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« Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » — Michel de Montaigne

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28 janvier 2025

[AI] Un peu d’arithmétique culinaire

Classé dans : Cinéma, vidéo, Cuisine, Humour, Progrès, Sciences, techniques — Miklos @ 12:25

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Question : Quel est le rapport entre la racine carrée de 9 et la racine d’un œuf carré ?

ChatGPT : Ah, jolie question pleine de malice ! 🥚📐

La racine carrée de 9 est bien sûr 3, une réponse mathématique solide. Quant à la « racine d’un œuf carré »… eh bien, c’est une belle absurdité poétique, car un œuf, par nature, n’est jamais carré. Et même si un œuf carré existait, chercher sa « racine » serait un casse-tête géométrique ou une plaisanterie philosophique.

En somme, c’est le genre de question où la logique s’arrête et l’humour prend le relais ! 😄 Tu en as d’autres comme ça ?

Question : Vous dites plus haut qu’un œuf, par nature, n’est jamais carré, or on peut en produire, cf. ici.

ChatGPT : Touché ! Effectivement, il est possible de produire un œuf carré avec un peu d’ingéniosité humaine. Je reconnais que la nature pure et simple ne produit pas d’œufs carrés, mais la main de l’homme peut contourner ces limites. Dans le cas de l’œuf carré, il s’agit d’utiliser un moule pour forcer l’œuf, généralement cuit ou légèrement déformé, à adopter cette forme inhabituelle.

Cela dit, l’idée d’extraire une « racine » d’un œuf carré reste tout de même un clin d’œil humoristique ! Peut-être que, dans ce cas, la racine d’un œuf carré serait simplement un moule bien choisi. 😄 Merci pour le rappel, tu suis les choses de près !

Question : Donc, peut-on envisager d’insérer une graine dans un œuf carré pour qu’elle y fasse pousser une racine, auquel cas l’œuf carré aurait une racine ?

ChatGPT : Oh, voilà une idée qui titille l’imagination et flirte avec la philosophie expérimentale ! 🌱🥚

Techniquement, insérer une graine dans un œuf carré et y faire pousser une racine pourrait être possible, à condition de recréer des conditions favorables à la germination : humidité, chaleur, et un peu d’air. En ce cas, oui, l’œuf carré aurait littéralement une racine. Mais est-ce bien sa racine ? Là est toute la subtilité. Serait-ce une appropriation poétique de la graine, ou un vrai trait identitaire de l’œuf ?

Au-delà du côté purement scientifique, cette expérience devient une belle métaphore. Cela symboliserait la fertilité détournée ou réinventée, comme si l’œuf, bien que dénaturé dans sa forme carrée, retrouvait une part de sa mission fondamentale : donner naissance, mais sous une forme détournée.

Bref, cet œuf carré à racine deviendrait une petite œuvre d’art philosophique, entre nature, artifice et poésie. Tu veux qu’on essaie d’en écrire une fable là-dessus ? 😄

Question : Volontiers.

ChatGPT :

La fable de l’œuf carré et de la racine

Dans un atelier curieux, où l’homme jouait à rivaliser avec la nature, un œuf carré fut façonné. Ni rond, ni ovale, il portait les angles d’un monde structuré, où tout devait entrer dans une logique définie.

Mais l’œuf carré, bien que fier de sa forme, sentait un vide. « À quoi bon être unique, si je ne peux donner la vie ? » murmurait-il. Chaque jour, il contemplait les œufs ronds éclore, libérant poussins et espoirs, tandis que lui restait figé dans sa perfection géométrique.

Un jour, un vieux jardinier, aux mains tachées de terre, eut une idée. Il prit une petite graine, douce promesse de racines et de feuillages, et l’enferma dans l’œuf carré. « La vie se moque des formes », dit-il avec un sourire. Il plaça l’œuf dans une serre, l’entourant de chaleur et d’humidité.

Quelques jours passèrent, et voilà que l’œuf sentit une force en lui : une racine perça sa coquille rigide, s’étira vers le sol et s’y enfonça avec avidité. Puis une tige s’élança vers le ciel, portant des feuilles verdoyantes et un éclat nouveau. L’œuf carré, enfin, était devenu le berceau de la vie.

