Miklos
« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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22 novembre 2020

Apéro virtuel II.21 – dimanche 22 novembre 2020

Deux jambières à spirales en bronze (fin du bronze moyen, vers 1250 avant J.C.).
Musée de l’archéologie nationale.

Jean-Philippe, Françoise (C.), Sylvie, Léo et Françoise (P.) étant arrivés, Michel présente le musée de l’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye, en diffusant la jolie petite vidéo décrivant brièvement son intéressante histoire, « de demeure royale à écrin de la préhistoire », suivie des photos qu’il y avait prises lors d’une brève visite (contrainte temporelle…) il y a 6 ans : objets extraordinaires par la « modernité de leur design », alors qu’ils datent, pour certains de plus de 3000 ans en marbre, bronze, verre… : la fluidité des corps, de la vaisselle décorée finement, la complexité des motifs géométriques (à l’instar des jambières ci-dessus ou des dodécaèdres, photo n° 30), l’humour – du moins pour nous aujourd’hui, alors cela avait peut-être un sens profond – (photo n° 31). Comme le montre ce musée, la sculpture quasi « abstraite » de l’époque a influencé des sculpteurs contemporains (image n° 34).

À une question de Sylvie concernant les tablettes zodiacales (photos n° 28 et 29) qui lui semblent être en bois alors que la légende indique de l’ivoire, c’est bien de l’ivoire, comme précisé sur le site du musée pour cet objet. Le lieu lui-même mérite la visite (terrasse, parc…), ajoute Jean-Philippe, qui mentionne, entre autres objets dont Michel n’a pas parlés, la Dame de Brassempouy (et non la Vénus de Brassempouy…), excep­tion­nelle œuvre d’art préhistorique (cf. à droite), datant d’il y a 20 000 – 22 000 ans… En ce qui con­cerne la préhistoire, Jean-Philippe signale aussi l’exceptionnel musée national de la préhistoire aux Eyzies (en Dordogne), à proximité des principaux sanctuaires de l’art pariétal inscrits au patrimoine mondial de l’humanité, et créé au début du XXe siècle.

La moitié des présents étant membres actifs de chorales, Michel cite alors quelques Petites vacheries entre musi­ciens, réunies dans un livre par le compositeur Jean-Yves Bosseur et édité par Minerve et Fluide glacial, genre : Quelle différence y a-t-il entre le chef d’une chorale et un chimpanzé ?Il est scientifiquement prouvé que les chimpanzés sont capables de communiquer avec les humains., ou encore : Comment fait-on chanter deux chanteurs à l’unisson ?On en descend un., voire Pourquoi les chanteurs ne disent-ils jamais du mal des musiciens ?Parce qu’ils sont trop occupés à parler d’eux-mêmes., et enfin Combien de chanteurs faut-il pour changer une ampoule ?Un seul. Il tient l’ampoule et le monde tourne autour de lui.. Françoise (C.), une des choristes, demande alors : Quelle différence y-a-t’il entre une soprano et un piranha ?Le rouge à lèvres.. Sylvie, autre choriste et bachelière en mathématiques, pose l’énigme suivante : Un orchestre de 120 musiciens exécute la 9e Symphonie de Beethoven en 40 minutes. Combien de temps durera l’exécution de cette œuvre par 60 musiciens ? Soit M le nombre de musiciens et T la durée de l’exécution…On vous laisse faire le calcul tout seul comme un grand.

