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25 avril 2010

La nuit des Molières

Classé dans : Actualité, Théâtre — Miklos @ 22:20

« Le théâtre n’est pas ceci ou cela, mais ceci et cela. » — Laurent Terzieff.

La raison pour laquelle je me suis coltiné le cérémonial de ce soir (je ne suis pas adepte de la starisation et des cérémonies de ce genre, même lorsqu’il s’agit du théâtre que j’aime tellement), c’était l’annonce de la représentation de Feu la mère de Madame de Feydeau en guise d’ouverture.

J’ai dévoré tout Feydeau à l’adolescence, fasciné par la précision des engrenages redoutables de ses pièces et ébloui par les dialogues de cet humour Belle Époque et fin-de-siècle que j’apprécie tellement (celui des Fumistes et des Hydropathes, d’Alphonse Allais, de ses prédécesseurs immédiats et de ses contemporains…) : à la lecture, je pouvais voir les pièces se représenter aux yeux de mon esprit, la mise en scène y étant décrite avec tellement de précision. Le texte n’a pris presque aucune ride : ce sont les aventures – et surtout les mésaventures – éternelles du couple et ses chassés-croisés avec ses amis et ses connaissances. C’est bien moins le cas pour Courteline dont la critique sociale reflète surtout son époque et notamment l’Administration d’alors (même si à certains égards elle n’a pas tellement évolué que ça).

La représentation m’a déçu : c’était du gros boulevard hystérique et vulgaire, les cris et les gesticulations des acteurs (particulièrement décevants de la part d’Emmanuelle Devos qui nous avait habitué à bien mieux) inutiles : ce qui fait la force de ces pièces, ce sont les circonstances – et donc ce qui passe par le dialogue – dans lesquelles les acteurs sont pris de façon inéluctable, le contraste entre leur état de petits bourgeois et la situation ahurissante qui les transforme en pantins dans les mains du destin. Ici manquait la distinction dans leur jeu, composante nécessaire de l’incongruité de la pièce.

La suite – le spectacle – était assez convenu dans sa forme. Ce qui ne l’était pas, c’était la participation de deux personnalités remarquables, et en premier lieu Laurent Terzieff, dont le discours fin, intelligent et simple en a ému plus d’un en quelques mots bien sentis (contrairement à d’autres qui n’en finissaient pas de finir et qui donnaient parfois dans le pathos). Quant à Michel Galabru, il nous a rappelé une réplique du grand Jouvet, devant lequel une ingénue s’essayait à Psyché de Molière, et dont la première réplique est : « Où suis-je ? ». Jouvet lui répond : « Au Conservatoire, et pas pour longtemps. » Pour le reste…

« Monsieur Terzieff, c’est pour des gens comme vous qu’on choisit de faire du théâtre », conclut Dominique Blanc, lauréate du Molière de la meilleure comédienne.

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