Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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10 juillet 2006

Mots d’amour

Classé dans : Langue — Miklos @ 14:49

On s’en lasse jamais.
On s’enlace toujours.

2 juillet 2006

Comment dit-on « ciel » en inuit ?

Classé dans : Cinéma, vidéo, Lieux — Miklos @ 11:24

C’est la lecture de Jules Verne qui m’avait donné envie, enfant, de voir le Snaefellsjökull. Des années plus tard, après l’avoir accompli, je suis parti au Groenland. Je peux donc comprendre le besoin impérieux et urgent de Fiona, patronne déjantée d’un fast food belge, de voir un iceberg. Quoi de plus majestueux que ces montagnes étincelantes aussi lisses que le petit monde de Fiona, qui naviguent silencieusement entre ciel et mer plombés, se transformant lentement au gré de leur parcours ou s’effritant brusquement avec un bruit sourd ? Les raisons qui l’y poussent n’ont rien à voir avec le Voyage au centre de la terre, mais plutôt à un accident dont certains aspects (que l’on se gardera bien de spoiler ici) évoquent celui qui a coûté la vie à Isadora Duncan. C’est une battante, malgré son allure de grande bringue rousse qui n’est pas sans rappeler deux personnages de Old England de Mac Nab (1856-1889) :

Grande, raide, sèche, jaune, édentée, parcheminée et coiffée d’un chapeau extraordinaire, l’Anglaise entra dans un bureau de poste les pieds en avant.

Elle tourna à demi la tête et dit avec une voix de brouette mal graissée :

« Come on, Clara ! »

Clara est petite, mince, plate, rousse ; elle a des dents très longues et suit sa maîtresse les pieds en avant.

Nous verrons tout à l’heure ce qui est arrivé à Clara. Quant à Fiona, elle est attachante et a du charme, ce qu’on est loin de pouvoir imaginer lorsque l’on fait sa connaissance. Mariée et mère de deux enfants, sa vie est réglée comme une horloge, dans un cadre aussi parfait qu’un tableau d’Edward Hopper : tout y est simple, des couleurs jusqu’aux rapports humains qui se limitent à quelques grognements ou onomatopées, et qui ne laissent pas de place pour les sentiments, la fantaisie et le rêve.

Ce n’est pas un film de Jacques Tati, c’est L’Iceberg, une petite merveille belge qu’il faut aller voir toutes affaires cessantes en ces temps de canicule en devenir. Maniant une tendre et fine ironie, il décrit le parcours initiatique de Fiona – incarnée avec brio par l’actrice canadienne Fiona Gordon – quittant sa vie confortable et vide pour affronter les autres – c’est avec un marin sourd-muet auquel elle donnera des cours de natation dans des circonstances burlesques qu’elle apprendra à communiquer – et confronter les éléments – le froid, l’eau, le vent –, pour s’asseoir avec une exaltation quasi sexuelle au sommet d’un iceberg, puis revenir finalement à son point de départ, apaisée et libérée ; le glacier a fondu, et avec lui la gangue qui encerclait son cœur et celui de ses proches.

Les situations, les gens et les paysages sont décrits avec un hyperréalisme pince-sans-rire virant souvent au surréalisme : Magritte n’est pas loin, ni d’ailleurs Buster Keaton et Charlie Chaplin, que les réalisateurs revendiquent. Des scènes d’anthologie hilarantes ponctuent cette traversée, telle celle du cauchemar, où, entortillée dans sa housse de couette, elle se débat dans son lit, évoquant les superbes envolées des robes de Martha Graham. La danse n’est jamais loin : les évolutions des trois personnages – le mari, la femme et l’amant – autour de leur petit esquif, où ils passent et repassent à se frôler sans pourtant s’apercevoir sont le fruit d’une chorégraphie parfaite. On ne s’ennuie pas dans ce spectacle joyeux qui parle du plus intime avec grande pudeur et discrétion. Il n’y a pas que le chocolat de délectable en Belgique.

Quant à Clara, voici ce qui lui arrive :

L’Anglaise demande soixante timbres-poste pour affranchir soixante lettres adressées à soixante personnes différentes.

Elle allonge cinq doigts osseux, saisit les timbres et répète :

« Come on, Clara ! »

Clara fait demi-tour avec la grâce d’une locomotive.

Droite, les talons joints et les bras pendants, elle lève les yeux au ciel, entrouvre la bouche et tire la langue !