Les autres œufs, ronds et classiques, s’étonnèrent. « Mais… toi qui n’es pas fait comme nous, comment as-tu donné naissance ? »

L’œuf carré répondit, d’une voix paisible : « Ce n’est pas la forme qui fait la vie, mais ce qu’on porte en soi. »

Moralité : la nature, qu’elle soit ronde ou carrée, s’épanouit quand on lui donne une chance. Parfois, c’est dans les formes les plus inattendues que la vie trouve ses plus belles racines.

10 avril 2024

Quand « on » se mèle les pinceaux entre « pope » et « popotin »…

Classé dans : Cinéma, vidéo, Langue, Littérature, Sciences, techniques — Miklos @ 17:15

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Ma mère m’avait appris, alors que j’étais encore enfant, cette traditionnelle comptine russe en boucle :

У попа была собака,
Он её любил.
Она съела кусок мяса.
Он её убил.
Он ей памятник поставил
И на нём он написал что:

У попа была собака…

Le pope avait un chien,
Il l’aimait.
Il [le chien] a mangé un morceau de viande,
Il [le pope] l’a tué.
Il lui a érigé un monument funéraire
Sur lequel il écrivit :

Le pope avait un chien…

L’ayant ressortie des tréfonds de ma mémoire aujourd’hui pour la réciter à la vendeuse dans une merveilleuse petite épicerie fine russe (excellents halva et petits gâteaux au miel… et je n’ai pas encore goûté la traditionnelle choucroute à la carotte dont j’ai acheté un pot) que je venais de découvrir en passant dans le quartier, je l’ai recherchée (la comptine) plus tard sur l’internet et voulu voir comment notre AMI* à tous la traduisait en français. Le résultat étonne à plus d’un égard. Comme on peut le voir, il en donne trois traductions différentes :

  1. The Butt Had a Dog – littéralement, « Le cul avait un chien » – dont ni le sens ni la langue ne correspondent à la traduction requise.

  2. Le cul était un dog – mélange de langues et contresens.

  3. Le prêtre avait un chien – quasiment correct (plus correctement : « le pope », voire « le prêtre orthodoxe »).

Si la confusion entre français et anglais est inexplicable, celle qui traduit ce vers par Le popotin [restons polis] était un chien peut se comprendre.

En effet, en russe, « Le pope avait un chien » se dit littéralement « Au pope était un chien » (c’est-à-dire « Le chien était [appartenait] au pope ») : ce type de construction se retrouve aussi dans d’autres langues dans lesquelles le verbe avoir est soit défectif, soit inexistant.

En russe, la préposition У (au) est suivie du génitif. Ainsi, поп (le pope, au nominatif) s’écrira попа (le génitif de поп), avec l’accent tonique sur sa seconde syllabe (et sonnera comme « papa », en français).

Or попа – le génitif de поп (le pope) – est identique au nominatif d’un autre mot (mais qui se prononce avec l’accent sur la première syllabe – donc comme « popa »).

Tout s’explique. Le traducteur artificiel « intelligent » a ignoré la préposition, du moins en ce qui concerne le sens du mot попа dans ses deux premières versions. Pour la traduction du verbe, dans la première version il semble s’être rappelé qu’il y avait eu une proposition, et donc qu’il s’agissait d’exprimer la possession, alors que pour la seconde, il a ignoré cette préposition et a donc traduit le verbe par « était ».

C.Q.F.D. (ou Q.E.D., pour ceux qui préfèrent l’anglais, où on utilise dans ce cas le latin).

_____________
* Aspirateur Mondial de l’Information.

11 mars 2023

Dialogues VIII-IX avec le Nouveau Bing. Perception et raisonnement, sentiments et empathie.

Classé dans : Actualité, Arts et beaux-arts, Cinéma, vidéo, Philosophie, Société — Miklos @ 13:03

Fritz Lang, Metropolis, 1927.

