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« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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22 janvier 2010

Alla breve. XXVII.

Classé dans : Actualité, Alla breve, Musique — Miklos @ 0:16

[190] Du Messie à Rocky. La bibliothèque musicale de l’université North Texas possède des fonds originaux (d’un volume non négligeable : un demi million de partitions, neuf cent mille enregistrements sonores, trois cent mille livres et pério­diques, des photographies), pour le moins : on y trouve une première édition du Messie de Händel, une page (encadrée) d’un missel vieux de 700 ans ou une carte postale d’Arnold Schoenberg et des manuscrits d’Aaron Copland aux côtés de 45T d’Elvis, d’un album dédicacé des Ramones, d’un buste de Duke Ellington (unique au monde, il a été sculpté par un musicien, on en conçoit la rareté) ou d’une paire de bottes de cow-boy qui appartenaient à l’un des directeurs de la bibliothèque. De fait, elle est surtout renommée pour ses collections concernant le jazz et la musique pour fanfares (band music). Un entretien filmé avec son directeur permet de voir certaines de ses possessions. (Source)

[191] Grave, le métier. Si, comme on l’a récemment vu, tout le monde peut se transformer en graveur (de musique) – ne sommes-nous pas dans l’ère du Yes, you can! – le métier de copiste-graveur a une longue histoire. Pierre Thuries, qui l’exerce à Radio France, en parle dans un entretien passionnant, où il ne s’agit pas que d’évolutions techniques, mais aussi d’esthétique. Et encore, il ne s’agit ici principalement que de partitions en notation traditionnelle, que dire alors de celles d’Archipel IV d’André Boucourechliev (qu’on aimerait accrocher sur le mur de son salon, à défaut d’être en mesure de la jouer), d’Aria de John Cage, d’Artikulation de György Ligeti (« double » partition dont cette vidéo ne montre que la moitié), voire de Stripsody (mot-valise composé de « bande dessinée » et de «  rhapsodie ») de la géniale et regrettée Cathy Berberian (pour lequel Luciano Berio avait écrit des œuvres remarquables), que l’on peut toutes tenir dans ses mains et écouter – voire recomposer ! – à la Médiathèque de l’Ircam. (Source)

[192] Messiaen pour les petits. Plus on commence tôt, plus on a des chances d’y prendre goût. Ictus, l’excellent ensemble belge de musique contemporaine (dont on peut écouter ici des extraits d’un concert), a donné des mini concerts à des enfants de 7 à 10 ans, dans le cadre d’une découverte simultanée et ludique de l’Opéra de Lille et de la musique contemporaine : des œuvres de Philip Glass, de Tom Johnson et d’Olivier Messiaen. Une des spectatrices : « c’était bien, c’était rigolo… », ce n’est pas le public blasé de la capitale qui s’exprimerait ainsi ! (Source)

[193] Hommage à Larry Beauregard. Ce jeune flûtiste très doué – « modèle de ce que devrait être, idéalement, tout musicien du futur », selon Pierre Boulez, qui avait composé en son hommage Mémoriale –, membre de l’Ensemble intercontemporain, est décédé en 1985 à l’âge de 28 ans. Il avait participé au développement de la « flûte MIDI », dispositif permettant à un ordinateur de « savoir » à chaque instant ce que joue la flûte et de se synchroniser ainsi en live avec elle pour la production de sons synthétiques (dans cette vidéo, c’est l’ordinateur qui joue l’accompagnement, en « suivant » le jeu de l’instrumentiste). Le compositeur (et guitariste électrique) canadien Tim Brady vient d’écrire Requiem 21.5 à la mémoire de Beauregard, basé sur sept notes du Requiem en ré mineur de Mozart et sur quatre notes de Densité 21.5 de Varèse. Cette œuvre sera créée dans quelques jours par l’orchestre symphonique de Laval. (Source)

[194] Un ado aux Victoires de la musique. Raphaël Sévère vient d’être désigné comme candidat (« nominé », en franglais) aux Victoires de la musique dans la catégorie révélation soliste 2010. Il a 15 ans, et commencé le piano à l’âge de 4 ans, le violoncelle à 5 ans et la clarinette à 8 ans ; on le voit et l’entend jouer ici à l’âge de 12 ans à un concours international à Tokyo (dont on n’a pu trouver de confirmation indépendante sur le net japonais ou ailleurs). Bien évidemment, il a un site web, deux pages Facebook (une pour lui, une pour ses fans), une sur MySpace (avec des extraits d’enregistrements), deux pages Wikipedia (une française, une anglaise, dont l’auteur est « un enseignant habitant près de Nantes » ; tiens, tiens ! le père Sévère, clarinettiste lui aussi, est professeur au conservatoire de Nantes… comme c’est bizarre, comme c’est curieux et quelle coïncidence !) et un agent. (Source)

[195] Un violon sur le toit sur le carreau. L’associé d’un luthier réputé de Lyon transportait deux violons d’un certain prix. Il n’y a pas de petites économies : il a pris le tram, et devait se tenir dans l’articulation entre les deux voitures. Un virage à angle droit, et l’un des violons est écrabouillé. Pas à mort, semble-t-il, il serait réparable. Entier, il valait 18 000 €, tout de même. Ce n’est pas le prix d’un Stradivarius, mais cela ne consolera pas l’assurance. Quel couac… Ce n’est rien à côté de ce qui était arrivé à David Garrett, violoniste (et ex modèle pour Vogue et Armani) il y a bientôt deux ans : en sortant de scène, il chute dans l’escalier, et son violon (un Guadagnini – et non pas un Stradivarius, comme l’affirmait The Inde­pendent, autre couac ; ce facteur d’instru­ments se donnait pour élève de Stradivarius bien qu’on n’en ait pas la preuve, d’où la confusion, sans doute) qu’il avait acheté en 2003 pour un million de dollars s’est fracassé. La réparation devrait coûter près de 70 000 € et durer 8 mois, estimait-il alors. Il estimait aussi avoir eu de la chance : en tombant sur son étui, il ne s’était rien cassé, lui. Et on a mis à sa disposition un Strad un vrai, d’une valeur plus élevée, pour un concert qu’il devait donner pour la Saint-Valentin. Comme quoi à quelque chose malheur est bon… Et pour finir en beauté, on se souviendra du ballet Le Diable à quatre, sur la musique d’Adolphe Adam et d’après une pièce de Sedaine tirée elle-même d’une pièce de Shakespeare, dans lequel « la comtesse, furieuse qu’on ose danser tandis qu’elle a du chagrin, s’élance vers le ménétrier, s’empare du violon du pauvre aveugle et le brise en morceaux. (…) Aussitôt le vieil aveugle se redresse, se transforme et devient un puissant magicien. » C’est commode pour réparer soi-même son violon brisé, mais ce n’est pas ce qu’il fit. (Source)

[196] Offrez-vous un Cavaillé-Coll. Le grand orgue de l’église Saint-Jacques à Bergerac, construit par Cavaillé-Coll en 1877, est mal en point : cela fait dix ans qu’il est muet, faute de financements pour le réparer, bien que classé monument historique. L’abbé, bien inspiré, a lancé un appel à mécènes : pour 150 €, on devient le patron d’un tuyau, on aura son nom gravé sur une plaque sous la tribune de l’orgue et on bénéficiera d’une déduction fiscale. Le saint homme ne précise pas si on pourra se refiler ces tuyaux. (Source)

Un commentaire »

  1. David Garrett relate, quelques années plus tard, l’aventure du Guadagnini fracassé : ce qui l’a précédé, l’accident, le deuil, la vie après.

    Commentaire par Miklos — 16 avril 2011 @ 10:15

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