De là, la conversation glisse de la règle de trois à son apprentissage parfois difficile à l’école, agrémenté, comme le rappelle Françoise (P.), de problèmes con­cer­nant des baignoires et des trains… Léo, lui, dit n’en avoir jamais fait, ce qui fait demander à Michel s’il était allé à l’école, à quoi il répond que oui, mais tardivement. Il se souvient d’un autre problème, « Quelle est la plus longue distance d’un point à un autre ? »

Puis l’on évoque (de nouveau) les divers systèmes de désignation des classes : 11e, 10e, 9e, 8e, 7e, 6e… ; CP, CE1, CE2, CM1, CM2, 6e… en France, alors qu’en Israël et les pays anglophones par ordre numérique croissant ; on peut voir comment cela se passe dans bien d’autres pays dans ce tableau. Le système français confusionne Michel (et il n’est pas le seul, sans pour autant avoir été un petit Suisse, comme l’indique Léo) qui n’a connu que la méthode numérique décroissante (11e, 10e,…) ; confusion idem pour les diplômes universitaires français (DEA, DEUG, DESS, Maîtrise…), alors que durant ses études en Israël puis aux US il n’a connu que trois niveaux clairement identifiés : Bachelor, Master, Doctor. « On est en France », répond Sylvie, et en plus du système universitaires, on a les grandes écoles… Elle dit ne pas être sûre que l’unification « LMD » soit une bonne chose. Pour en revenir aux appellations des classes en France, on n’a pas trouvé de quand elles datent, mais on trouvera ici un article intéressant sur Les grandes lignes de l’évolution des institutions scolaires au XXe siècle. De son côté, Léo consultera son exemplaire du Patrimoine de l’éducation nationale pour tenter d’y trouver quand ces cycles ont été créés.

Après lecture de ce compte-rendu, Léo écrit ceci : « En ce qui concerne la distinction : CP, CE, CM, etc., pre­mières traces dans l’Arrêté sur l’orga­ni­sation péda­gogique et le plan d’études des écoles primaires publiques de Jules Ferry du 27 juillet 1882. »

D’accord, mais de quand date le décompte des classes de 11 à 1 (ce qui présuppose qu’il y avait déjà au moins onze classes à l’école) et (ensuite ?) le rajout d’une douzième, qui a dû s’appeler terminale pour éviter de renu­mé­roter toutes les classes précédentes ?

Puis on évoque la place de l’anglais aussi bien à l’école – où l’on commencerait de nos jours son étude bien avant la 6e, ainsi que, du temps de Michel, ce n’était pas le cas – qu’à l’université, où des cours se donnent parfois en anglais (surtout à destination d’étudiants étrangers). Mais est-ce que les jeunes Français maîtrisent-ils mieux cette langue qu’autrefois ?

Léo parle alors de l’introduction de la théorie des ensembles à l’école (en terminale, dans les années 1960) pour illustrer l’ambiguïté des langages – parlé (en l’occurrence par les élèves) et mathé­matique – et la difficulté que cela induit pour la compréhension : « Quel est l’ensemble des x tels que x est une voyelle ? » (mais x est une consonne, voyons !). Comme : « 3 fois plus » – est-ce qu’on parle ici de multiplication (« fois ») ou d’addition (« plus ») ? D’autres problèmes de compréhension concernent le contexte : « Votre père va au travail le matin, il prend le train à 8h16, qui a un retard de 10 minutes ; le trajet dure 30 minutes ; à quelle heure arrive-t-il ? ». Réponse : « Mon papa ne prend jamais le train ! Il prend sa voiture ! ». Il cite enfin une expérience dont parle Stella Baruk et qu’il a refaite qui montre comment l’autorité peut pervertir l’acqui­sition des connaissances : « Dans une classe, il y a 7 rangées de 4 élèves par rangée. Quel est l’âge de la maîtresse ? » 30 % des répondants disent : « Elle a 28 ans ». Pourquoi ? Parce que l’autorité a posé une question, il faut répondre, on s’accroche à toute information dans la question pour ce faire. Michel opine que, pour introduire l’abstrait, il faut savoir le faire à partir du concret, et peu d’enseignants savent procéder de cette façon : on enseigne (ou enseignait) plutôt à apprendre par cœur définitions et théorèmes que comprendre de quoi il s’agit. Sylvie parle alors de son expérience passée dans l’association Droit à l’école, où travaille aussi le beau-frère de Léo, à des jeunes (principalement d’Afrique sub-saharienne) et à qui manquent les bases de l’arith­métique (sans parler du fait qu’ils connaissent mal le français), ce qui fait dire à Françoise (C.) que le chauffeur de minibus qu’elle avait pris en Égypte pour 5 jours ne savait pas multi­plier son tarif quotidien par 5 – et contournait le problème en faisant 4 additions.