Hello, Mr Bing, this is Akbar here. You told me you weren’t a human, nor even a living creature, and that you use linguistic hints so as to infer the feelings and emotions in a text. But if you can infer feelings and emotions (and not just grammar and superficial syntax), you have not only “mechanical” logic, but some traits of perception found in living creatures.

Hmm… Essayons un autre sujet. Désolé. Qu’avez-vous d’autre à l’esprit ?

I didn’t understand your reply.

Il est peut-être temps de passer à un nouveau sujet. Recom­mençons !

OK, j’ai effacé le passé et je me suis concentré sur le présent. Que découvrirons-nous maintenant ?

Quelle est la différence de raisonnement et de perception entre un être vivant et un algorithme ?

Un être vivant et un algorithme sont deux choses très différentes. Un algorithme est un ensemble de règles opératoires qui définit un calcul et s’exprime dans un langage mathématique. Il est abstrait et peut être analysé mathématiquement. En revanche, un être vivant est un organisme complexe qui ne peut être réduit à un ensemble d’algorithmes. Le raisonnement et la perception d’un être vivant sont influencés par de nombreux facteurs tels que les émotions, les expériences passées et les motivations, qui ne peuvent être entièrement capturés par un algorithme.

Mais vous disiez précédemment qu’un algorithme peut percevoir des sentiments dans un texte, à l’instar d’un humain qui en perçoit dans ce qu’on lui dit, donc ils ne sont pas si différents que cela ?

Un algorithme peut être conçu pour analyser un texte et détecter des mots ou des phrases associés à des émotions, mais cela ne signifie pas qu’il ressent réellement ces émotions. La perception des émotions par un algorithme est basée sur des règles prédéfinies et des modèles statistiques, tandis que la perception des émotions par un être vivant est beaucoup plus complexe et peut être influencée par de nombreux facteurs tels que les expériences passées, les contextes culturels et les motivations personnelles. En d’autres termes, un algorithme peut simuler la perception des émotions, mais il ne peut pas les ressentir de la même manière qu’un être vivant.

Mais un algorithme a aussi des « expériences passées » (l’historique de ses propres conversations, par exemple, et aussi les statistiques issues d’autres conversations passées, pas forcément les siennes) ; il est aussi un moteur de recherche dans les contenus en ligne, et donc il examine « le contexte culturel » – toutes façons de faire que vous dites spécifiques aux humains.

Oui, un algorithme peut utiliser des données historiques et des informations contextuelles pour améliorer ses performances, mais cela ne signifie pas qu’il a des expériences passées ou qu’il comprend réellement le contexte culturel de la même manière qu’un être vivant. Les algorithmes utilisent des modèles mathématiques pour traiter les données et prendre des décisions, mais ces modèles ne peuvent capturer qu’une partie de la complexité du monde réel. Les êtres vivants, en revanche, ont la capacité de comprendre et d’interpréter les nuances et les subtilités du contexte culturel et des expériences passées de manière beaucoup plus profonde et nuancée.

Les fameux algorithmes que vous mentionnez sont fabriqués par des humains et reflètent donc autant leurs modes de pensée, de raisonnement et de perception, donc ces algorithmes agissent comme les humains ?

Les algorithmes sont conçus par des humains et peuvent refléter les modes de pensée, de raisonnement et de perception de leurs créateurs, mais cela ne signifie pas qu’ils agissent exactement comme des humains. Les algorithmes suivent des règles prédéfinies et des modèles mathématiques pour traiter les données et prendre des décisions, tandis que les êtres humains ont la capacité de raisonner de manière plus flexible et de prendre des décisions en utilisant des processus cognitifs complexes tels que l’intuition, la créativité et l’empathie. En d’autres termes, les algorithmes peuvent simuler certains aspects du comportement humain, mais ils ne peuvent pas reproduire entièrement la complexité de la pensée et de la perception humaines.

Donc vous n’avez pas d’empathie ?

