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18 janvier 2009

Faute d’un gant, le parti fut perdu

Classé dans : Lieux, Littérature, Photographie, Politique — Miklos @ 22:00


Vitrine à l’aéroport de Fiumicino

« Faute d’un clou le fer fut perdu,
Faute d’un fer le cheval fut perdu,
Faute d’un cheval le cavalier fut perdu,
Faute d’un cavalier la bataille fut perdue,
Faute d’une bataille le royaume fut perdu.
Et tout cela faute d’un clou de fer à cheval. »

— Benjamin Franklin, Almanach du pauvre Richard, 1758.

«La Duchesse de Marlborough exerçoit la charge de grand’Maîtresse de la Reine Anne à Londres, tandis que son époux faisoit dans les campagnes de Brabant une double moisson de lauriers & de richesses. Cette Duchesse soutenoit par sa faveur le parti du héros, & le héros soutenoit le crédit de son épouse par ses victoires. Le parti des Toris, qui leur étoit opposé, & qui souhaitoit la paix, ne pouvait rien, tandis que cette Duchesse étoit toute puissante auprès de la Reine. Elle perdit cette faveur par une cause assez légère : la Reine avoit commandé des gants, & la Duchesse en avoit commandé en même temps ; l’impatience de les avoir lui fit presser la gantière de la servir avant la Reine. Cependant Anne voulut avoir ses gants : une dame *) qui étoit ennemie de Miladi Marlborough, informa la Reine de tout ce qui s’étoit passé, & s’en prévalut avec tant de malignité, que la Reine dès ce moment regarda la Duchesse comme une favorite dont elle ne pouvoit plus supporter l’insolence. La gantière acheva d’aigrir cette princesse par l’histoire des gants, qu’elle lui conta avec toute la noirceur possible. Ce levain, quoique léger, fut suffisant pour mettre toutes les humeurs en fermentation, & pour assaisonner tout ce qui doit accompagner une disgrace. Les Toris, & le Maréchal de Tallart à leur tête, se prévalurent de cette affaire, qui devint un coup de partie pour eux.

La Duchesse de Marlborough fut disgraciée peu de temps après, & avec elle tomba le parti des Wighs & celui des alliés de l’Empereur.» Tel est le jeu des choses les plus graves du monde ; la providence se rit de la sagesse & des grandeurs humaines : des causes frivoles & quelquefois ridicules changent souvent la fortune des États & des monarchies entières.

Frédéric II : « Anti-Machiavel, ou Examen du Prince de Machiavel », in Œuvres de Frédéric II roi de Prusse, publiées du vivant de l’Auteur. À Berlin, chez Voss & et Fils, 1789.

*) Madame Masham.

3 commentaires »

  1. Où comment prendre des gants conduit à ne pas en prendre

    Commentaire par francois75002 — 19 janvier 2009 @ 0:30

  2. Cela ressemble à ces boutiques « chinoises » de « prêt à porter » qui envahissent les rdc de la ville. Fameux prétexte pour une histoire bien cocasse. Mais où allez vous chercher cela ? Google Books ? :-)

    Commentaire par szekely — 19 janvier 2009 @ 17:23

  3. Les photos sont les miennes. Les textes ? Dans Google Books pour certains : c’est une mine inépuisable (je ne l’ai jamais nié, bien au contraire : je suggère que d’autres projets s’inspirent de ce qui y est très positif). Pour d’autres textes, je les puise dans ma bibliothèque personnelle. Le plaisir n’est pas tant dans la recherche en soi, mais dans le fait de trouver « par hasard » ou de retrouver par intention un texte qui, d’une part, fasse écho, d’une façon ou d’une autre, à la photo et qui d’autre part soit intéressant en soi.

    Commentaire par Miklos — 19 janvier 2009 @ 18:35

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