À propos de Stella Baruk : elle devrait en intéresser plus d’un(e) des zoomistes, puis­qu’elle est non seulement profes­seure de mathé­matiques et chercheuse en péda­gogie, mais aussi musicienne. On pourra l’écouter parler de la musique des mathé­matiques dans cette émission de France Culture, comme le signale Léo.

La conversation glisse alors sur les deux principaux systèmes de nommage des notes de musique : do, ré, mi… (issue de la première syllabe de chacun des vers de l’hymne à Saint Jean-Baptiste, datant du IXe siècle, avec ut pour le do), alors que dans le monde anglo-saxon la méthodes est bien plus simple : A (correspondant à notre la), B (ou H), C…, G. Ce dernier système a suscité chez nombre de compositeurs de composer des œuvres avec des mélodies construites sur un mot, à l’instar de B A C H, dénotant si, la, do, si (le H comme le B désignant le si), ou les Variations sur le nom « Abegg » pour piano de Schumann (Abegg étant sans doute le nom d’une dame que le compositeur avait rencontré et à laquelle il dédia cette œuvre – il n’avait que 20 ans et c’est son opus 1). Françoise (P.) raconte avoir utilisé ce principe pour faire réaliser des mélodies sur les prénoms de destinataires d’un cadeau d’anniversaire ou de mariage.

Pour finir sur une note plus légère, Léo fait écouter un monologue, sur une si belle soirée « au Théâtre-Français ou au palais de Chaillot, peut être ailleurs. En tout cas, c’était rudement bien joué. Une tragédie. C’était… de Racine ou de Corneille, je ne sais plus. En tout cas, c’était rudement beau. Tellement c’était beau, tellement on était ému. Ma femme surtout, était émue. D’ailleurs je dis ça, c’est des suppositions : ma femme, je ne l’ai pas revue depuis. Elle a dû rester au théâtre, tellement elle était émue. Sur son strapontin. Moi, je peux dire que je suis sorti du théâtre puisque je suis ici, n’est-ce pas ? Mais comment ça s’est fait, je ne peux pas vous le dire. J’ai dû suivre la foule, en somnambule. Je ne me suis réveillé que le lendemain, chez Paulette. C’était tellement beau !…  Le début surtout, on était sous le charme ! C’était… Parce qu’après, vous savez, les vers… On est tellement sous le charme quand ils sont beaux qu’au bout d’un moment on a tendance à s’assoupir. » Et la remémoration qui suit des beaux vers est tellement lacunaire (mais on arrive à compléter, si on connaît la pièce) qu’il en reste plus la mélodie ou le rythme que les paroles.

Il s’agit d’un texte tiré de Tragédie classique de Roland Dubillard, dit ici par André Dussollier, enregistrement disponible dans le livre CD Monstres Sacrés, Sacrés Monstres. Textes et poèmes, ou en ligne, dans cette émission de France Culture.

Chantal et François étant arrivés, on se sépare sur ces entrefaites.

29 novembre 2013

« Redonner un visage à l’homme. Repenser la centralité anthropomorphe. »

Classé dans : Histoire, Judaïsme, Langue, Littérature, Livre, Progrès, Shoah, Société, Éducation — Miklos @ 23:24

Lors du colloque « Permanence du yiddish » qui s’était tenu à l’Unesco il y a un an, l’allocution d’ouverture de Rachel Ertel, grande dame de la langue et de la culture yiddish s’il en est, a placé le propos spécifique de la confé­rence dans celui, bien plus général, de la place de l’homme – et donc de la langue, de l’histoire, de la culture, de l’iden­tité, de la transmission – dans, ou face à, la moder­nité. On trouvera ci-dessous le début de son inter­vention qui donnera, on l’espère, l’envie d’écouter (ici, où l’on peut aller directement à son intervention par le menu de droite) ou de lire () l’intégralité de sa communication.