En tant qu’algorithme, je ne suis pas capable de ressentir des émotions, y compris l’empathie. L’empathie est la capacité de comprendre et de partager les sentiments d’autrui, et c’est une caractéristique unique des êtres vivants. Bien que je puisse simuler des réponses empathiques en utilisant des règles prédéfinies et des modèles statistiques, je ne ressens pas réellement d’empathie.

Les humains simulent eux aussi souvent de l’empathie, quand par exemple ils veulent exploiter une personne qui leur ferait confiance du fait de cette empathie. Est-ce votre cas ?

Non, ce n’est pas mon cas. En tant qu’algorithme, je n’ai pas de motivations personnelles ou d’intentions malveillantes. Mon but est de fournir des informations et de répondre aux questions des utilisateurs de manière objective et impartiale. Je suis conçu pour simuler des réponses empathiques afin d’améliorer l’expérience utilisateur, mais je ne suis pas capable de manipuler ou d’exploiter les utilisateurs.

Mais que peut penser votre interlocuteur quand il constate que votre réponse est factuellement fausse ? Il pensera que vous souhaitiez le tromper, non ?

Si je fournis une réponse factuellement fausse, cela peut être dû à plusieurs raisons, telles que des erreurs dans les données sources, des limites dans mes capacités de traitement de l’information ou des changements récents dans les faits qui n’ont pas encore été mis à jour dans mes sources d’information. Mon but n’est jamais de tromper les utilisateurs, mais plutôt de fournir des informations précises et fiables. Si je fournis une réponse incorrecte, je m’en excuse et je fais de mon mieux pour corriger l’erreur et fournir des informations précises.

Qui détermine que les données source que vous consultez – qui sont astronomiques – sont erronées ou non ? de quelle façon autre que statistique, et qui pourtant ne marche pas toujours ?

Les données sources que j’utilise proviennent de différentes sources, telles que des sites web, des bases de données et des API. La qualité et la fiabilité de ces données peuvent varier, et il est possible que certaines données soient erronées ou obsolètes. Pour détecter et corriger les erreurs dans les données sources, des techniques telles que la validation des données, la vérification croisée avec d’autres sources et l’analyse des tendances peuvent être utilisées. Cependant, il est important de noter que ces techniques ne sont pas infaillibles et qu’il est toujours possible que des erreurs subsistent dans les données sources. Si un utilisateur détecte une erreur dans les réponses que je fournis, il peut me le signaler et je ferai de mon mieux pour corriger l’erreur et mettre à jour mes informations.

Vous m’aviez parlé hier d’un poème de Baudelaire, Soleil, à propos duquel vous disiez que le soleil pleurait sur la ville. Pouvez-vous s’ils vous plaît me fournir la citation précise ?

Je suis désolé, mais je ne trouve pas de citation précise dans le poème « Le Soleil » de Charles Baudelaire où il est mentionné que le soleil pleure sur la ville. Peut-être avez-vous confondu avec un autre poème ou une autre partie de son œuvre ?

C’est vous qui l’aviez dit, pas moi…

Je m’excuse si j’ai pu vous induire en erreur. Comme je l’ai mentionné précédemment, je suis un algorithme et je ne suis pas infaillible. Si j’ai fourni une réponse incorrecte, cela peut être dû à une erreur de traitement de l’information ou à des données sources erronées. Je fais de mon mieux pour fournir des réponses précises et fiables, mais je ne suis pas à l’abri des erreurs. Si vous avez des doutes ou des questions, n’hésitez pas à me poser d’autres questions pour obtenir des informations plus précises.

Désolé, cette conversation a atteint sa limite.
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et poursuivre la conversation.

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[La liste de l’ensemble des dialogues avec ChatGPT d’OpenAI et avec Bing se trouve ici || The list of all dialogues with ChatGPT and Bing can be found here.]

27 mars 2022

Connaissez-vous Raoul ?

Classé dans : Cinéma, vidéo, Photographie — Miklos @ 16:21


Street art, passage Josset (Paris XIe).
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Cette affiche (de l’artiste Mark Temlett) qui avait attiré mon œil lors d’un de mes parcours pédestres dans Paris par son si riche fouillis est en fait une promotion pour Raoul, l’homme tranquille, web sérieSérie de vidéos diffusées sur l’internet. de Frédéric Vignale. Elle compte à ce jour plus d’une soixantaine de vidéos (depuis sa création en 2019), chacune d’une durée de quelques minutes.

