Cliquer pour agrandir. Source : Whisk.
English version here.
Cabinet feutré, silence pesant. Tic-tac d’une horloge bien trop sonore. Alice est allongée sur un divan trop grand pour elle. Elle tripote une boucle de ses cheveux. Sigmund reste dans son fauteuil derrière elle, invisible comme il se doit.
Alice : Donc… voilà. Je suis passée de l’autre côté du miroir.
Sigmund (voix neutre) : Mmh.
Alice : C’était un monde bizarre. Tout était à l’envers. Les fleurs parlaient. Le temps marchait à reculons. Et les gens insistaient pour jouer aux échecs avec moi. Honnêtement, je n’avais rien demandé.
Sigmund : Et qu’est-ce que vous en ressentiez ?
Alice : Comme une pièce dans une boîte à casse-tête. Sauf que la boîte me posait des devinettes au lieu de m’aider à sortir.
Sigmund : Vous vous êtes sentie piégée ?
Alice : Pas exactement. Plutôt… reflétée. Vous savez, comme quand on vous montre un miroir grossissant et que vous découvrez que vous avez des pores. Beaucoup de pores.
Sigmund : Intéressant.
Alice : Oui, et ce n’était que le début. J’ai rencontré une Reine qui me disait que pour arriver quelque part, il fallait courir très vite pour pouvoir rester sur place. Je crois que c’est comme le système scolaire.
Sigmund : Et cette Reine… elle vous faisait penser à quelqu’un ?
Alice : Oui. À Maman. Ou à mon institutrice. Ou peut-être à moi quand je joue à la maîtresse avec mon chat.
Sigmund : Donc à une figure d’autorité.
Alice : Ou de contrariété.
Sigmund (note) :« Figure de contrariété. » Intéressant.
Alice : Puis il y avait Tweedledum et Tweedledee. Ils m’ont dit que je faisais partie du rêve d’un roi endormi. Alors j’ai passé toute la matinée à me pincer. J’en ai encore les marques.
Sigmund : Vous vous êtes fait du mal pour vérifier votre réalité ?
Alice : Non, j’aime juste pincer. Et puis au moins, dans le rêve du roi, il y avait du gâteau. Ici, il n’y a que des biscuits secs. C’est une forme de punition, vous croyez ?
Sigmund : Que ressentez-vous en ce moment ?
Alice : J’ai envie de demander au miroir s’il me trouve jolie. Mais il ne répond jamais. Il se contente de me renvoyer une image que je ne comprends pas. Parfois je suis une petite fille, parfois une vieille âme fatiguée avec un ruban.
Sigmund : Peut-être que le miroir montre ce que vous ne pouvez pas encore voir vous-même.
Alice : Alors il est encore plus arrogant que la Reine Rouge.
(Silence. Sigmund ne relève pas.)
Alice : Vous croyez que j’ai rêvé tout ça ? Ou que je suis une construction symbolique en quête de sens dans une fiction victorienne absurde ?
Sigmund : Mmh.
Alice : Vous dites souvent “mmh”, vous savez ? On dirait que vous êtes un chat déguisé en psychanalyste.
Sigmund (sèchement) : Et ce chat… il aurait un sourire fixe, par hasard ?
Alice (se redresse un peu) : …Vous aussi vous l’avez vu ?
(Silence lourd. Sigmund note rapidement quelque chose.)
Alice : Qu’est-ce que vous écrivez ?
Sigmund : « Transfert félin. »
Alice (soupire) : Vous savez quoi ? Je crois que je préfère encore les miroirs. Eux au moins, ils me renvoient ce que je veux fuir, pas ce que je dois comprendre.
Sigmund : La séance est terminée.
Alice (se lève) : Très bien. Puis-je emprunter votre miroir ? Je crois que j’ai encore quelque chose à me dire.

A softly lit consulting room. Heavy silence. The ticking of an unnecessarily loud clock. Alice lies on a couch far too big for her. She’s fiddling with a curl of her hair. Sigmund sits out of sight, behind her, scribbling in a notebook, saying as little as possible, as is proper.
Alice: So… right. I went through the mirror.
Sigmund (neutral voice): Mmh.
Alice: It was a strange world. Everything was backwards. The flowers talked. Time walked in reverse. And everyone insisted on playing chess with me. Honestly, I never asked for that.
Sigmund: And how did that make you feel?
Alice: Like a piece in a jigsaw box. Except the box kept asking me riddles instead of helping me out.
Sigmund: You felt trapped?
Alice: Not exactly. More like… reflected. You know, like when someone hands you one of those magnifying mirrors and you discover you have pores. A lot of pores.
Sigmund: Interesting.
Alice: Yes, and that was just the beginning. I met a Queen who told me that to get anywhere, I had to run very fast just to stay in place. I think that’s basically the school system.
Sigmund: And this Queen… did she remind you of anyone?
Alice: Yes. Mother. Or my teacher. Or maybe me when I play school with my cat.
Sigmund: So, an authority figure?
Alice: Or a contrariety figure.
Sigmund (writes): “Figure of contrariety.” Interesting.
Alice: Then there were Tweedledum and Tweedledee. They told me I was part of a sleeping king’s dream. So I spent the whole morning pinching myself. Still have the marks.
Sigmund: You hurt yourself to test reality?
Alice: No, I just like pinching. And anyway, in the king’s dream there was cake. Here, there are only dry biscuits. Is that some kind of punishment, do you think?
Sigmund: What are you feeling right now?
Alice: I want to ask the mirror if it thinks I’m pretty. But it never answers. It just shows me an image I don’t understand. Sometimes I’m a little girl, sometimes I’m a tired old soul with a ribbon.
Sigmund: Perhaps the mirror shows you what you’re not yet ready to see.
Alice: Then it’s even more arrogant than the Red Queen.
(Silence. Sigmund does not comment.)
Alice: Do you think I dreamed all of this? Or am I just a symbolic construct seeking meaning in a wildly absurd Victorian fiction?
Sigmund: Mmh.
Alice: You say “mmh” a lot, you know? You sound like a cat pretending to be a psychoanalyst.
Sigmund (sharply): And would this cat… happen to have a fixed grin?
Alice (sits up a bit): …You saw him too?
(Heavy silence. Sigmund rapidly writes something down.)
Alice: What are you writing?
Sigmund: “Feline transference.”
Alice (sighs): You know what? I think I still prefer mirrors. At least they show me what I’m trying to run from, not what I’m supposed to understand.
Sigmund: That’s the end of the session.
Alice (stands): Very well. May I borrow your mirror? I believe I still have something to tell myself.
ChatGPT