptionnelle du film L’Orchidoclaste de Laetitia Masson consacré à l’architecte Rudy Ricciotti, je n’ai pas manqué d’être interloqué par son titre. Une brève recherche m’en a fourni le sens amusant (on en a donné ici un synonyme dérivé, lui, du latin*), et, voulant en déterminer l’auteur, j’en ai recherché les occurrences dans Google Books.

On en trouve quatre, au 20e siècle, dont trois dans les années 1990 avec l’extrait à l’appui, qui ne montre qu’un usage sans en indiquer l’origine, et une quatrième, fort curieuse : Le Sagouin de François Mauriac (1975), sans extrait : non seulement ce mot ne me semblait pas correspondre au vocabulaire de Mauriac, mais cet usage solitaire, une quinzaine d’années avant les trois autres, me semblait aussi suspect.

Après m’être dit que j’irai consulter l’ouvrage dans une bibliothèque de quartier, je vérifie tout de même mon catalogue personnel, et oh, surprise !, je détiens l’ouvrage, dans une édition antérieure, de 1970. Il a en fait été écrit en 1951…

Je feuillette d’abord ce court roman, de la première à la dernière page, et n’y trouve pas le mot en question. Mais mes yeux s’arrêtant sur quelques phrases ici et là, je le reprends du début pour le lire, et oh, surprise !, c’est un chef-d’œuvre. À défaut du roman lui-même, court, incisif, perceptif, tragique, que je ne peux que recommander très vivement,– âmes sensibles s’abstenir –, on trouvera ici une analyse et la synopsis du texte.

Ah, j’oubliais ! Si vous y voyez le mot en question, soyez gentil, dites-moi où il s’y trouve.

_______________________

* Et, selon Google Books, présent dans un ouvrage dans lequel on ne s’attendrait pas à le trouver, De l’Hospital des incurables à l’Hôpital Laennec, 1634-2000 : une histoire de la médecine à la veille du troisième millénaire, textes réunis par Alain Dauphin et Marc Voisin (on se demande ce que vient faire le nom de Chantal de Singly dans les informations plus que succinctes qu’en donne Google Books), et surtout au vu de l’extrait qu’ils affichent : « Comme Céline, il avait horreur du langage recherché fait de néologismes grecs. Comme Mathey, il était adversaire d’Amyot, admirateur de Rabelais : Pour être compris, à orchidoclaste, je préfère testifrange, mais casse-couille en français […] ». Difficile de deviner le rapport entre ce passage et le titre de l’ouvrage…

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