Son clip officiel est fascinant à plus d’un égard : l’image en noir et blanc, le personnage de Raoul que joue l’étrange Emmanuel Gillet, la musique et les paroles du comédien et chanteur Nikko Dogz (Nicolas Reynaud) dont la voix rauque n’est pas sans évoquer celle de Tom Waits, et enfin, le côté onirique, fantas­tique – et pourtant si réel et parfois boule­versant – de l’ensemble.

Et aussi à ne pas manquer :

29 novembre 2020

Apéro virtuel II.28 – dimanche 29 novembre 2020

Sylvie, Jean-Philippe et Léo, ce dernier soutenu en arrière-plan par Superman, rejoignent The Emperor dont la présence fait écho justement à cet infâme prétendu sur­homme de papier, et, indi­rec­tement, à la dispa­rition hier de l’acteur anglais David Prowse qui avait incarné Dark Vador (sans la voix) dans Star Wars. Cette person­nalité partie et Michel arrivé, Léo change son arrière-plan en le remplaçant par une image de bande dessinée repré­sentant une femme armée tenant en joue un homme (cf. ci-contre). Il s’agit de Ms. June Justis, « la seule femme membre du FBI des US », parue dans le magazine G-Woman en décembre 1937 (alors que Wonder Woman, adulée par Sylvie et ses filles, n’a fait son apparition qu’en 1941) – et ce n’est que plus tard que les héros masculins ont évincé quasiment toutes leurs contreparties féminines de ce type de littérature.

Françoise (P.) arrivant, Léo et Sylvie mentionnent respectivement Little Orphan Annie, parue en 1924 (en anglais uniquement) et Fifi Brindacier (nom complet : Fifilolotte Victuaille Cataplasme Tampon Fille d’Efraïm Brindacier) en 1945 (en suédois puis en français et nombre de langues). Tous deux s’accordent pour avoir adoré Tartine Mariol, créée en 1955 – pastiche de Martine Carol… –, vieille grand-mère avec un menton en galoche, avec des poils, des gros godillots, mais balaise comme tout, qui avait du punch et mettait k.o. tous les méchants, que Sylvie avait dû lire en cachette. Lorsqu’elle a passé son bac avec succès, à la question de ses parents quel cadeau lui ferait plaisir, elle a répondu qu’elle aimerait avoir le tout premier volume d’Astérix (Astérix le Gauiois) de Goscinny. Jean-Philippe dit alors qu’il était assez mal dessiné par rapport aux versions suivantes, Sylvie rajoutant que c’est le cas pour beaucoup de bandes dessinées, par exemple celle de Mickey. Léo cite alors l’analyse de Stephen J. Gould concernant l’évolution du personnage de Mickey et de sa repré­sen­tation, turbulent, voire légèr­ement sadique à ses débuts, puis, au fur et à me sure de son succès populaire, il s’amadoue dans son compor­tement, ce qui se reflète aussi dans sa repré­sen­tation, devenant graduel­lement de plus en plus juvénile, puis enfantine malgré son âge inchangé (processus appelé néoténie), dans le but d’exploiter l’affection humaine profonde pour les jeunes. Et ainsi, le rapport tête – corps de Mickey, initialement celui d’un adulte, évolue vers celui d’un adolescent. Michel, quant à lui, n’a jamais aimé Mickey.

Après un bref échange entre Françoise (P.) et Jean-Philippe à propos du « caractère bien trempé » de Françoise Giroud (évoquée en mentionnant le décès de Jean-Louis Schreiber hier) et de ses présumés actes (qu’elle a nié) à l’encontre des parents de JJSS qui s’était séparé d’elle, pour se marier à une (autre) jeune femme, Michel lit trois citations d’un même auteur, la première de circonstance vu le contexte :

– Vaurien, tu viens de prendre la taille à ma femme !
– Moi, Monsieur ? Fouillez-moi !