Alors l’Anglaise, grande, raide, sèche et jaune passe successivement les soixante timbres-poste sur la langue de Clara, petite, mince, plate et rousse, et les applique un par un d’un coup sec sur les soixante lettres adressées à soixante personnes différentes.

Puis elle se dirige vers la porte en disant encore une fois :

« Come on, Clara ! »

Toutes deux disparaissent comme des ombres, les pieds en avant.

……………………………………………………………………………………

Dernièrement, j’ai rencontré la pauvre Clara, toujours petite, mince, plate et rousse, mais elle avait les lèvres collées et ne pouvait plus ouvrir la bouche.

En ce qui concerne la question que pose le titre et qui est l’une des rares répliques du film, il faudrait d’abord savoir de quel inuit il s’agit : de l’Alaska, du Canada ou du Groenland ? En inuktitut (arctique canadien), la réponse est qilaq. Mais comment dit-on « iceberg » ? Iluliaq, qui signifie âme ou esprit de la glace. Le groenlandais (ou inuktitut) possède d’ailleurs une cinquantaine de mots pour décrire les multiples formes que prennent la neige et la glace.

À lire :
• Un entretien avec Fiona Gordon et Dominique Abel.
• Dictionnaires iñupiaQ (inuit de l’Alaska) et inuktitut.
• Poèmes mobiles de Mac Nab.

3 mai 2006

Les mots pour le dire, ou le blog en tant qu’entreprise de crochetage

Classé dans : Langue — Miklos @ 0:14

C’est en feuilletant le Trésor de la langue française que je me suis aperçu que la tenue d’un blog personnel avait tout de même des caractéristiques bien particulières qu’il est difficile de trouver dans un autre mode d’écriture et que certains mots décrivent étrangement bien.

La proximité immédiate de tous les articles permet de passer rapidement d’une époque à une autre, de retrouver un détail ou une impression oubliés, de constater qu’on se répète sur certains sujets ou qu’on en aborde d’autres différemment, et de tisser, au moment de l’écriture, des fils allant du présent au passé ou à l’inverse, du passé au présent.

Au fil du temps émerge ainsi une tapisserie sur laquelle se dessine une image qu’on a rarement le moyen de percevoir autrement ; on en connaît la trame, puisqu’on l’exécute soi-même : on peut donc voir cette tapisserie à l’envers – locution qui signifiait autrefois « savoir ce qui se passe derrière ce qui apparaît ».

Un terme apparenté dénote cette double action : crocheter. Il signifie « exécuter un travail en se servant d’un crochet », n’est-ce pas le fait de cette écriture hypertextuelle qui traverse le temps en faisant fi de sa progression linéaire ? Il a aussi pour sens « essayer d’éviter », ce qui arrive lorsque la vérité se dérobe au regard lorsqu’on essaie de la cerner de trop près ; mais il veut aussi dire « essayer de pénétrer un secret », ce que l’on peut parfois faire en contemplant le travail qui s’est tissé et qui décrit une image que l’on ne pouvait percevoir lorsqu’on n’en contemplait que les détails ici ou là.

2 mai 2006

C’est Trotsky qu’on assassine

Classé dans : Langue — Miklos @ 7:49

Curieuse, l’orthographe hésitante dans l’article « Suicide de l’intel­lectuel Boris Fraenkel, l’homme qui a révélé le passé trotskiste de Lionel Jospin » du Monde d’aujourd’hui – on y trouve trotskiste et trotskyste, trotskisme et trotskysme

Je sais bien que le Trésor de la langue française accepte les deux variantes (et même trotzkiste et trotzkisme, que l’auteur de l’article a omises), mais il serait plus élégant d’effectuer un choix et de s’y tenir. À tout casser et sans entrer dans des considérations de trans­litération (ou de trans­littération, au choix), j’aurais préféré trotskiste à sa variante qui fait trop kyste. Voire trotskyiste, à l’instar de l’anglais.

Je précise que ce n’est pas parce que je suis apparenté à Lev Davidovitch Bronstein que je prends la défense de l’utilisation de son pseudonyme. Je n’ai aucune revendication à son propos.

