La Baya
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La Baya – chanson chinoise, paroles de Marcel Heurtebise et musique de Henri Christiné, fut créée par Fragson en 1911. Elle eut un succès immédiat, et fut reprise par bien d’autres après lui : Charlus (1911), Elwel1 (1911), Paul Lack2 (1911), Alfred Nohcor3 (1916), Paul Roby (1956), Jean Parédès (1957), Suzy Delair (1958), Christian Borel (1961), Maurice Chevalier (1962), Aimé Doniat (1962), Paolo Poli (1967, en italien), Georgette Plana (1971), Guy Béart (1982), Karen Cheryl4 (1983), Danyel Dorgère et son orchestre (2010), Jules et son limonaire (2010)…
Il existe aussi un enregistrement d’Arletty, sur la même musique, mais avec des paroles tout à fait différentes, sans aucun rapport avec ce que raconte l’original, comme on peut le voir ci-dessous. Cette version est apparue en 1934 dans l’operette Le Bonheur, Mesdames ! de Francis de Croisset (d’après sa pièce éponyme représentée en 1905 au Théâtre des Variétés), musique du même Henri Christiné pour la musique et couplets d’Albert Willemetz, qui y a introduit des adaptations de chansons célèbres de Christiné.
Arletty y tient le rôle de Fernande. En épousant le marquis Adhémar d’Arromanches (Michel Simon, lors de la création), trop âgé pour elle, elle se rend compte qu’elle a fait une bêtise. Son dépit est d’autant plus vif que Georges (René Koval), le meilleur ami de son mari, ne cache pas sa félicité auprès de Paulette (Suzanne Dantès), épouse charmante et dévouée…
Quant au titre de la chanson, inchangé (pour les nombreuses publications de la version Arletty), il semblerait qu’il dénote « une grande dame, noble et distinguée, mais aussi confiante et autoritaire », ce qui pourrait correspondre aux deux personnages dont parlent ces deux versions – la petite Chinoise divine chez Fragson, la marquise dépitée chez Arletty.
Version originale (Fragson)
1 |
Un jeune officier de marine |
Un soir rencontra dans Pékin |
Une petite Chinoise divine |
Qu’on promenait en palanquin, |
En l’apercevant, la toute belle |
Arrêta bien vite ses porteurs : |
« Mon gentil petit Français, dit-elle, |
Veux-tu connaître le bonheur ? » |
Refrain |
Chin’, Chin’, Chin’, Chin’ |
Viens voir comme en Chine |
On sait aimer au pays bleu |
Chin’, Chin’, Chin’, Chin’ |
Je serai câline |
Si tu veux bien m’aimer un peu. |
Tous deux nous ferons un joli duo |
Oh ! Oh ! Oh ! |
Timélou, lamélou, pan pan timéla |
Paddy lamélou, concodou la Baya ! |
Timélou, lamélou, pan pan timéla |
Paddy lamélou, concodou la Baya ! |
2 |
Dans une tour de porcelaine |
Se rendirent les amoureux |
Et pendant toute une semaine |
Ils vécurent des jours heureux ! |
La petite Chinoise folichonne |
Savait très bien charmer son amant, |
Et de sa voix la plus polissonne, |
Elle répétait au bon moment : |
Refrain |
Chin’, Chin’, Chin’, Chin’ |
Voilà comme en Chine |
On sait aimer au pays bleu |
Chin’, Chin’, Chin’, Chin’ |
Extase divine, |
Qu’il est charmant ce petit jeu, |
Répétons encore ce joli duo : |
Oh ! Oh ! Oh ! |
Timélou, lamélou, pan pan timéla |
Paddy lamélou, concodou la Baya ! |
Timélou, lamélou, pan pan timéla |
Paddy lamélou, concodou la Baya ! |
3 |
Avant de partir pour la France |
Le marin dit à la mousmé : |
« Je suis ravi de ta science, |
» De ton amour je suis charmé ! |
» Dis-moi maintenant chère petite |
» Qui donc aussi bien t’apprit l’amour ? |
» Est-ce un Japonais, un Annamite ? » |
– « Mais non » fit-elle sans détour : |
Refrain |
Chin’, Chin’, Chin’, Chin’ |
Je n’suis pas d’la Chine |
Je suis née au quartier latin |
Et j’ai fait |
La danse serpentine |
Pendant six mois à Tabarin |
C’est là que j’ai appris mon petit numéro |
Oh ! Oh ! Oh ! |
Timélou, lamélou, pan pan timéla |
Paddy lamélou, concodou la Baya ! |
Timélou, lamélou, pan pan timéla |
Paddy lamélou, concodou la Baya ! |
Michel Simon et Arletty, in Le Bonheur, mesdames ! Cliquer pour agrandir.
Version Arletty
1 |
Je trouve cette histoire impayable |
Quand je songe aux énormités |
Qu’avec un culot d’tous les diables |
Nous avons pu leur débiter |
Le coup du goûter d’la chanoinesse |
Qu’on a vue en train de se gaver |
Ça manquait peut-être un peu d’finesse |
Mais c’était assez bien trouvé |
Refrain |
Chin’ chin’ chin’ chin’ |
Je vois que tu chines |
C’est toi qu’as l’plus exagéré |
Chin’ chin’ chin’ chin’ |
Je r’vois leurs bobines |
Je revois leurs yeux effarés |
Y a surtout quèque chose |
Qu’ils n’ont pas encore digéré |
Le baba, le baba, y n’l’ont pas gobé |
L’goûter qu’elle goûta, ils ne l’ont pas goûté |
Le porto, le porto, ça n’a pas porté |
Et les p’tits gâteaux, c’est ça qu’a tout gâté. |
2 |
C’est marrant l’histoire du mariage |
Mais où nous nous sommes fourvoyés ! |
C’est quand j’ai parlé de d’son voyage |
Je n’pensais pas qu’c’était l’dernier |
Je suis sûre qu’à cette brave chanoinesse |
Notre petit tour n’a pas déplu |
N’avons-nous pas eu la gentillesse |
De la faire vivre un jour de plus ? |
Refrain |
Chin’ chin’ chin’ chin’ |
Oui tu t’imagines |
Que t’es le seul à bien parler |
Chin’ chin’ chin’ chin’ |
Moi je suis plus fine |
Mes boniments ont bien collé |
Mais t’as dit quèque chose |
Qu’ils n’ont pas encore avalé |
Le baba, le baba, y n’l’ont pas gobé |
L’goûter qu’elle goûta, ils ne l’ont pas goûté |
Le porto, le porto, ça n’a pas porté |
Et les p’tits gâteaux, c’est ça qu’a tout gâté. |
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1. De son vrai nom Eugène Sylvain Besson, connu aussi sous les noms de Elwell, Elvel ou Elvell.
2. De son vrai nom Lucien Callamand.
3. De son vrai nom Alfred Rochon.
4. De son vrai nom Isabelle Morizet.