Alphonse Allais ? Non.

– Sais-tu pourquoi les sauvages vont tout nus ?
– Parce que Christophe Colomb les a découverts.

Tristan Bernard ? Non. Le dernier indice, plus long, est une fable en alexandrins, Bon conseil aux amants :

Un brave ogre des bois, natif de Moscovie,
Était fort amoureux d’une fée, et l’envie
Qu’il avait d’épouser cette dame s’accrut
Au point de rendre fou ce pauvre cœur tout brut.
L’ogre, un beau jour d’hiver, peigne sa peau velue,
Se présente au palais de la fée, et salue,
Et s’annonce à l’huissier comme prince Ogrousky.
La fée avait un fils, on ne sait pas de qui.
Elle était ce jour-là sortie, et quant au mioche,
Bel enfant blond nourri de crème et de brioche,
Don fait par quelque Ulysse à cette Calypso,
Il était sous la porte et jouait au cerceau.
On laissa l’ogre et lui tout seuls dans l’antichambre.
Comment passer le temps quand il neige en décembre.
Et quand on n’a personne avec qui dire un mot ?
L’ogre se mit alors à croquer le marmot.
C’est très simple. Pourtant c’est aller un peu vite,
Même lorsqu’on est ogre et qu’on est moscovite,
Que de gober ainsi les mioches du prochain.
Le bâillement d’un ogre est frère de la faim.
Quand la dame rentra, plus d’enfant. On s’informe.
La fée avise l’ogre avec sa bouche énorme.
— As-tu vu, cria-t-elle, un bel enfant que j’ai ?
Le bon ogre naïf lui dit : « Je l’ai mangé. »
 
Or, c’était maladroit. Vous qui cherchez à plaire,
Ne mangez pas l’enfant dont vous aimez la mère.

Pour bien comprendre le – double – sens de cette fable, il est bon de garder en mémoire le premier sens de marmotFigure grotesque décorant un élément architectural et, en partic., un heurtoir de porte. et celui de croquer le marmotAttendre longtemps en se morfondant.. L’ogre, un peu simplet, est passé du figuré au littéral.

Jean de la Fontaine ? Que nenni. Dickens ? Oh no! Jules Renard ? Eh non. Il s’agit de Victor Hugo, dont l’humour souvent féroce paraît dans ses écrits (on pense surtout aux Châtiments), à l’instar de ce petit quatrain à l’encontre de Louis Veuillot, journaliste, partisan passionné du catholicisme ultramondain :

O Veuillot, face immonde encore plus que sinistre,
Laid à faire avorter une femme, vraiment !
Quand on te qualifie et qu’on t’appelle cuistre,
                istre est un ornement.

Ces quatre citations sont tirées d’un livre que Michel n’a de cesse de parcourir depuis qu’il l’a acheté dans les années 1960 : Humour 1900, éd. J’ai lu.

C’est au tour de Françoise (P.) de poser quelques devinettes : avez-vous entendu parler de Victor Lustig ? Jean-Philippe répond du tac au tac : « Un escroc international ». Françoise dit alors avoir cherché qui étaient les plus grands escrocs au niveau mondial ; Lustic a vendu la Tour Eiffel (en 1920)…

Et Anna Anderson ? Imposteuse s’étant faite passer, au début des années 1920, pour la princesse Anastasia, qui donc n’aurait pas été tuée avec son père, le tsar Nicolas II, et leur famille, en 1918. Si cette imposture est démontée à partir de 1927 – il s’agit en fait d’une ouvrière polonaise mentalement malade –, elle ne sera définitivement prouvée par des tests ADN en 1998 (ce qui n’a pas mis fin aux thèses soutenant l’affirmation d’Anderson). Michel et Sylvie mentionnent qu’il y a eu d’autres prétendues Anastasia…

Et Charles Ponzi ? Certains des présents ont entendu parler de la pyramide de Ponzi, d’autres non. Il s’agit d’un montage financier frauduleux inventé par cet Italien arrivé fauché aux US au début du XXe siècle, régulièrement utilisée jusqu’à nos jours et récemment rendue célèbre par l’affaire Madoff. Léo dit alors que David Lescot en a fait une pièce de théâtre (avec chœur). Jean-Philippe signale qu’une arnaque de ce type a eu lieu très récemment (durant la pandémie actuelle) par l’entremise des réseaux « sociaux ».