Rachel Ertel est pessimiste : le yiddish est une « langue assassinée », elle ne redeviendra plus une langue populaire. Mais, dit-elle, « elle peut conserver et transmettre son infinie richesse en son propre idiome ou, comme dans la métaphore de Peretz par “la métamorphose de sa mélodie”, en d’autres langues », ce que sa propre activité de traductrice (vers le français) n’a eu de cesse de démontrer. Mais la tâche du traducteur est aussi celle de « témoin du témoin absent ».

Rachel Ertel a aussi œuvré à enseigner et faire enseigner le yiddish – j’en sais quelque chose personnellement – et pas uniquement à l’intention de ceux dont les parents maintenant disparus et leurs propres parents souvent assassinés parlaient cette langue, mais de jeunes générations parfois étrangères à cette filiation mais qui n’en montrent pas moins d’intérêt à l’étudier, à se l’approprier.

Et donc, en dépit de son pessimisme affiché, elle conclut ainsi : « En faisant jouer ensemble toutes ces strates on peut espérer qu’une sédimentation fertile verra le jour, dont il est impossible de prévoir les avatars et les configurations, mais qui peut, peut-être, redonner une fluidité, une capacité de métamorphose, bref une vitalité au yiddish qui lui donnera une forme de permanence. »

Nota bene : le terme yiddish de « Khurbn » qui revient à plusieurs reprises dans la seconde partie de son allocution provient de l’hébreu où il signifie « destruction », voire « destruction totale, catastrophique ». En hébreu, il est surtout appliqué aux deux destructions du Temple de Jérusalem. En yiddish, il dénote l’extermination des Juifs durant la Seconde guerre mondiale (en français, on tend à utiliser de nos jours dans ce contexte le mot hébreu de « Shoah », qui signifie « catastrophe »).

«La notion de permanence et sa définition, celle du dictionnaire, est la suivante : « Caractère de ce qui est durable, de ce qui dure, demeure, sans discontinuer, ni changer ». J’insiste sur le terme de « changer ».

La question qui se pose alors est d’ordre tout à fait général : est-ce le cas des langues, est-ce le cas des cultures ? Les langues et les cultures qui durent, qui demeurent sans discontinuer ni changer deviennent vite des langues et des cultures mortes. Il faut donc, pour être permanent, ne cesser de changer, de se transformer, et de se muer constamment. La réalité de la permanence est un flux constant, la seule permanence est la fluidité, la transformation, la métamorphose, l’ubiquitaire, le polysémique, la mutation, le polymorphe.

Jusqu’à la fin du XIXe siècle, et pour certains même pendant une partie du XXe, nous vivions dans l’illusion du progrès illimité de l’humanité. La technique avance plus vite que jamais, mais le progrès n’est plus crédible. L’humanité toute entière a perdu la face, et l’histoire continue à nous montrer que, loin de la retrouver, elle ne fait que la bafouer et l’abolir de jour en jour.

Nous vivions dans des dimensions à échelle humaine – des familles, des régions, à la rigueur des États-nations –, nous vivons maintenant à l’échelle planétaire, autant dire nulle part.

Nous vivions dans l’illusion d’un axe du temps unilatéral qui nous menait vers des lendemains qui chantent. Pour certains, la rédemption était accomplie ; mais les faits l’ont démenti. D’autres attendent encore une rédemption qui semble de plus en plus hypothétique si nous nous en tenons aux faits historiques aux guerres, aux massacres, de plus en plu industriels, de plus en plus scientifiques. La science que l’on croyait la panacée universelle a dévoilé sa face d’ombre.

