Les robots sans cervelle
Publication dans Facebook, le 23.8.2018 (source de l’article)
Un article du Monde du 20 mai dernier sur lequel j’étais tombé en « navigant » de fil en aiguille m’avait ému. Je l’ai signalé dans ma page Facebook, assorti d’un petit commentaire, comme on peut le voir ci-dessus.
Et voilà que quelques instants plus tard je suis informé par Facebook que cette publication a été supprimée parce qu’elle « semble indésirable et ne respecte pas les standards de la communauté », tout en m’offrant deux choix de réponse :
1. Ce n’est pas indésirable.
2. Je n’ai pas publié cela.
Réaction instantanée de Facebook.
Il va sans dire que j’ai cliqué sur l’option 1, suite à quoi s’est immédiatement affiché un message comme quoi Facebook avait « examiné [ma publication] plus en détail et en avait conclu qu’elle n’allait pas à l’encontre de leurs Standards de la communauté », et l’a par conséquent restaurée.
Réaction instantanée de Facebook.
On peut se demander :
1. Qu’est-ce qui allait à l’encontre de ces prétendus Standards ? Le fait de parler d’un couple qui s’aime depuis son mariage il y a 60 ans, alors qu’on n’a aucun mal à y publier des informations de tout genre sur les frasques d’un certain président américain ? Le fait de casser un sucrier, d’y trouver une lettre d’amour et de la lire alors qu’elle n’avait pas été adressée au lecteur ? Le fait de vanter les mérites du sucre, alors qu’il n’y en avait pas dans le dit sucrier et qu’on en connait les dangers (cf. le documentaire d’Arte ci-dessous) ?
2. Qui a « examiné plus en détail » la publication dans le laps de temps quasi instantané entre mon clic et la décision qu’elle (la publication en question) était honorable ? Si c’est « le robot », pourquoi a-t-il d’abord déterminé que cette publication était indésirable, puis est devenue désirable ?
C’est Facebook qui devient de plus en plus indésirable (ce qui n’empêche pas des milliards d’êtres humains d’y être accros, comme au tabac, à l’alcool et à d’autres substances indésirables…).
Plus encore, ce n’est qu’un des innombrables exemples du danger de la robotisation, dont les premières alertes sont loin d’être récentes ; si l’homme a été doté d’une cervelle, c’était bien pour le distinguer des machines passées, présentes et futures. Mais certains hommes – et parmi eux, les concepteurs de ces robots soi-distant intelligents – n’en sont sans doute pas dotés plus que les linottes, du moins en ce qui concerne la sensibilité, alors que même des oiseaux tels que les aras semblent ressentir des émotions…