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25 août 2009

Life in Hell: Une exposition qu’on aurait aimé réellement pouvoir voir


Donjon du château de Vincennes. Autres photos ici

Par une belle matinée d’août, Jeff et Akbar se rendent au château de Vincennes pour visiter l’exposition Les Trésors des icônes bulgares. Ils se souviennent avec nostalgie de celles qu’ils avaient vues au monastère de Sainte Catherine au pied du mont Sinaï, et ont hâte d’en voir d’autres.

Ils franchissent l’enceinte du château qui s’étend le long de l’avenue et qui étincelle sous les impitoyables rayons du soleil, et se dirigent tout d’abord vers le donjon de Charles V, aussi bien restauré que la tour Saint-Jacques à Paris : il a l’air comme neuf, sans pour autant donner l’impression qu’on se trouve à Disney. Ils franchissent la muraille, et empruntent l’escalier à vis qui mène aux deux des quatre niveaux ouverts au public. Sur les murs, ici et là, des graffiti, qui témoignent des séjours qu’y ont fait les prisonniers plus ou moins illustres condamnés à la réclusion dans ce qui fut auparavant une demeure royale.

Au deuxième étage, la grande salle où vit le roi. Carrée, aux murs épais percés de quatre fenêtres, elle fait dans les 95m2, possède une cheminée, des latrines attenantes (ce qui évite de courir dans l’étroit escalier en colimaçon, en cas de besoin, même si le monarque fera rajouter un autre escalier, plus large) et une étude exiguë où le roi travaillait et d’où il pouvait admirer les toits de Paris (à l’exception de la Tour Eiffel). Elle est précédée d’une petite pièce où était entreposé le trésor du royaume. On ne peut qu’être frappé par la modestie des lieux, quand on pense au Versailles de Louis XIV ou même à l’Élysée de nos monarques présidents actuels.

En redescendant, Jeff et Akbar contemplent, au rez-de-chaussée, la vitrine où sont exposés quelques-unes des traces de certains des locataires involontaires du donjon : une lettre manuscrite du marquis de Sade à sa femme, quelques livres de Diderot…

Après avoir quitté les lieux, Jeff et Akbar se dirigent vers la Sainte Chapelle, récemment rouverte au public après une splendide restauration. C’est là que se trouvent les fameuses icônes. La mise en scène – « geste » de plus en plus important dans les expositions actuelles (et, comme on le verra tout de suite, parfois plus important que l’objet de l’exposition lui-même) – est spectaculaire : une bonne moitié des quatre-vingt icônes, les plus anciennes, sont accrochées sur les parois intérieures d’une sorte de long tunnel construit tout en bois, rustique et plongé dans la pénombre. Bulgare et moyenâgeux, sans doute. L’éclairage y est si réduit qu’on ne peut en voir les détails du dessin et les couleurs rutilantes, pour la plupart. On ne fait que deviner les contours. Jeff et Akbar ne sont pas les seuls surpris, puis mécontents : c’est ce que reflètent de nombreux commentaires du livre d’or (qui n’est pas en or).

Nos compères se demandent alors si c’est pour les préserver de l’atteinte des rayons du soleil, ou d’un éclairage trop vif. Mais ils sont vite détrompés : le reste de l’exposition est disposé hors du tunnel, dans l’espace restant de la chapelle, toute lumineuse. La seule hypothèse qui leur reste – après avoir exclu l’incompétence du « scénariste » – est que c’est pour encourager l’acquisition du catalogue de l’exposition (20 €), que l’on peut trouver dans la boutique du château. Ils ne l’achètent pas, mais regrettent qu’on n’y vende pas de lampes de poche (même les célèbres Maglite coûtent moins cher et peuvent servir ailleurs aussi) : chère lectrice, cher lecteur, apportez la vôtre quand vous irez voir l’exposition, conseillent-ils pour finir.

Jeff et Akbar sont les personnages d’une série de bandes dessinées de Matt Groening, qui est aussi le père de la fameuse – et infâme – famille Simpson.

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