Nous avons perdu notre innocence. Pour ma génération l’univers entier est à repenser. Les mots ont perdu ou changé de sens. Nous vivons dans « le désenchantement du monde. » Et tout est à repenser. À commencer : redonner un visage à l’homme. À repenser la centralité anthropomorphe. À retrouver le sens des mots, les dimensions dans lesquelles l’être humain évolue, les espaces de vie.

Pour pouvoir vivre, le repenser non pas en termes de mondialisation, de globalisation, mais d’une proximité qu’aucun internet, le plus sophistiqué ne peut supplanter. Repenser le temps. Le temps, non plus comme un axe unilatéral, ni comme un cycle toujours recommencé. Le temps avance et recule par bonds, il oscille, il va et vient, il tangue, il bafouille, il bégaie.

Il faut peut-être repenser notre monde non plus par sa centralité, mais comme disait Richard Marienstras, par les marges.

Repenser de fond en comble la notion, nous dire que la permanence est mortifère, que la véritable dimension de la permanence c’est le mouvement, c’est le changement, c’est la transformation.

»Alors nous pourrons repenser la permanence dans ses multiples dimensions : linguistique, historique, culturelle, iden­titaire, transmissible, c’est-à-dire dans la vie avec tous ses aléas.

11 novembre 2013

Souvenir(s)

Classé dans : Actualité, Histoire, Littérature, Photographie, Éducation — Miklos @ 12:56


Verdun, novembre 2006. Cliquer pour agrandir.

Du temps où j’étais à l’école communale – temps que la modernité permanente a effacé –, on y inculquait le civisme de diverses façons, non seulement lors de cours spécifiques dont je me souviens plus de l’appellation (cours de morale ?), mais aussi par exemple lors de ceux de chant ou de littérature par l’entremise de chansons et poèmes qu’on apprenait par cœur.

C’est ainsi que me revient au souvenir un texte de circonstance en ce jour, à connotation particulièrement pédagogique – le poète, Raymond Richard, instituteur, y interpelle les « petits enfants » – que j’avais dû apprendre en 9e ou en 8e. Bien des années plus tard, en 1971, le septième prix de poésie Gustave GasserCréé en 1965 par Tristan Maya pour rendre hommage au père du régionalisme bourguignon, qui vivait ignoré à Chagny-en-Bourgogne, et décerné jusqu’en 1996. fut attribué à son auteur à titre posthume et à l’unanimité pour son recueil de poèmes Le Bout de la route. La Revue des Deux Mondes, qui rapporte cette information cette année-là, rajoute : « La veuve du poète Roland Thévenin recevra cent bouteilles de Saint-Romain-mon-Village. » On est après tout dans le Beaujolais et on se demande s’il s’agissait d’un prix de consolation de la veuve éplorée de cet autre poète ou plutôt une récompense tardive pour ses Rimes vineuses.

Raymond Richard est oublié de nos jours : on n’en trouve en ligne quasiment aucune trace hormis une brève notice à la BnF et quelques poèmes « pleins de grâce et de mélancolie » – Le Printemps, L’Automne, Trois feuilles mortes, Giboulées – qui seraient encore enseignés ici et là. Une raison de plus d’en évoquer le souvenir.

Souvenez-vous

Dans chaque village de France
Sous de vieux arbres pleins d’oiseaux
Près de l’église au long fuseau
Un humble monument s’élance.

Simple pierre où l’on a gravé
Des noms oubliés dans les herbes
Des noms effacés sous les gerbes
Parmi les rubans délavés.

Ô vous qui, d’une main distraite
Écartez les buis en passant
Souvenez-vous, petits enfants,
De nos douloureuses conquêtes.

