Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

This blog is © Miklos. Do not copy, download or mirror the site or portions thereof, or else your ISP will be blocked. 

26 octobre 2013

Life in Hell: petits meurtres entre amis

Classé dans : Actualité, Cuisine, Musique, Théâtre — Miklos @ 0:52


Cliquer pour agrandir.

Jeff et Akbar sont secoués : devant leurs yeux écarquillés, ils voient une femme, accrochée à son téléphone comme une noyée à sa bouée, en train d’être larguée par son mec. Ils entendent tout ce qu’elle dit dans le combiné. Elle fait semblant d’être forte mais elle ingurgite en douce des médocs, et laisse entendre qu’elle a essayé de se tuer la veille tout en n’ayant pas le courage de mourir seule. Le bellâtre – dont ils peuvent deviner le discours en creux de celui de la pauvrette –, doucereux, menteur, lui explique qu’il est obligé de rompre bien malgré lui. Et elle qui le trouve si bon – et même bien plus que Zsa-Zsa Gabor, qui disait « Je n’ai jamais détesté un homme après une rupture au point de lui rendre ses diamants. » –, elle prend tous les torts sur elle et essaie de le rassurer, « Sois tranquille, on ne se suicide pas deux fois de suite… Je ne saurais pas acheter un revolver. »… Évidemment, ça se termine très mal. Applaudissements à tout rompre des centaines de badauds qui contemplent la scène.

Jeff trouve que ces émotions, ça donne faim. Akbar lui propose d’aller au restaurant où Spirou et sa bande des Fab’ Preps l’avaient invité, et où il avait voulu tester une de leurs célèbres pizzas mais s’était vu servir des lasagnes, à peine tièdes, en plus (ce qui avait permis à Akbar de râler in peto tout en faisant contre mauvaise fortune bon cœur devant ses gentils hôtes). Elles étaient malgré tout bonnes, et les pizzas, qu’il pouvait contempler dans les assiettes des autres lui paraissaient fort appétissantes, c’est pourquoi il est disposé à retenter le coup.

Le patron les accueille avec un grand sourire – il reconnaît Akbar – et un accent italo-sicilien particulièrement appuyé. Il leur propose une table dans l’étroite véranda extérieure. Curieux !, dit Jeff, et Akbar n’en pense pas moins.

Ils passent commande. Jeff, ayant découvert et adoré le gelato alla liquirizia en Sicile, se jette sur une bière à la réglisse à laquelle il rajoute la pizza de la maison, aux cèpes. Akbar de son côté précise bien que c’est une pizza qu’il veut réellement, avec une bière blanche s’il vous plaît. Ils auraient bien pris du Lambrusco, ça fait si longtemps…, mais au prix auquel il est affiché ils auraient pu s’offrir ailleurs un Dom Perignon 2000. « C’est sur les boissons qu’ils se font leur blé », constate Jeff. « J’espère que la farine qu’ils en tirent est à la hauteur des épis », murmure Akbar à l’affût.

Dès la commande passée, un nuage de fumée de cigarette les enveloppe et s’insinue dans leurs narines. Ni une ni deux, Akbar, indigné, interpelle un serveur et demande une autre table qu’ils obtiennent rapidement.

Enfin, les pizzas arrivent. Akbar est déçu : rien à redire, pas la moindre critique même en y cherchant bien ; elles sont chaudes, la pâte est élastique, la garniture généreuse et le service sympathique. Bon, Akbar aurait sans doute préféré que la sienne soit un chouia moins cuite, d’à peine quelques secondes, pour la pâte comme l’est celle de Jeff, mais même comme ça, il la trouve tellement meilleure que les pizzas qu’il a mangées ailleurs qu’à Naples qu’il en oublie de ronchonner. Jeff, quant à lui, trouve la sienne même trop généreuse. Le comble !, se dit Akbar.

J’y reviendrai un de ces jours, rajoute-t-il.

Jeff et Akbar sont les personnages d’une série de bandes dessinées de Matt Groening, qui est aussi le père de la fameuse – et infâme – famille Simpson.

4 commentaires »

  1. La grande classe ! On peut dire que cette adresse reprend à son compte tous les symboles italiens ; pour le meilleur (pizzas, accent), comme pour le pire (jeu d’acteur (prolongement de l’art lyrique ?), douces arnaques à tous les coins de table)… C’est pour ça qu’on les aime tant, non, les transalpins ? Pour avoir tenté la confection de leur fameuse pizza automnale à la crème de châtaigne et aux cèpes, je peux témoigner de leur savoir-faire : bien que goûteuse, la mienne n’égalait pas la leur, puisqu’elle s’apparentait à une flammekueche, et je me méfie de tout ce qui est alsacien… Pourtant, c’était pas faute de bonne volonté : les cèpes frais cueillis par mes soins dans le Parc du Pilat, les châtaignes ramassées sous le châtaigner et pelées par mes petits doigts tout brûlés (bon, j’ai également exploité ma sœur cadette (causette) à cet effet, mais elle est toujours au service … de réanimation), et, enfin, les saucisses achetées au meilleur boucher de la région, que nous sommes allés acheter à vélo, ainsi que le gorgonzola de la plus grosse des fromagères. Que nous manquait-il ? Ma théorie : il nous manquait, sinon l’amour, du moins l’âme du rital, tellement persuadé qu’il ne peut rien rater que ses prédictions sont auto-réalisatrices. A refaire !

    Commentaire par Spirou — 26 octobre 2013 @ 9:20

  2. Italien, italien… Je me souviens au moins de deux restaurants « italiens », à l’instar de celui-ci, où l’accent semblait bien au rendez-vous mais pas tellement l’italianité… dans l’un et l’autre cas, le patron était en fait du sud de Lampedusa.

    Quant à Causette, j’espère que tu es allé faire cosette avec elle…

    Commentaire par Akbar — 26 octobre 2013 @ 9:33

  3. Bien sûr que oui je lui cause et, parfois, entre quelques ordres aboyés, je lui glisse un mot affectueux et encourageant, qui la réchauffe et la revigore pour la semaine, comme « c’est pas mal » ! Mais sa vie est marquée par la douleur : après celle des châtaignes, voici celle des maths, sur lesquels elle peine en même temps que je me débats avec mon teedee de droit civil…

    Commentaire par Spirou — 26 octobre 2013 @ 9:41

  4. Souffrir à cause(tte) de maths ? Alors là, je ne comprends pas comment c’est possible ! ça fait tellement de bien à l’âme, à l’esprit !

    Commentaire par Akbar — 26 octobre 2013 @ 10:03

Flux RSS des commentaires de cet article. TrackBack URI

Laisser un commentaire

XHTML: Vous pouvez utiliser ces balises : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

The Blog of Miklos • Le blog de Miklos