PS : Comme on le remarquera, les doublons que je signalais ce matin ont été éliminés de l’article en question, ce qui n’est pas sans rappeler la disparition de Trotsky (comme celle de Kamenev) de certains clichés ultérieurement redistribués par l’URSS, comme celui que l’on peut voir ci-dessous. Dans le cas de l’article, un œil avisé remarquera qu’il a été mis à jour le lendemain de sa mise en ligne (par la camarade correctrice Martine Rousseau, en sa qualité de komissar lexicographique du Monde).

17 mars 2006

Exercices de style

Classé dans : Langue — Miklos @ 20:35

Les recherches qui ont mené vers ce blog recouvrent des sujets variés : surprenants, énigmatiques, intéressants, provocateurs, surréalistes, naïfs, attendrissants… On y trouve de tout, mais ce qui est curieux c’est la logique des moteurs qui a trouvé une correspondance entre ces questions et ce journal. Pour les requêtes qui n’ont rien à voir avec ce qu’on peut trouver ici (ou un rapport qui n’est pas immédiatement visible) – ce qui a donc dû décevoir les usagers qui les ont posées –, un amusant exercice de style serait de les prendre comme sujet d’un prochain article. Et faire en sorte qu’une prochaine recherche les ayant pour objet ne soit plus fortuite. De toute façon, le fait même de les mentionner ici les fera remonter comme réponses plausibles… En voici quelques-unes :

- À quand la musique ?
- À quoi sert la bosse du dromadaire ?
- Âge minimum pour aller au « six seven »
- Aimer une autre à travers elle.
- Analyse musicale de Einstein on the beach de Steve Reich.
- Animal qui tire la langue a 60 cm hors de la bouche.
- Anti publicité papier.
- A-t-il lu un livre Bartok Béla ?
- Avec quel argent était construite les cathédrales gothique ?
- Belle paroles de cul
Cesarem legato alacrem eorum
- Сeux qui vivent sont ceux qui luttent.
- Chorégraphie danseurs nus.
- Cochon russe Attila.
- Comment empoisonner des pigeons ?
- Comment empoisonner un cheval ?
- Comment ne pas se faire déréférencer dans la grande distribution ?
- Comment tresser un cheval ?
- Compositeurs torture
- Danseur masculin en collant gris
- Danseurs nus sur Arte
- Des homme qui dance sur le PC quand la musique se mais en marche
- Des photos qui danse
- Écrire son autoportrait
- En attendant Godot essayons de converser
- Entre deux âges aimez-vous Brahms ?
- Exemple de chorégraphie avec ballon et corde.
- Histoire de la danse moderne en Belgique au 21 siècle.
- Humains bizarres
- Jens entrain de faire la moure. Variante : Commen faire la moure.
- Jouer avec des danseuses virtuel qui font du classique
- La différence entre directeur et directrice
- La philosophie grecque et son négationnisme du corps
- Le cœur qui parle
- Les chanteuses avant et après chirurgie sociale
- Les chanteuses libanaises avant leurs chirurgies esthétiques
- Les créateurs juifs dans la bande dessinée
- Les rues des putes à Budapest. Variante : Où sont les putes à Budapest ?
- Lèvres homme discret
- Mots tristes
- Mozart Liszt Schubert Chopin quels étaient leurs surnoms ?
- Nausée desir seul liberté toi mai 2005
- Onomastique dans Les Misérables
- Personne qui danse avec mouvement
- Photo des chanteuses libanaises avant et après la chirurgie esthétique
- Pour un amour qui habite loin
- Pourquoi le chameau a-t-il deux bosses ?
- Pourquoi lire un livre ?
- Quand Google a existé
- Quel était le but de Laclos quand il écrivait les Liaisons dangeureuses ?
- Quel était le métier de J.S. Bach ?
- Quel type de farine pour gâteau mollet ?
- Renseignement physique du tigre de Sibérie
- Répondre avec humour à une invitation de mariage
- Route qui monte et descend étrange en Espagne
- Ruines tour Babel
- Struction grammaire
- Suffrage universel ques se que ve dire ?
- Symphonie de Beethoven modernisée
- Tableau symbolisant le futur
- Traduire le mot « admirer » en serbe
- Tresser son cheval
- Vidéo accouplement de chevaux
- Vidéos accouplement chameau
- ΤΙ ΩΡΑΙΑ ΠΟΥ ΕΙΝΑΙ Η ΑΓΑΠΗ ΜΟΥ

Je m’en suis gardé quelques autres.

(à suivre…)

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