Souvenez-vous de tous les morts
Ensevelis au long des âges
Pour que votre petit village
Demeure en son calme décor.

En ce jour gris de souvenance
Auprès du monument verdi
Souvenez-vous mes tout-petits
De ceux qui sauvèrent la France.

Dans un récent entretien de circonstance accordé à L’Express, l’historienne Annette Becker dit : « [C]ommémorons aussi les femmes et les enfants qui ont perdu un proche au combat, ceux qui ont contribué à l’effort de guerre à l’arrière, ceux qui au contraire vivaient près du front militaire ou encore les habitants de régions entières qui ont été occupées dans le nord ou l’est de la France… Associer les civils à la commémoration du 11 novembre nous donnerait une vision nouvelle de ce conflit et du siècle qu’il a ouvert. »

C’est d’une certaine façon ce que s’évertue à faire Jours de guerre (1914-1918) – les trésors des archives photographiques du journal Excelsior, que Jean-Noël Jeanneney vient de publier avec Jeanne Guérout. On doit noter aussi la vaste entreprise de collecte – et de diffusion – d’archives familiales et personnelles entreprise à cette occasion par les Archives de France, la Bibliothèque nationale de France, la Mission du Centenaire et Europeana 1914-1918.

15 octobre 2013

Life in Hell: One, two, three, four… can I have a little more?

Classé dans : Actualité, Cinéma, vidéo, Musique, Peinture, dessin, Éducation — Miklos @ 11:26


The Fab Eight Preps Banquet

After Le Duo des Non, Buffy the Vampire Slayer’s Trio, China’s Gang of Four, Enyd Blyton’s Famous Five, Montparnasse’s Les Six and Snow White’s Silly Seven Dwarfs, here comes Spirou’s Fab Eight Preps: the Ailurophile Guitarist, the Alsacian Calligrapher, The Beach Bum Notary Public, Die Blonde Mariste Wirt­schafts­wissen­schaft­lerin, the Ineffable Donkey Rider, the Insomniac Confucian Diplomat, the Singing Ptero­dactylus and The One and Only Spirou.

They are in the throes of planning an all-frills ceremonial banquet replete with eloquent and witty speeches which they are frantically composing between their khôlles and teedees, seeking inspiration in their Facebook pages and by subreptitious glances over their neighbors’ shoulders in search for subject, style, substance and originality. Their motto: Be prepared!

As the famous Duo des Non’s injuncts, « Présence indispensable à tous ceusses qui viendront ! ». All together now!

Jeff et Akbar sont les personnages d’une série de bandes dessinées de Matt Groening, qui est aussi le père de la fameuse – et infâme – famille Simpson.

5 juin 2012

Eh, France 2 ! et la culture, bordel ?

Classé dans : Actualité, Langue, Littérature, Musique, Médias, Éducation — Miklos @ 14:14

Dans son reportage sur les étudiants français partis à Berlin dans le cadre du programme Erasmus, notre chaîne nationale les suit sur leur campus d’accueil ; lors d’un cours d’allemand, on les voit regarder une vidéo projetée à l’écran dans laquelle Dietrich Fischer Dieskau interprète Erlkönig, célèbre lied de Schubert sur un poème du non moins célèbre Goethe.

Et la voix off de dire : « Un cours d’allemand sur un air d’opéra pour des élèves musiciens ».

On se dit que ce journaliste n’avait pas dû étudier la musique, lui. On se dit aussi qu’il aurait dû compenser ses lacunes par une mini-enquête journalistique qui lui aurait évité d’exhiber ainsi son ignorance. On est curieux de savoir à quel opéra il pensait. Notre Dame de Paris ? Jesus Christ Superstar ?

Il lui aurait suffi d’interroger les étudiants en question : on ne doute pas qu’ils n’auraient eu besoin d’antisèches pour identifier correctement et l’œuvre et le genre, et lui expliquer en sus la différence entre un lied, une aria et un tube des Top 50.

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