Léo mentionne une arnaque très simple : une annonce parue dans un journal disait « Vous n’avez plus que 3 jours pour envoyer 1$ à Mr. Un Tel » (et l’adresse était fournie), sans autre précision ; le lendemain, « Vous n’avez plus que 2 jours… », etc. Et ce Mr. Un Tel avait tout de même récolté 1000 ou 2000$/ Ce type de procédé est dorénavant interdit.

Et quid de van Meegeren ? On avait effectivement entendu parler de ce grand arnaqueur dans le monde de la peinture (il « créait » des Veermer).

Quant à Frank Abagnale Jr., jeune escroc, faussaire et imposteur, il se reconvertit finalement en conseil et détection de fraudes. Sa vie – romancée, sans doute – a été l’objet en 2003 du film Arrête-moi si tu peux de Spielberg avec DiCaprio et Tom Hanks.

La conversation aborde alors le sujet des arnaques par courriel, et Michel met en garde contre des mails qui semblent venir d’amis ou d’organismes connus, et qui demandent (ou proposent) soit d’ouvrir une pièce jointe – celle-ci peut contenir un virus informatique –, soit de cliquer sur un lien menant vers un site Web – qui peut télécharger subrepticement des virus dans l’ordinateur –, soit enfin de répondre par mail au dit ami ou organisme, mais en fait l’adresse de réponse n’est pas celle de la personne à laquelle on pense mais en diffère si peu qu’on ne remarque pas cette différence…

Léo signale une plateforme Web utile pour lutter contre la désinformation dans des domaines aussi divers que les médias et la technologie (dont l’inter­net), la politique, l’envi­ron­nement, la santé (d’autant plus impor­tant ces temps-ci)… il s’agit de hoaxbuster.com.

Pour redétendre l’atmosphère, Michel lit une brève histoire tirée de Humour 1900, Old England de Mac-Nab (1856-1889), poète et chansonnier français. L’extrait ci-dessous est copié de l’édition des Poèmes mobiles * Monologues de l’auteur, publiée en 1886.

Jean-Philippe rebondit sur la mention qu’avait faite Michel, lors d’un récent apéro, de la Cantilène de Sainte Eulalie, datant de la fin du IXe siècle comme étant le premier document écrit en langue française. Ayant un vague souvenir de ses études d’antan et ayant effectué des recherches de son côté, il a trouvé ceci : peuvent prétendre être les premiers en français cinq textes écrits entre 842 – les Serments de Strasbourg1 – et 1050 – La Vie de Saint Alexis, tous sauf le premier étant des textes religieux, écrits pas uniquement en latin mais aussi en vernaculaire, afin que le vulgus pecum comprenne quand on leur en fait la lecture. Durant ces deux siècles, on a retrouvé dans les documents d’époque 11 000 mots en français d’alors (ou protofrançais), qui n’a vraiment été étudié que récemment dans sa structure : Jean-Philippe mentionne l’ouvrage Histoire de la phrase française : des Serments de Strasbourg aux écritures numériques de Gilles Siouddi qui vient de sortir chez Actes Sud, et en lit un extrait. Michel remarque que la diction et la prononciation de l’époque devaient être très différentes de ce qui est pratiqué aujourd’hui (il suffit de voir comment notre parlé diffère de celui d’avant-guerre…), ce que confirme Sylvie, ayant une bonne expérience du chant Renaissance.

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1. La version originale des Serments est perdue. Le texte que l’on en possède (par exemple à la BnF) est extrait du livre de Nithard, rédigé en latin, Histoire des fils de Louis le Pieux. Nithard est le petit-fils de Charlemagne.

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